La review du jour s’intéresse à un titre taïwanais : MONSTER SOCIETY, de Xuan Lee ! Voici mon avis sur ce one-shot horrifique !
⚠️ TW : Violences physiques et psychologiques, viols et agressions sexuelles, meurtres, comportements autodestructeurs ⚠️
MONSTER SOCIETY, one-shot !
Mal dans sa peau notre héros fuit et tombe d’un pont avec sa patronne.
Arrivé sur la rive, ils s’aperçoivent que leur monde a changé et est rempli de monstres. Et si ces monstres n’étaient que des humains déformés par leurs obsessions
J’ai lu le titre en version numérique (merci encore à Nazca Editions pour la confiance), je n’ai donc pas eu le livre en main. Cependant, pour l’avoir vu sur le stand de l’éditeur au FIBD 2025 : c’est un ouvrage de qualité ! En avant pour cette lecture, qu’on nous présente comme située entre Inio Asano et Junji Ito !
« L’homme est un monstre d’inconsistance. »
Henry de Montherlant
MONSTER SOCIETY prend place dans un univers en tout point similaire au nôtre. Mais plutôt que de vouloir coller à la réalité, Xuan Lee grossit le trait : proposant des situations toujours plus violentes. Il inclut par la suite une dimension fantastique déplaçant le cadre dans une société fantasmagorique de monstres difformes et effrayants.
C’est ainsi une véritable satire qui est construite, portée par un humour noir qui pourrait en toucher plus d’un. Les problématiques traitées sont réelles et universelles ce qui permet de piquer au vif n’importe quel lecteur; là où habituellement, ce type d’oeuvres est plus centré sur des réalités propres au pays d’origine de l’auteur.
Univers : 5/5
En ce qui concerne le récit que nous propose MONSTER SOCIETY, je l’ai trouvé très bien rythmé. Néanmoins, le titre est assez cryptique. Ainsi, on perd parfois un peu le fil. Cependant, l’auteur sait raviver notre attention avec des éléments scénaristiques surprenants. Qui plus est, un épilogue vient apporter les réponses dont on pourrait avoir besoin.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans l’oeuvre, ce sont les thématiques abordées. Loin d’être tout public, l’oeuvre nous offre des situations difficiles, tout en apportant des réflexions intéressantes autour de la perception de soi par les autres. Il est question des attentes que l’on peut susciter, des conséquences d’un traumatisme sur cette estime de soi.
Scénario : 4/5
D’un point de vue graphique, MONSTER SOCIETY ne brille pas par son réalisme ou son degré de détails. En revanche, j’ai trouvé que Xuan Lee était assez créatif. C’est particulièrement vrai quand on s’intéresse aux design des monstres. Certains évoquent les visuels de Parasite, mais d’autres sont inspirés d’insectes ou du surréalisme : il n’en fallait pas plus pour me ravir.
L’auteur fait ainsi de son dessin un prolongement de son propos, ses dessins devenant des allégories des désirs, vices, et pulsions qui peuvent animer les êtres humains. D’un point de vue découpage, c’est fluide et parfois dynamique quand cela est nécessaire. J’ai beaucoup aimé l’expressivité du trait aussi, qui transcrit à merveille les ressentis humains.
Dessin : 4/5
Les personnages de MONSTER SOCIETY sont pensés de telle manière que le développement de chacun nous apporte des indices pour comprendre le concept de l’oeuvre. J’ai trouvé ça génial ! D’autant plus que l’auteur joue avec l’empathie du lecteur pour l’impliquer totalement. C’est le cas avec A-nan, le coureur mais surtout avec la jeune Lin-lin.
Mais ceux qui brillent sont évidemment nos protagonistes principaux : l’intérimaire, sans nom, qui prend l’identité de la mascotte Wan-ji mais aussi Zhou Ting, sa supérieure hiérarchique. Les deux personnages sont imparfaits, avec des failles qui les tiraillent, mais c’est ce qui les rend attrayants. J’ai adoré la conclusion autour de Wan-ji justement.
Personnages : 4/5
MONSTER SOCIETY, en résumé :
💎 Ce que j’ai aimé :
- Le format court parfaitement exploité, avec une fin digne de ce nom.
- Les personnages, de premier comme de second plan.
- Le concept même de l’univers, qui se dévoile à mesure du récit.
- Les visuels fantasmagoriques qui puisent dans le surréalisme.
- Les problématiques abordées et le ton avec lequel c’est fait.
🪨 Ce que j’ai moins aimé :
- La nécessité d’avoir l’épilogue pour bien comprendre toute l’histoire.