Ruan Guang-min est considéré comme le Jiro Taniguchi Taïwanais. On vous fait découvrir l’auteur à travers L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR et RESTAURANT PARADIS !
L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR, one-shot
Le retour des éditions Asian District (anciennement Kotoji) s’est fait avec l’auteur Ruan Guang-min en 2024 (ainsi que la suite de Blood & Steel et Libra Zero). Pour célébrer cette renaissance, l’éditeur nous proposait une édition limitée du premier ouvrage au FIBD 2024. Pour les collectionneurs, elle est toujours disponible sur le site de l’éditeur.
La mouture proposée a fait l’objet du plus grand soin, on retrouve ainsi pas moins d’une trentaine de pages couleurs ! Une des histoires courtes proposées est donc intégralement colorisée ! Au delà de ça, le reste de l’ouvrage dispose d’un papier sans transparence et assez épais, permettant une belle qualité d’impression. Pour le prix de 12,95€, c’est excellent !
Une pincée de condiment peut donner une certaine saveur à une vie !
Un vendeur d’omelettes qui était autrefois membre d’un gang, un homme d’affaires à la retraite qui a eu le béguin toute sa vie pour la vendeuse de nouilles, un vieil homme qui a insisté pour conserver son épicerie, un petit-fils avec un avenir radieux…
Au fil du temps, les plats sont des transmetteurs d’histoire et de mémoire.
Épiceries, nostalgie du contact humain et du vieux temps… à travers sept histoires, la douceur et l’amertume de la vie nous ramenent aux bonheurs cachés dans nos cœurs.
La vie est fade, c’est pour cette raison que le ciel nous a donné les saveurs aigres, sucrées, salées, amères et épicées.
L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR est un recueil de sept histoires courtes. Même si elles sont toutes très différentes, elles se rejoignent sur un thème commun : le goût et la cuisine (en dehors de la dernière histoire qui fait office d’exception). Romances impossibles, héritage familial, rêve ambitieux, les ambiances sont variées mais la densité émotionnelle reste la même.
La capacité de l’auteur à créer un univers autour de ses intrigues en apparence banales et en si peu de pages est absolument remarquable. Par exemple, en quatre planches, avec une sablière et un poivrier comme protagonistes, il parvient à nous emporter et à transmettre des ressentis et même intégrer des enseignements. C’est brillant.
Scénarios : 4,25/5
De la même manière, Ruan Guang-min dresse des portraits convaincants dans L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR. On voit les bonnes comme les mauvaises facettes de ces personnages. D’ailleurs, les caractères des différents protagonistes sont très diversifiés. C’est impressionnant de nuances, d’authenticité et d’humanité.
Malgré le format court de chaque histoire, on peut ainsi voir des personnages évoluer, grandir, s’affirmer. On s’attache facilement à eux et, même si on ne les connait pas à leur première apparition, ils nous semblent familier. Si bien qu’à la fin des histoires, on ressentirait presque un pincement au coeur ! Le surnom de l’auteur, le « Jiro Taniguchi Taïwanais » prend alors tout son sens.
Personnages : 4,25/5
Visuellement, L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR est très réussi. Le trait de l’auteur se veut réaliste, pour autant, chaque protagoniste de chaque histoire possède une identité bien à lui, un détail qui le démarque du reste de la masse. Et si Ruan Gang-min parvient à transmettre aussi bien les émotions, c’est grâce à un travail soigné d’expressivité des personnages.
En toile de fond, on découvre une belle diversité de paysage : des quartiers traditionnels, des bords de mer mais aussi des cadres plus intimistes : une salle de restaurant, une simple table dans une salle à manger. Pour terminer, il me semblait inconcevable de ne pas mentionner le travail sur les visuels de nourriture ou les métaphores culinaires.
Dessin : 4/5
Ainsi, ce qui ressort de cette lecture de L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR, c’est une combinaison unique d’émotions. Dans ce récit qui se veut contemplatif, c’est l’ambiance plus que l’action ou la tension qui nous garde captif. L’auteur s’efforce pour celle de capter des instantanés et à les retransmettre avec le plus de justesse et de sincérité possible.
Au travers de la nourriture, Ruan Gang-min crée une atmosphère chaleureuse, propice à l’exploration des souvenirs, et à l’expression des ressentis des personnages. Cela permet aussi de tisser un lien fort avec le lecteur, qui, par son expérience personnelle, a forcément vécu des situations similaires avec différents plats qui trouvent alors un écho nostalgique dans les différents récits.
Ambiance : 4,5/5
L’ASSAISONNEMENT DU BONHEUR, en résumé :
💎 Ce que j’ai aimé :
- La gastronomie et le goût comme vecteurs de ressentis.
- Les personnages attachants malgré la brièveté des récits.
- Des tranches de vie authentiques et bien rythmées.
- La profondeur émotionnelle des différents récits.
- Le dessin réaliste et particulièrement expressif.
🪨 Ce que j’ai moins aimé :
- La dernière histoire, qui même si elle est intéressante et bien construite, détonne par l’absence de lien culinaire
Note globale : 17/20
Aparté sur RESTAURANT PARADIS
RESTAURANT PARADIS, sorti à l’occasion du FIBD 2025, est un ouvrage qui contient le premier chapitre de la série éponyme de Ruan Guang-min. C’est une édition collector et limitée qui préfigure la sortie de la série de l’auteur en France. Un grand format 15x21cm, une couverture cartonnée et un papier glacé épais… C’est une belle pièce !
À titre personnel, j’ai beaucoup aimé cet aperçu ; et j’ai hâte de découvrir la suite ! (Je reconnais que la fin, qui n’en est pas une, m’a un peu frustré…!)
A la suite d’un accident de voiture, le jeune Ah-Guo développe une capacité inhabituelle : il peut communiquer avec les esprits. Ce don devient la clé d’un voyage émouvant où la mémoire et les émotions des défunts sont ravivées par leurs souvenirs culinaires les plus précieux.
Chaque plat raconte une histoire. A travers les repas, les âmes revisitent des instants significatifs de leur existence, dans ce lieu unique qu’est le Restaurant Paradis, un espace où se croisent les nouveaux sentiments et les anciens liens.