Toriko est un shōnen créé par Mitsutoshi Shimabukuro, publié en 2008 par le Weekly Shōnen Jump, il compte au total 43 tomes.
Ce manga aurait pu faire partie du Panthéon des œuvres cultes. Ça semblait être l’objectif de l’hebdomadaire qui a lancé une communication importante lors de sa sortie. Un crossover avec One Piece et Dragon Ball Z a même vu le jour en 2013 et diffusé sur Fuji TV.
Alors pourquoi Toriko est si peu connu, ou en tous cas, si peu lu en France ? D’une part, l’adaptation animée est passable, si ce n’est décevante pour tout fan du manga original. Censure transformant l’œuvre en manga pour enfant, personnage inutile ajouté au cœur de l’histoire (les vrais sauront de qui je parle), histoire abrégée pour finir sur une conclusion décevante.
D’autre part, car Toriko est une œuvre qui prend des risques graphiques et scénaristiques. Son univers est décalé et peu, parfois à juste titre, ne pas plaire au plus grand nombre. Aujourd’hui, j’ai envie de rendre hommage à ce manga sous-estimé, en donnant 4 bonnes raisons de lire Toriko.
1 – Toriko : Un scénario atypique
Les bishokuya, aussi appelés chasseurs gourmets, chassent des bêtes sauvages pour découvrir de nouveaux aliments. Plus le niveau de capture d’un monstre est élevé, plus sa saveur est grande (du moins, généralement). C’est ainsi qu’on suit les aventures de Toriko, bishokuya dont le but est de composer le meilleur menu au monde et de trouver l’aliment ultime : « God ». Pour se faire, il s’associe au cuisiner Komatsu, avec qui il explore le monde en quête de saveurs inconnues.
L’univers de Toriko gravite autour de la nourriture. L’économie, les relations sociales et les organisations internationales sont régies par la gastronomie.
De ce fait, certains pourront ne pas apprécier cet univers étrange aux codes si atypiques. Néanmoins, une fois que l’on franchit le pas et qu’on accepte de se laisser porter par l’histoire, c’est toute une mythologie qui s’offre à nous. Le mystère plane longtemps autour de certains éléments primordiaux, à commencer par ce qu’est God. Mitsutoshi Shimabukuro gère à merveille le rythme des révélations et des découvertes tout au long de l’œuvre.
2 – Un monde ouvert gigantesque et fascinant
Toriko propose l’exploration d’un monde ouvert gigantesque. Rien d’exceptionnel jusque-là, One Piece, et bien d’autres manga en font autant. Mais la force de Toriko réside dans la place centrale que prend l’environnement dans le scénario. Les dangers les plus éminents proviennent de la Nature auxquels sont constamment soumis les protagonistes.
L’auteur joue avec ce monde aux allures d’antagoniste, pour nous proposer des lieux redoutables : une caverne à l’aspect de labyrinthe, plongée dans les ténèbres – une jungle impénétrable, emplie de plantes carnivores – une cascade d’un kilomètre de long, réduisant en miette quiconque s’y aventure. Les bêtes sauvages ne sont pas en reste. Chaque monstre rencontré dans le manga est captivant, répugnant et intriguant. À la manière d’un Dark Souls ou d’un Bloodborn, chaque boss nous émerveille par sa force et son design unique.
Cette comparaison au jeu vidéo n’est pas anodine. De la même manière que l’on progresse en explorant un jeu, Toriko et ses alliés deviennent plus forts et développent de nouvelles compétences en explorant ce monde ouvert.
Une règle scénaristique de nombreux manga shonen, est de présenter un second univers au milieu du manga, jusqu’alors inconnu et bien plus dangereux que tout ce qu’ont connu les protagonistes. C’est ainsi qu’on obtient le « Nouveau Monde de One Piece », le « continent caché » d’Hunter X Hunter et le Monde Gourmet de Toriko.
3 – Le monde Gourmet
Le Monde Gourmet est évoqué dès le début de Toriko, mais jamais explicité. On sait seulement que c’est une zone entourant le monde humain, ou règne en maître 8 créatures surpuissantes, appelées « les 8 Rois ». Ce n’est qu’au milieu de l’œuvre que les héros s’y aventurent enfin.
Par un coup de maître, l’auteur a su réinventer tout ce qu’il avait déjà proposé dans son œuvre. Comme dit précédemment, le point fort de Toriko est la place centrale qu’occupe le lieu exploré. Le Monde Gourmet revêt une aura fascinante, mystérieuse, on est heureux, lorsqu’enfin, l’exploration commence (voir le chapitre 264). Toujours dans la démesure, l’auteur nous propose des monstres fascinants qui y pullulent : un serpent mère dont la longueur fait le diamètre de la Terre – une baleine annihilant la matière – des monstres géants se nourrissant de montagne.
Le Monde Gourmet est une réussite : l’exploration est passionnante ; les paysages, variés et impressionnants ; les nouveaux ennemis, surpuissants.
4 – Le duo Toriko & Komatsu
Komatsu est le chef cuisinier qui accompagne Toriko dans toutes ses aventures. Animé par une passion débordante pour la cuisine et la découverte de saveurs nouvelles, il se lance dans l’aventure avec Toriko. Seulement voilà, Komatsu est faible, voire très faible. N’importe quelle bête sauvage peut en venir à bout. Il incarne le lecteur plongé dans cet univers dangereux et impitoyable. Sa présence est toutefois indispensable. Sans lui, Toriko ne pourrait pas réaliser son but. De part ses talents culinaires, il vient à bout de certaines situations dont aucun personnage n’aurait pu se tirer.
Il est la preuve qu’un personnage peut être primordial, sans pour autant être une référence en terme de puissance.
En conclusion
Toriko est une œuvre dépaysante, qui par son univers et sa thématique, fait le choix de ne pas plaire à tout le monde. Qu’on aime ou que l’on déteste, cette œuvre mérite que l’on pose un regard dessus, tant elle propose des idées intéressantes. J’ai présenté 4 points ici mais j’aurais pu en citer bien d’autres : l’humour présent dans tout le manga, les personnages secondaires attachants et intéressants, le character design des bêtes et des antagonistes, le coup de crayon de Mitsutoshi Shimabukuro, juste éblouissant. Mais j’en ai assez dit pour aujourd’hui, je vous laisse vous faire votre propre opinion.
J’espère que cette œuvre aura droit au succès qu’elle mérite très prochainement.