Pour cette review, on va parler d’un auteur que j’apprécie particulièrement: Naoki Urasawa! Plus particulièrement de son oeuvre Yawara!
Yawara!, premier succès de Naoki Urasawa!
Si je vous ai déjà parlé de la dernière oeuvre du maître Urasawa, Asadora, aujourd’hui on va faire un bon dans le passé!
En effet, je vais vous parler de Yawara! Il s’agit du premier succès de l’auteur, et la prépublication remonte à 1986! Étonnamment, l’oeuvre n’était jamais parvenue jusqu’à nous!
L’édition que propose Kana se base sur la Perfect Edition japonaise: grand format (14,8 x 21 cm), pages couleurs et des volumes de 300 pages. (Pour un total de 20 tomes, au lieu de 29 pour l’édition tankobon).
Le seul reproche que j’aurais à faire sur cette édition, c’est le papier qui me paraît trop fin… On voit parfois au travers (le scan n’arrange rien) et il semble fragile.
Mais passons donc à la lecture, que vaut le premier succès de Naoki Urasawa?
Yawara! nous raconte l’histoire d’une jeune fille, Yawara Inokuma. Cette dernière est la petite fille de Jigorô Inokuma, quintuple champion national de judo.
Entraînée depuis son plus jeune âge par son grand-père, la jeune fille est une judoka exceptionnelle. Son grand père voit en elle la prochaine championne olympique (1992) et la future lauréate du Prix d’honneur de la nation.
Mais la jeune fille ne l’entend pas vraiment de cette oreille… En effet, en pleine adolescence elle ne souhaite qu’une chose: être comme toutes les filles de son âge.
Naoki Urasawa dresse ainsi un tableau particulièrement intéressant. Il aborde des thématiques qui tournent autour de l’héritage, du talent, et évidemment de l’adolescence.
Jigorô a toujours entraîné sa petite fille: est-ce pour elle ou bien est-ce une manière d’achever son oeuvre?
Yawara a un don, un talent inné pour le judo: doit-elle en faire sa vie? Son métier? A-t-elle le droit de prétendre à une vie normale?
Et même si ces thèmes sont sérieux, il ne se prive pas de mettre des situations humoristiques.
Dans ce premier tome, on découvre des personnages forts, très têtus même en ce qui concerne la famille Inokuma. Et si l’on replace cette oeuvre dans la carrière d’Urasawa, on constate qu’il a déjà un faible pour les personnages féminins forts. On observe également qu’à cette époque, il avait déjà cette facilité à écrire des personnages convainquants.
Entre amours lycéens et entraînements de judos, Yawara! nous décrit donc le quotidiens de la jeune fille. Petit à petit, on sent que le judo prend une place plus importante.
Les journalistes s’en mêlent, Yawara participe à un tournoi mais le vrai élément déclencheur, c’est Sayaka Honami. Véritable génie du sport, cette dernière va se lancer dans le judo, seul domaine où elle ne s’est jamais investie jusque là. Choisie par Jigorô pour être la rivale de sa petite-fille, ce personnage est l’autre force de l’oeuvre.
Finalement, qu’en pense-t-on ?
Ma lecture de Yawara! fut passionnante, comme souvent avec Urasawa… On sent évidemment qu’il s’agit des débuts de l’auteur, notamment dans le trait qui est moins assuré et défini que dans Asadora. Néanmoins, ce qui fait la force de ses manga est déjà là. Des personnages subtilement écrits, une narration époustouflante et bien rythmée, un humour bien dosé et un dessin très expressif et dynamique.
D’ailleurs, le parallèle avec Asadora ne s’arrête pas là puisque Yawara! propose une construction similaire, sur le modèle feuilleton où l’héroïne grandit au fil des tomes.
Et si Yawara! traite du judo, et plus largement du sport, ne pensez pas que l’oeuvre suit les codes du manga de sport. Bien au contraire!
Pour ceux qui penseraient que c’est une comédie romantique, là aussi vous vous trompez.
Yawara! est une oeuvre plus subtile, plus mature que cela et propose une vision très personnelle du sport et de la société. C’est un manga que l’on parvient difficilement à classer finalement.
Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez retrouver un extrait du chapitre en suivant ce lien.