Pour être le premier pays importateur de manga, il faut au moins avoir le plus gros lectorat de mangas dans le monde après celui du Japon. Les derniers chiffres de ventes de mangas depuis le début de l’année le prouvent bien : ce marché ne s’est jamais aussi bien porté et atteint des hauteurs historiques.
One Piece, Dr. Stone, Spy x Family, L’Attaque des Titans, Demon Slayer, Blue Lock ou encore Kaguya-sama: Love is war… Peu importe le genre ou le thème, le manga connaît un succès fou en France. Même les BD dites traditionnelles comme Astérix n’y résistent pas puisque selon une étude de l’institut GFK, plus d’une BD vendue sur deux en France en 2021 est un manga. Au total, ce sont près de 29 millions de tomes qui ont été vendus entre janvier et août 2021; pour un chiffre d’affaires autour des 186 millions d’euros. Des chiffres impressionnants, déjà supérieurs aux 22 millions de mangas vendus sur l’ensemble de l’année 2020. Et avec les fêtes de fin d’année qui s’approchent, autant dire que ces ventes vont encore progresser et probablement dépasser la barre symbolique des 30 millions vendus.
Des chiffres de ventes qui continuent de grimper
Parmi les mangas les plus plébiscités, des gros hits comme L’Attaque des Titans, Jujutsu Kaisen ou encore Tokyo Revengers ont frappé fort cette année. Le premier a profité de la diffusion très attendue de sa quatrième saison animée sur Wakanim, mais aussi de l’effervescence autour de de la fin du manga, dont le 34ème et dernier tome sortira le 13 octobre prochain.
Quant aux shônens de Gege Akutami et Ken Wakui, ils ont su gagner en popularité tout au long de l’année. Grâce au succès de leurs adaptations en anime, comme pour Demon Slayer, Dr. Stone ou The Promised Neverland, qui avait réalisé d’énormes chiffres de ventes de mangas en 2019.
Mais les anime new gen ne sont pas les seuls qui marchent, puisque des classiques comme Naruto font de la résistance. Bien que le dernier tome soit paru en novembre 2016; la série continue de plaire autant. Le premier tome de la série était d’ailleurs numéro 1 des ventes tous manga confondus en 2020. Un succès immuable, alors que son éditeur Kana propose depuis l’année dernière les trois premiers tomes du manga de Masashi Kishimoto à trois euros pour attirer de nouveaux lecteurs.
Des facteurs multiples
Cette explosion des ventes s’explique par plusieurs facteurs. Paradoxalement, la crise sanitaire en fait partie. Si beaucoup d’autres secteurs en ont souffert; ceux de la BD et particulièrement du manga ont été plébiscités par les foyers français pour se divertir pendant les longues périodes cloîtrées chez soi. La vaste gamme d’histoires proposées, du Shonen au Seinen, en passant par le Shojo, permet à chaque lecteur de trouver au moins un manga susceptible de lui plaire.
Un autre facteur est l’arrivée du Pass Culture. Ce dispositif permet à tous les jeunes âgés de 18 ans de disposer d’une enveloppe de 300 euros pour acheter des produits culturels.
Enfin ça c’est l’idée de base; puisque le Pass Culture a rapidement été surnommé Pass Manga. Il faut dire que son arrivée a presque exclusivement profité aux ventes de mangas dans les grandes enseignes (Fnac ou Cultura) et dans les librairies. Ces derniers sont d’ailleurs les premiers à le dire, ils n’ont jamais vu autant de jeunes chez eux. C’est d’ailleurs une autre raison du succès des mangas : l’émergence d’une génération très passionnée par cette culture, comme l’ont été leur parents par les productions américaines pendant leur adolescence.
Le streaming, nouvelle voie d’accès aux mangas
Mais avant de se diriger vers les librairies, beaucoup de ces jeunes passionnés ont découvert la culture nippone par le streaming. Ceux qui sont parfois surnommés, à tort, « génération Netflix » sont en soi le fruit du travail fait depuis plus de quatre ans par la plateforme et d’autres du même genre; comme ADN, Wakanim. Elles ont permis de populariser les anime auprès d’un public qui y était totalement étranger ou qui ne pouvait y accéder que par de sombres sites illégaux. Et logiquement, cet intérêt pour les anime s’est transformé en passion pour les mangas eux-mêmes.
Selon l’institut GFK, cette situation ressemble beaucoup à celle du début des années 2000, où le manga commençait à s’exporter de manière importante en France pour répondre à l’intérêt croissant des jeunes de cette époque, qui ont grandi avec le Club Dorothée et les divers anime diffusés pendant les années 90. Aujourd’hui encore, ces jeunes devenus adultes continuent d’acheter des mangas ou incitent même leur enfants à en découvrir, lorsqu’ils deviennent parents.
Une tendance qui permet aux éditeurs d’envisager un avenir doré avec la réédition de valeurs sûres comme Banana Fish, Eden et l’arrivée de licences très populaires au Japon tel que Kaiju N°8, dont déjà plus de quatre millions d’exemplaires sont en circulation au pays du Soleil Levant.