Rooster Fighter, Coq de baston est l’un des derniers titres à avoir rejoint le catalogue de Mangetsu. Voici mon avis sur le tome 1 !
Rooster Fighter, tome 1
Pour ce premier tome, Mangetsu a fait le choix de proposer une édition limitée pour le premier tirage. La spécificité de cette dernière ? La jaquette possède un effet nacré, irisé et une très légère texture de grain. En ce qui me concerne, c’est la première fois que je vois cela, et je trouve que l’ouvrage est magnifique. Avec un peu de chance, vous en trouverez un exemplaire…!
Pour la justice, il se battra bec et griffes! Cocori-K.-O.!
Dans un Japon ravagé par les kijū, des monstres gigantesques et assoiffés de sang, les humains complètement démunis face à cette menace sans précédent, vivent chaque jour avec la crainte que celui-ci soit le dernier. Seul un être trouve encore le courage de faire face à ces mystérieuses créatures: un coq, à la détermination sans faille et au cri surpuissant. Son but, retrouver celui qui lui a enlevé la prunelle de ses yeux!
Le dernier espoir de l’humanité… est un coq
Pour son premier volume, Rooster Fighter nous propose un postulat pour le moins original: celui d’un coq qui protège l’humanité. Le récit s’organise comme une succession d’histoires courtes; de fait le rythme est très cadencé et rapide. Ce tome 1 se lit facilement et (trop) rapidement.
Keiji, puisque tel est le nom de notre gallinacé de premier plan; est donc un coq qui s’est donné pour mission d’être un rempart contre les monstres géants que sont les kijū. Il semble d’ailleurs être le seul à être capable d’affronter ces créatures cauchemardesques. Aucune information ne nous est donnée sur l’origine des pouvoirs du volatile; un peu à l’image de One Punch Man. Cela pourrait être gênant si le ton du manga se voulait sérieux; mais ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une oeuvre comique, et ce genre de précision n’est pas nécessaire au bon déroulement des gags (cela aurait plutôt tendance à désamorcer les choses).
Du côté de l’intrigue, l’oeuvre ne brille pas par sa complexité. Mais est-ce que c’est ce que l’on recherche lorsque l’on lit un manga humoristique…? Je ne pense pas. Au cours du tome, Shu Sakuratani tisse un fil rouge, un peu convenu certes, mais qui est assez efficace pour donner une consistance à l’oeuvre. Keiji cherche à se venger du meurtrier de sa soeur Sarah; un kijū avec un tatouage sur le cou. S’il se bat contre ces ignominies, c’est donc dans l’optique de retrouver ce monstre et de le tuer, pour assouvir sa vengeance personnelle. On pourra tout de même noter qu’une certaine profondeur se dégage des différentes histoires; entre parodie et satire.
Scénario : 4/5
Du côté des visuels, Shu Sakuratani place la barre très haut avec Rooster Fighter. Déjà, on peut noter un soin très particulier sur les représentations des animaux. Keiji évidemment, mais aussi les oiseaux du zoo avec Papy Zena ou encore la tortue Gin le Borgne. L’auteur maîtrise à la perfection ses designs ce qui lui permet de les mettre en scène de la meilleure manière possible. Il ne lésine pas sur les contre-plongée ou les plans qui mettent en valeur ses personnages.
Mais si les personnages sont très réalistes, les designs des kijū sont complètement absurdes. Ce sont des aberrations, ils sont complètement difformes néanmoins l’auteur parvient à leur donner une crédibilité en proposant des visuels hyper détaillés. On retrouve aussi cette méticulosité dans les arrières-plans avec des décors très travaillés. C’est un régal pour les yeux !
L’auteur montre également l’étendue de son talent avec le découpage qu’il propose. Les scènes de combat sont ultra-dynamiques; il utilise des points de vue audacieux pour rendre le tout plus percutant.
En revanche, j’ai un peu de mal avec les personnages humains représentés dans le manga. Leurs proportions sont vraiment étranges, ils ont tous des têtes énormes. C’est surprenant d’ailleurs, quand on constate les efforts sur tout le reste. Pourquoi ce choix ? Je me le demande.
Visuel : 4/5
Rooster Fighter, c’est donc l’histoire de Keiji, un oiseau qui tient à lutter contre toute forme d’oppression. Si au départ on pourrait trouver le personnage et le propos un peu virilistes (le coq est machiste et exécrable); je pense surtout que c’est fait dans une volonté satirique, et donc que le trait est volontairement grossi. Très comique dans les premières histoires, le volatile finit cependant par susciter notre empathie et finalement on s’y attache très vite. J’ai adoré le personnage.
Mais hormis lui, il n’y a pas de personnages récurrents. Il y a évidemment des personnages secondaires, comme le Pépé, Papy Zena ou Gin le Borgne; qui sont par ailleurs bien construits et émouvants, mais ils ne sont que de passage. La fin du tome laisse cependant penser que de nouveaux personnages arriveront dans la suite de l’oeuvre. Et c’est quelque chose qui me réjouit déjà. Mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler!
De l’autre côté, parmi les antagonistes, il n’y a pas un personnage qui se distingue; mais plutôt un concept. Celui des kijū évidemment. Les premiers chapitres ne nous donnent pas d’information concrète sur leur existence. Néanmoins, les quelques lignes de dialogue qu’ils peuvent avoir laissent des indices. On en apprend plus par la suite, et on comprend qu’ils naissent des sentiments négatifs. J’ai trouvé l’exécution géniale, d’autant plus que le concept permet d’aborder des thématiques plutôt sombres qui contrastent avec le ton léger de l’oeuvre.
Personnages : 4/5
Mais si je dois retenir une chose de Rooster Fighter, c’est évidemment son côté WTF. J’en ai déjà parlé, mais le postulat de départ donne le ton de l’oeuvre: un poulet comme dernière espoir de l’humanité, comment cela pourrait être sérieux ? Le fait que les monstres soient appelés kijū est lui aussi un élément comique; c’est une parodie à peine subtile des kaiju japonais. (Ils ont la côte en ce moment..!)
L’absurdité du scénario atteint son apogée (enfin je crois…?) lors des combats entre Keiji et les kijū. Comme dans One Punch Man, les combat sont expéditifs et sont conclus par un magnifique Cocori-K.O. Et là encore, on peut souligner la qualité du dessin qui rend le tout très incisif.
Le comique se manifeste aussi dans les références que convoque Shu Sakuratani. Un peu de cinéma, mais surtout d’autres manga. L’histoire avec Gin le Borgne est un clin d’oeil évident à la tortue de Kame Sennin dans Dragon Ball. Et comme ci ce n’était pas assez évident… L’auteur nous gratifie d’un magnifique « Caillou-mehameha ». Sincèrement, je me suis bien marré avec cette lecture.
Pour terminer, je saluerai le travail de traduction. Alexandre Fournier rend une excellente copie, qui contribue à la saveur de l’oeuvre.
WTF: 5/5
Rooster Fighter, en résumé :
Rooster Fighter m’avait interpellé dès son annonce: un coq comme dernier espoir de l’humanité, ça avait de quoi intriguer !
Keiji est donc un gallinacé qui se bat contre des monstres géants, les kijū. L’intrigue n’a rien de transcendant, c’est une histoire de vengance; mais elle a le mérite d’être efficace et de s’adapter parfaitement au rythme épisodique du manga.
Le récit est évidemment totalement absurde. L’auteur met en scène des situations burlesques, parodie de nombreuses choses, joue avec les visuels et convoque même des références de l’humour manga (Dragon Ball, OPM). Sincèrement, j’ai beaucoup ri lors de ma lecture !
Le titre n’a donc pas grand chose de sérieux, si ce n’est son dessin. Le trait de Shū Sakuratani est impressionnant. L’auteur maîtrise à la perfection l’anatomie animale, et même pour les créatures fantastiques, il est capable de donner une crédibilité incroyable en proposant tout un tas de détails. Et pour ce qui est des combats, là aussi c’est du grand art! Le découpage est hyper dynamique et rend toutes les confrontations percutantes !
Au delà de ça, le personnage de Keiji est très attachant. Véritable symbole de virilisme, il en devient une satire habile sans pour autant s’y résumer. Les personnages secondaires, bien que très passagers, parviennent aussi à susciter notre empathie. Et j’avoue que le concept des antagonistes présentés est assez intéressant aussi.
Qui plus, sur la fin du tome, plusieurs éléments sont introduits. Nouveaux personnages, une intrigue plus profonde… Cela augure le meilleur pour la suite ! J’ai hâte !