Grand fan de Yuji Iwahara, j’attendais avec impatience de pouvoir découvrir son nouveau manga. Voici mon avis sur Clevatess !
Après la science-fiction, la dark fantasy !
Comme pour Dimension W et Darker than Black, c’est Ki-oon éditions qui publie la nouvelle oeuvre de Yuji Iwahara. Et encore une fois, l’éditeur nous offre un très bel ouvrage pour ce seinen. Le papier est épais, on a un joli vernis sélectif sur la jaquette et surtout: on a 5 magnifiques pages couleurs!
Le puissant démon Clevatess est dérangé dans son antre par une troupe de héros venue l’éliminer. Voilà un millénaire qu’il n’avait pas fait face à des humains. Ceux-ci s’élancent vaillamment… et sont décimés ! Malgré tout, leurs épées, forgées dans un métal rare, ont égratigné ses cornes… La créature s’interroge. Comment ces insectes insignifiants ont-ils pu développer de telles armes ? Pourquoi veulent-ils sa mort ?
Clevatess part poser la question au monarque commanditaire de l’attaque, détruisant sa capitale par vengeance au passage. Mais cette expédition ne lui apporte aucune réponse, et il envisage l’extermination totale de cette race… C’est alors que dans les ruines du palais, un survivant blessé lui tend un bébé en le suppliant de le sauver. D’abord réfractaire, le démon y voit finalement une opportunité : élever un humain lui permettra de comprendre ses adversaires et, surtout, de déterminer s’ils méritent d’être graciés !
Clevatess: la survie de l’humanité dépend d’un bébé
Clevatess prend place dans un univers de fantasy bien défini. Plusieurs pays se partagent le territoire d’Edthea; une carte nous permet de situer le tout, comme c’est souvent le cas dans le genre. Diverses races peuplent ce monde: les Dornes, les Orggs, les Sladas, les Bents et les Hidens. Et malgré des noms, des caractéristiques et des savoirs-faire différents, on a ressent un certain classicisme par rapport à la fantasy.
Pour ma part, j’ai trouvé que c’était une exposition un peu lourde. Beaucoup d’informations nous sont données, nous n’avons pas forcément le temps de les assimiler et finalement, elles ne servent pas à ce stade de l’histoire. Néanmoins, cela promet de belles choses. L’auteur pose une base solide qui pourra servir à de nombreuses intrigues (politiques notamment).
En revanche, bien que la construction du monde rappelle la fantasy; l’atmosphère est bien plus sombre. Cet univers est emprunt de violence, physique mais aussi psychologique. À plusieurs moments, l’auteur représente la misère. C’est de la dark-fantasy, pure et dure.
Et enfin, il y a une dernière chose qui attise la curiosité, qui tient en haleine… Ce sont les quatre roi-démons dont on nous parle dès les premières pages. On en connait un, si trois autres sont mentionnés, c’est qu’ils apparaîtront par la suite. Et en voyant la puissance du premier… J’ai hâte de voir ce que cela donnera ! Là encore, il y a un énorme potentiel !
Univers : 4/5
Mais au-delà du titre, Clevatess est le nom du personnage principal de l’oeuvre; le roi-démon Clevatess du Clair de Lune. Le manga débute avec un combat entre ce démon et les treize héros du royaume d’Hiden. Cette confrontation est à sens unique et expéditive : les héros se font massacrer. Tout de suite, nous sommes plongés dans l’action; les choses sont dites: ça va saigner.
Cependant, l’héroïne Alicia parvient à blesser le monarque démoniaque, et par la même à immiscer en lui une interrogation : les hominidés sont-ils si forts..? Vexé, et un peu piqué de curiosité aussi, Clevatess se rend au Royaume d’Hiden et… L’annihile, purement et simplement. Cela nous surprend, et l’auteur en profite pour introduire de futurs conflits politiques pour la conquête de ce territoire désormais « libre ».
Rassuré, le roi démon n’en reste pas moins curieux. Et lorsqu’un enfant mourant lui demande de prendre soin d’un bébé, il saisit l’occasion. Élever ce bébé pourrait lui permettre de comprendre l’évolution des hominidés (avec laquelle il est visiblement très peu familier). Encore une fois, c’est surprenant, et cela induit plusieurs situations cocasses qui viennent adoucir cet univers rude et ces débuts effrénés.
Cependant, même si ce parti-pris est atypique, et intrigant; des questions me viennent à l’esprit. Vers quoi tendra l’intrigue ? Que peut nous apporter la lecture d’un récit où le protagoniste n’a rien à craindre de personne ? Comment créer de la tension ? J’attends vraiment de voir comment Yuji Iwahara s’en sortira !
Scénario : 4/5
Du côté du dessin, Yuji Iwahara n’a plus rien à prouver. Avec Clevatess, il montre encore une fois sa maîtrise des scènes d’action. Son trait est clair, parfaitement compréhensible malgré les explosions, les édifices qui s’effondrent, les gerbes de sang. Le découpage est super dynamique et rend la lecture vraiment fluide.
J’ai également beaucoup aimé l’univers qu’il présente. Les arrières-plans, les architectures des bâtiments, les armes. L’auteur donne une atmosphère « crasseuse » sanglante, et sombre avec des aplats de noirs très maîtrisés. L’esthétique globale est très réussie; et on est facilement immergé dans ce monde qui nous semble déjà très dense.
Comme a son habitude, il propose des designs recherchés. Chaque type d’hominidé est bien reconnaissable, chaque personnage a un design singulier, et même les figurants ont leur petite touche d’originalité. Mention spéciale pour les démons, qui ont des designs vraiment magnifiques. On voit surtout le roi-démon dans ce tome, mais le peu que l’on voit des autres représentants de cette race est prometteur.
En parlant du Démon du Clair de Lune, j’ai été époustouflé par la représentation qu’en fait l’auteur. Déjà, son design est impressionnant; il reprend la prestance d’un lion avec une crinière flamboyante et lui donne un aspect horrifique en l’affublant d’un crâne en guise de tête. Mais c’est surtout la mise en scène du personnage qui est à couper le souffle. Les plans en contre-plongée confère tout de suite une aura particulière; notre démon transpire la toute puissance.
Visuels : 5/5
Je terminerai par ce qui m’a vraiment fait accrocher à l’oeuvre: ses personnages.
Clevatess est un démon très puissant, cela nous est montré de plusieurs façon. Par la mise en scène, par ses capacités destructrices, mais aussi par son aptitude à ressusciter les morts. Le personnage est tout-puissant et on sent bien qu’à n’importe quel moment, il pourrait mettre fin à l’histoire en détruisant tout ce qui l’entoure. J’ai trouvé ce choix de faire un personnage omnipotent dès le départ très audacieux; et j’ai hâte de voir ce qu’il deviendra.
C’est également un personnage intéressant pour son « esprit ». Il n’a rien d’une bête sauvage, il n’a rien de mauvais. Ce n’est qu’un être qui se défend contre ses agresseurs. Il est intelligent, curieux, et peut même se montrer attentionné. Le contraste est saisissant et fait que l’on s’attache, encore plus quand il décide de changer d’apparence.
Les autres personnages principaux sont également bien construits. Alicia nous est présentée comme une femme forte, déterminée mais qui va devoir faire face à un important dilemme mettant en jeu sa fierté. Et malgré le fait qu’il ne s’exprime que très peu (et essentiellement à travers des cris ou des pleurs), Luna est un personnage intrigant. Ses origines sont mystérieuses, et il semble détenir un important pouvoir…!
C’est donc des personnages très différents que l’on est amené à suivre, mais qui ont une belle synergie entre eux. On prend très vite plaisir à les suivre.
Personnages : 5/5
Clevatess et Sun-tzu : « Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait »
Clevatess est un manga seinen qui se déroule dans un univers de dark-fantasy. Comme souvent dans le genre, on a affaire à un univers dense, composé de plusieurs royaumes, de races variées. Bien évidemment, qui dit dark-fantasy, dit violence et hémoglobine. Et vous serez servis !
On suit le roi-démon Clevatess du Clair de Lune qui doit faire face à une troupe de héros venus l’abattre. La confrontation est expéditive… Clevatess les extermine. Néanmoins, une des héroïnes a réussi à blesser le seigneur démoniaque. Et cela le trouble… C’est le point de départ du récit: Clevatess veut en apprendre plus sur ces humains qu’ils pensaient si faible.
Et c’est dans cet objectif qu’il acceptera de s’occuper d’un bébé confié par une personne mourante.
Une des forces de l’oeuvre, ce sont ses personnages. Clevatess en particulier. L’auteur prend le parti audacieux d’en faire un personnage omnipotent, mais lui confère tout de même une certaine humanité. Ce n’est pas lui le « méchant », il s’est simplement défendu. Qui plus est, il est intelligent, curieux, et peu même se montrer attentionné. C’est un personnage très complexe. Et nulle doute que la déterminée Alicia et l’innocent Luna seront aussi bien construits que lui.
En ce qui concerne le dessin, Yuji Iwahara montre encore une fois sa maîtrise graphique. L’action est percutante, la mise en scène sert le récit à merveille, les décors et les designs des personnages sont très travaillés… Bref, c’est un plaisir à lire.
Ce premier tome est un excellent tome d’introduction, qui pose des bases solides, une intrigue assez originale, et qui réussit à nous haper. Un vrai coup de coeur pour moi.