Ayant adoré le tome 1, c’est avec grand plaisir que je vous donne mon avis sur Les Enfants de Gorre tome 2 !
Attention, il y aura des spoilers du tome 1… Alors si vous ne l’avez pas lu, je vous inviterai plutôt à lire mon avis sur ce dernier:
Les Enfants de Gorre, tome 2 – Les bannières de Mann
Pour ce nouveau tome des Enfants de Gorre, Wilfrid cède sa place à Gunnolf. Par sa carrure et son armure, il faut reconnaître que le jumeau solaire en impose. Si cela vous intéresse, le speed-drawing de cette couverture est disponible en cliquant ici: Speed-drawing par Navigavi.
Secrètement, j’espère que le tome 3 mettra en scène son frère lunaire…!
Après leur tragique mésaventure avec le Carillonneur, les trois frères Fenrys se retrouvent emprisonnés en Irlande. Une île où il ne fait pas bon vivre quand on est de Gorre ! Alors que les mois passent, Wilfrid s’inquiète : que deviennent le domaine de Thorgelsen sans ses gardiens ? Quant à Gunnolf, c’est le destin de Danna, l’héritière de l’île de Mann, qui occupe ses pensées. Fanegan, de son côté, s’interroge sur ses mystérieux dons. Pourraient-ils se révéler utile dans leur quête pour regagner leur foyer ?
C’est encore un beau bébé que l’on découvre là, de 516 pages. En plus du récit à proprement parler, il contient un prologue, un intermède ainsi qu’un épilogue. Mais je reconnais qu’il ne m’a fallu que quelques heures pour arriver à la dernière page… Quand on apprécie, c’est toujours trop court.
Par ailleurs, si vous souhaitez prolonger le plaisir, je vous invite à écouter le prologue audio de l’oeuvre ! Ecrit par Sylvain Ferrieu et lu par Frédéric Souterelle.
Le Chevalier au Loup, roman audio
Passons à la lecture !
Trois frères, trois fauves
Les Enfants de Gorre est une oeuvre que j’apprécie beaucoup, et c’est donc avec beaucoup d’envie que j’ai débuté ce nouveau tome. On retrouve l’écriture agréable de l’auteur, ses phrases concises et ses descriptions détaillées. A pieds, à cheval, en bateau et même à vol d’oiseau, les trois frères parcourent Albion (la perfide) et nous avec.
Ce nouveau volume nous offre énormément de rebondissements. On est plongé au coeur de l’action avec des confrontations musclées, des échauffourées, des batailles rangées, des guet-apens. Le rythme est changeant et fait qu’on ne s’ennuie jamais.
Qui plus est, le récit n’oublie pas d’être intrigant. Il est question de complots, de mariages arrangés, de trahisons… Indubitablement, le récit est passé à la vitesse supérieure ! (Et il ne s’en lit que plus vite encore).
Alors que les fantômes du passés ressurgissent et que le futur se dessine de manière funeste. On se demande ce que nous réservera la suite…?
Dans la légende
Ce que j’apprécie particulièrement dans Les Enfants de Gorre, c’est la manière dont Sylvain Ferrieu lie les légendes entre elles.
Sans surprise, de nouvelles allusions au cycle arthurien sont faites, et cette fois, c’est sans détour. Le récit s’inscrit pleinement dans le mythe, mettant en scène Excalibur, Arthur, Lot d’Orcanie, Morgane, et même… Balin (c’est le GOAT, je ne veux rien entendre).
Il est évidemment question des légendes celtes, avec leur lot de symbole: triskèle, nemeton; de concepts comme le gwenwed et de figures tutélaires : Bélénos, Tuireann (ou Taramis).
Mais on retrouve aussi leurs racines nordiques, scandinaves. Les allusions à des concepts « vikings » sont ainsi nombreuses : les knarr, les berzerkir, les einherjar. Thor est même mentionné !
Le soupçon de magie présent dans le première tome devient une composante à part entière de l’histoire. Merlin n’est pas bien loin, mais les druides lui volent la vedette dans ce tome.
Cependant, on sent qu’en toile de fond, les traditions se perdent au profit du christianisme dont les occurrences sont de plus en plus nombreuses et fréquentes. Mais gardons à l’esprit que… Les légendes ne meurent jamais vraiment…!
Derrière chaque grand homme se cache une femme !
Dans son premier opus, Les Enfants de Gorre nous donnait plusieurs visions du héros au travers de la fratrie. Pour ce deuxième volume, j’ai plutôt vu différentes visions de l’amour, et de la femme aussi.
L’amour réciproque
Avec Lyra et Fanegan, on est face au couple parfait, l’amour réciproque. Tous deux marginalisés dans leur entourage respectif, ils se retrouvent l’un dans l’autre. Lyra devient un pilier pour le personnage à fleur de peau qu’est Fanegan; et elle trouve en lui son idéal masculin. Elle lui donne confiance, le soutient dans sa position si particulière (et qui tendra à l’être encore plus). Toujours sur la même longueur d’onde, aimant et aimé malgré tous les obstacles. C’est un amour sincère et fusionnel, littéralement d’ailleurs puisqu’ils parviennent à rêver à deux.
L’amour courtois moderne
En ce qui concerne Danna et Gunnolf, j’ai d’abord cru à l’amour impossible. Princesse héritière de l’île de Mann; Danna incarne l’idéal inaccessible de Gunnolf, cadet de sa fratrie.
Mais en voyant Gunnolf se battre envers et contre tout pour séduire sa bien aimée, sans pour autant qu’elle ne cède, j’ai trouvé que cela se rapprochait bien plus de l’amour courtois.
Dans ce type d’amour, la femme est parfaite et moralement supérieure à l’homme. Ce dernier se doit d’être irréprochable s’il entend la séduire. La femme peut paraître impitoyable, puisque une fois conquise, elle attend que son amant assouvissent ses désirs et qu’il mérite son attention. Danna le dit et le répète, même si elle a été conquise, elle n’en sera pas plus docile. Elle n’est pas un bien que l’on possède, ni que l’on échange.
Cependant, Sylvain Ferrieu ajoute une dimension que je qualifierai de « moderne » à cette relation. Danna est une femme forte qui tient fermement à sa liberté. Elle refuse que l’amour la contraigne et en tant que guerrière, elle est prête à se battre, pour cela. Si j’avais un peu de mal avec le personnage de Gunnolf au départ, j’avoue que sa relation avec Danna et tout ce qu’elle implique fait qu’il est remonté dans mon estime.
D’amour courtois à relation toxique, il n’y a qu’un pas ?
En ce qui concerne Wilfrid, aîné des Fenrys, son cas semble lui aussi relever de l’amour courtois, encore plus idéalisé cependant. Bercé par la chevalerie du roi Ban, il est pétri de principes. Et ces derniers font qu’il ne se lance jamais vraiment dans l’aventure amoureuse.
Plus que cela, il m’a semblé qu’il réprimait ses sentiments, qu’il juge non conformes au regard du code d’honneur auquel il se réfère. Finalement, j’ai interprété cela comme une sorte de relation toxique, entre Wilfrid et la chevalerie, qui le contraint à refuser l’amour tant qu’il n’est pas parfait. (L’amour n’est pas parfait quand il est vrai…!)
Notre héros tragique et romantique finira-t-il par trouver chausse à son pied…?
Que Les Fenrys
Ainsi, on garde le côté QLF de l’oeuvre; en suivant de très près les trois Loups. (Vous pensiez que les références à PNL c’était fini?)
On les découvre un peu plus, dans leurs joies et leurs peines. On s’attache de plus en plus à eux. L’héritage paternel se fait de plus pesant sur chacun d’eux. Au travers de la voie Bleue chez Fanegan, avec les Ailes Noires pour Gunnolf, et enfin, par l’intermédiaire d’une soif de sang et de violence chez Wilfrid.
L’ombre de Folkhart Fenrys plane encore, plus inquiétante que jamais…!
Les illustrations dans les Enfants de Gorre
Encore une fois, les illustrations de Navigavi sont de toute beauté. Et encore une fois, le fait que certaines scènes n’aient pas le droit à leur visuel est très frustrant! Mais cela fait partie du jeu !
Les dessins de Navigavi revêtent un caractère important. Même si je trouve qu’ils sont parfois encore trop propre, en comparaison des écrits, ils permettent une immersion accrue dans l’univers de l’oeuvre. Qui plus est, les évènements qui ont ce privilège sont choisis de manière pertinente.
Si je devais faire un reproche, ce serait peut-être que les traits des personnages se ressemblent trop. Mais on est sur du chipotage hein..!
Les Enfants de Gorre, tome 2 – En résumé :
L’histoire reprend en Irlande où les trois frères Wilfrid, Fanegan et Gunnolf, ainsi que Broadas sont prisonniers. Cependant, ils ne restent pas bien longtemps captifs et s’échappent. Ils se mettent alors en quête de retrouver leur fief de Thorgelsen où les choses ont quelques peu changé…!
L’action est omniprésente dans ce tome. Des batailles rangées, aux échauffourées, en passant par les duels au sommet, on ne s’ennuie jamais. À cela s’ajoutent des trahisons, des complots, bref de la politique ; le récit sait nous tenir en haleine !
On retrouve les légendes arthuriennes avec Arthur, Excalibur, Morgane, Lot et Merlin (un peu plus discret cette fois). Les mythes celtes et scandinaves sont également mis à l’honneur à travers des concepts ou des figures tutélaires. De quoi introduire beaucoup de magie !
Mais on sent aussi que le christianisme cherche à se faire une place…! Une future intrigue?
Au delà de ça, il est question d’amour, sous bien des formes. Les trois Fenrys n’y échappent pas et montrent chacun une vision différente de ce chaleureux sentiment. On partage leurs joies, leurs peines et finalement on s’attache encore un peu plus à eux.
De nouveaux personnages s’illustrent, et on apprécie les suivre eux aussi.
Mes préférences iront à Danna et Gunnolf… ET PUIS QUOI ENCORE !! C’EST BALIN LE GROGNON QUE JE PRÉFÈRE !!
Visuellement, Navigavi propose, encore une fois, de belles illustrations qui accompagnent à merveille cette lecture !