Et si les shinobi avaient survécu à l’ère Edo, et qu’ils oeuvraient encore dans l’ombre… Voici mon avis sur les tomes 1 à 3 de UNDER NINJA
Pour rappel, UNDER NINJA est la nouvelle série de l’auteur Kengo Hanazawa (Ressentiment et I am a Hero). Par ailleurs, elle aura droit à un anime ! Les premiers trailers sont déjà disponibles !
UNDER NINJA, tomes 1 à 3
Pour ce qui est de l’édition, Pika a totalement repris les jaquettes originales japonaises d’UNDER NINJA. Le premier volume est garni de 4 pages couleurs. Le papier est d’assez bonne qualité, de même pour l’impression.
Même après des siècles, les ninjas sont parmi nous. Jouissant autrefois d’un grand prestige, ces combattants émérites avaient disparu après-guerre, leur organisation prétendument démantelée par les Forces Alliées.
En réalité, il n’en est rien.
Aujourd’hui, ces maîtres en infiltration, espionnage ou assassinat compteraient près de 200 000 membres : une partie représente une élite prenant part aux conflits à grande échelle, tandis que l’autre peine à se maintenir en activité. C’est le cas de Kurô Kumogakure, jeune shinobi aussi redoutable que désœuvré… Son quotidien de faux oisif bascule le jour où on lui confie enfin une mission : stopper un tueur d’origine russe, prêt à tous les massacres pour infiltrer l’organisation des ninjas.
Le ninja du quotidien entre en action !
UNDER NINJA part d’un concept très intéressant : et si les ninja n’avaient pas disparu après l’ère Edo ? De manière assez méthodique, et assez lente, Kengo Hanazawa nous montre sa façon de voir les choses. Il reprend ainsi des codes secrets célèbre, comme le goshikimai (code du riz). Il en crée des nouveaux, comme le ningo, le langage codé ninja. Il revoit et corrige également l’arsenal des shinobis, en imaginant ce qui pourrait le constituer aujourd’hui. L’inventivité de l’auteur est aussi surprenante qu’impressionnante.
© by HANAZAWA Kengo / Kôdansha
Au delà de ça, on retrouve la hiérarchisation des combattants : genin, chūnin et des ninja d’élite. De manière intelligente et originale, l’auteur passe par un écrivain désabusé qui se retrouve à relater les exploits des ninja dans ses uchronies pour apporter des précisions sur ce monde. On retrouve ainsi un humour des plus absurdes, parfois grotesque. Mais également un certain portrait de la société. Finalement, l’auteur dresse un univers entre tradition et modernité, et il faut le dire : complètement WTF.
Univers : 4,5/5
Maintenant, si l’on s’intéresse à l’histoire même de UNDER NINJA, on peut la décrire comme une sorte de slice-of-life autour du quotidien d’un ninja de bas-étage. Malgré le fait qu’il n’ait pas d’emploi, Kurō Kumogakure s’entraîne chaque jour. La moindre tâche à accomplir est l’occasion de se renforcer, et cela rend l’ensemble assez intéressant à suivre. Cependant, je dois dire que la mise en place est chaotique. Le récit part dans tous les sens, il est très décousu et on peine à s’y repérer.
© by HANAZAWA Kengo / Kôdansha
La situation déclenchante est une mission spéciale : une infiltration dans un lycée ! Mais c’est finalement une autre intrigue que l’on découvre. Un russe fait des ravages, découpant des pénis dans l’optique de devenir un ninja. L’histoire est complètement imprévisible, et très déstabilisante. J’espère le retour à la mission d’infiltration, qui, je l’espère, fera office de fil rouge. L’auteur a placé beaucoup d’éléments, notamment des menaces : Hibi, un ninja rappeur, une jeune femme souhaitant l’éradication des ninja ou encore le fameux Under Ninja… Il ne reste qu’à les exploiter !
Scénario : 3/5
Du point de vue visuel, UNDER NINJA ne m’a pas convaincu. Il faut dire que le style de Kengo Hanazawa est assez particulier. Il nous offre un dessin hyper réaliste, qui utilise des des photos comme base, à la manière de Hiroya Oku (Gantz) ou Shohei Manabe (Kujo l’implacable, Ushijima, l’usurier de l’ombre). Pour ma part, c’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à apprécier. Je trouve le rendu étrange, avec des personnages qui s’intègrent mal dans les arrière-plans. C’est d’autant plus dérangeant que le trait manque de constance, les personnages ne se ressemblent pas toujours.
Je noterai tout de même des plans audacieux ainsi qu’une bonne exploitation de tous les détails des décors urbains. On est pleinement immergé dans ces ruelles et les différents endroits exigus : les camouflages ninja n’en sont que plus convaincants. L’auteur propose un découpage des actions plan par plan assez intéressant. Il y a quelque chose de cinématographique mais qui manque un peu de fluidité à mon goût. J’ai préféré les pages où l’action se décompose dans les cases.
Visuels : 2,5/5
L’histoire d’UNDER NINJA est celle de Kurō Kumogakure. Le personnage est assez antipathique au départ, ce qui rend l’attachement plutôt difficile au départ. Néanmoins, il se révèle être quelqu’un d’altruiste et, surtout, de drôle par la suite. En apparence, c’est un fainéant, cependant ses exercices quotidiens nous montrent qu’il n’en est rien. Encore une fois, Kengo Hanazawa met en scène un loser qui nourrit de grands rêves. On dirait bien que l’auteur à une appétence particulière pour ce type de personnage. On découvre également une galerie de personnages conséquente, parmi lesquels une bonne ribambelle sont des ninja sous couverture.
© by HANAZAWA Kengo / Kôdansha
On peut citer Katō, un chūnin mystérieux ou encore Sasama, un ex-chūnin plein de surprises. Mais également les voisins de Kurō : Oono le pervers assumé, Kawado la jeune ivrogne. Les relations, comme les conversations sont complètement ubuesques ! Côté antagonistes, le russe est délirant mais s’avère son développement est intéressant. Ainsi, malgré les difficultés à s’attacher à tous ces personnages, eu égard à leur folie, on retrouve en eux les travers de notre société.
Personnages : 4/5
UNDER NINJA, en résumé :
💎 Les points forts :
- Une uchronie inventive autour des ninja.
- Des personnages complètement barrés.
- Un récit avec du potentiel !
🪨 Les points faibles :
- La mise en place est longue et nébuleuse.
- Le dessin peut diviser.