Mercredi 18 janvier sortait Adieu Eri, le dernier one shot de Tatsuki Fujimoto. C’est donc avec grand plaisir que je vous retrouve pour une nouvelle critique d’un manga de l’homme derrière Fire Punch et Chainsaw Man !
Si vous voulez vous faire un premier avis sur les autres œuvres du mangaka :
– Anthologie 17-21 et les débuts de l’auteur, c’est par ici ;
– Anthologie 22-26, la suite et les prémices de son génie, c’est par là ;
– Look Back, le premier long one shot riche en émotions, c’est dans cet article !
Adieu Eri est donc un manga publié chez Crunchyroll (anciennement Kaze). Il avait vu le jour il y a près d’un an sur Manga Plus en simultané avec le Japon. On retrouve donc Fujimoto au dessin ainsi qu’au scénario. Visuellement la jaquette est la même que celle annoncée il y a un an environ au Japon et elle envoie ! Le manga seul donne vraiment une bonne première impression. Seulement, une fois le manga placé dans la collection, au niveau du dos c’est pas ça… M’enfin, on commence à s’habituer : écriture dans le sens inverse de celle de Kaze, différences dans la disposition des éléments, etc.
Alors que sa mère est mourante, Yuta tente d’immortaliser ses derniers jours sur son téléphone à travers un film de 20 minutes. Après sa mort, Yuta se rend sur le toit de l’hôpital pour se suicider; mais une rencontre avec une étrange fille le conduit sur la voie de la réalisation d’un nouveau film.
Les couleurs rappelant la 3D des cinémas, une vidéo filmée depuis le téléphone du personnage principal… Pas de doute on est déjà dans l’ambiance !
Critique d’Adieu Eri
On commence donc cette critique en parlant d’abord des personnages. Comme dans la plupart de ses œuvres courtes, Fujimoto ne propose que peu de personnages mais nous les fait découvrir en profondeur !
Ainsi on découvre Yuta, le protagoniste qui réalise un film sur sa mère mourante. Ce dernier fait la rencontre d’Eri, une jeune fille fan de cinéma qui l’empêche de se suicider après le bashing qu’il subit suite à la diffusion du court métrage et lui propose son aide pour réaliser un nouveau film. Notre duo est né et on le suivra dans la vie quotidienne où les deux ados passeront leur temps à parler film et cinéma. On voit également de manière plus succincte le père de Yuta. Ce dernier aura tout de même un rôle à jouer dans cette histoire et révèlera une information clé des plus surprenantes. Le duo ainsi que le père restent tous les trois très intrigants, et comme à son habitude Fujimoto nous le fait découvrir avec de nombreuses surprises.
Par ailleurs, lorsque Fujimoto avait annoncé son prochain one shot en parallèle à Chainsaw Man, ce dernier avait évoqué une nouvelle femme fatale. On pourra donc penser qu’Eri aura su poursuivre la lignée des personnages féminins exceptionnels de l’auteur.
Personnages : 5/5
On poursuit avec le scénario et comme je le disais auparavant, on n’arrive jamais au bout de nos surprises avec cet auteur. Jusqu’à la dernière page, il est quasiment impossible de deviner comment tout cela va se terminer. On en découvre plus sur les relations entre Yuta et sa mère mourante ainsi que celles que le jeune homme entretien avec Eri.
Entre le film sur la mère de Yuta puis celui sur Eri et les révélations qui sont faites plus tard sur ces deux personnages m’ont beaucoup fait réfléchir au sens de nos relations sociales et la vision que l’on peut avoir de nos proches. Je vois comme une sorte de message laissé par l’auteur qui nous dit de garder le meilleur de nos proches et que les mauvais souvenirs ne sont pas ceux qu’il faut conserver.
On reconnait d’ailleurs dans cette œuvre la touche de Fujimoto, le cinéma auquel l’auteur fait tant de références dans ses autres mangas est au centre de l’histoire. J’ai vu en Eri le personnage de Togata de Fire Punch et ce n’est pas pour me déplaire tant les deux personnages sont fascinants.
Scénario : 4.5/5
Pour les dessins, c’est simple, du Fujimoto comme on l’aime. Le style se reconnait de loin ! Les character-designs sont épurés en insistant énormément sur les expressions du visage. Les décors et fonds proposent des détails sans devenir surchargés pour autant. Si vous avez lu Look Back ou encore Chainsaw Man, on retrouve vraiment le style du mangaka même si je regrette le manque de prise de risque.
Vous l’aurez d’ailleurs compris, Adieu Eri parle de cinéma et de films. Alors quoi de mieux que de réaliser les planches sous forme de pellicule ! Entre ce « détail » de grande importance et d’autres codes qui rappellent le septième art, l’auteur nous régale ! En effet, de longues scènes sans le moindre dialogue, des « blancs » avec peu voire pas de mouvements pour donner des effets de longueur, les mouvements et certains passages qui sont flous rappelleraient même la 3D du grand écran ! Tous ces détails font de Adieu Eri une œuvre assez atypique et originale du point de vue visuel.
Dessins : 4/5
On termine avec les émotions procurées par ce volume. Globalement, Adieu Eri est assez déroutant puisque l’histoire évolue vite et de nombreuses surprises nous attendent tout le long de notre lecture. Cependant certains passage trainent en longueur. Je pense notamment aux différentes pages où très peu de changements, si ce n’est aucun, sont dessinés entre les cases. On ressent bien l’effet cinéma recherché par l’auteur mais cela apporte quelques longueurs parfois pas forcément nécessaires. En revanche cela donne réellement l’effet de blanc qu’on peut retrouver dans des scènes de film.
Dans tous les cas, certains passages restent drôles, poussant au rire, même si ce dernier se veut parfois plus gêné qu’autre chose. Un humour à la Fujimoto, qui encore une fois rappelle Fire Punch. Les thèmes abordés sont assez sombres (mort, maladie, suicide, harcèlement) mais on retrouve toujours un passage, une case, un dessin qui nous redonne le sourire. En parallèle, j’ai ressenti une grande tristesse à cause de ces thèmes qui sont abordés et qui ne sont pas toujours évidents à supporter.
Au final, le scénario présente une explosion d’émotions différentes, entre tristesse, rire et surprise. C’est précisément ce à quoi je m’attendais en lisant du Fujimoto et il a encore su répondre aux attentes de ses fans.
Emotions : 4/5
Bilan
Globalement, dans Adieu Eri, on retrouve Fujimoto sur ce qu’il sait faire ! Des personnages bien exploités qui nous proposent un belle histoire. Eri remplit son rôle de femme fatale à la perfection et Yuta aura le mérite d’être un héros sacrément atypique !
J’ai l’impression que cette histoire est un mélange entre Look Back dans la forme, avec les histoires que Fujimoto réalisait lors de ses jeunes années et que l’on peut retrouver dans les anthologies 17-21 et 22-26 dans la créativité. Le mangaka reste donc dans ce qu’il sait faire sans réellement prendre de risque, que ce soit au niveau des dessins où de l’histoire.
Malgré tout, cela reste un excellent manga avec une bonne pincée de fantaisie !