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Animé automne 2021 : Blue Period, un animé qu’on ne peut pas voir en peinture ?

  • Kito 

Blue Period est un manga de Yamaguchi Tsubasa édité par la Kodansha et prépublié dans L’Afternoon. Un animé voit le jour lors de la saison d’automne 2021 commandé par Netflix. L’animé est réalisé par SEVEN ARCS, connu pour son travail sur Arte au printemps 2020.

Prenez votre pinceau et ouvrez votre esprit à l’art

Blue Period nous raconte l’histoire d’un jeune lycéen, Yatora Yaguchi, qui est un excellent élève. Grâce à ses notes, il pourrait réussir à entrer dans n’importe quelle université. Cependant, Yaguchi n’a goût à rien. Il traîne avec 3 autres personnes de son lycée qui ont les mêmes convictions que lui : ne penser à rien et se détendre. Un jour, Yaguchi va tomber sur un tableau peint par sa senpai, Mori Maru. Ce jour-là, c’est le déclic. Yaguchi va s’intéresser de plus en plus à l’art, au monde qui l’entoure. Son but est simple. Entrer à la TUA, une université d’art. Mais la tâche ne sera pas aisée. Le taux de réussite étant très faible. Encore plus parmi les nouveaux candidats.

Blue Period
© SEVEN ARCS / Yamaguchi Tsubasa / Kodansha

Quand j’ai entendu parler de Blue Period, ça ne me disait trop rien. L’art et moi ça fait 2. Déjà petit, visiter des musées ou voir des tableaux ne m’intéressait pas. Mais je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Après tout, beaucoup de sujet ne m’intéressant pas m’ont donné une bonne expérience en animé/manga. Et c’est le cas. Blue Period est un très bon animé. Il ne traite pas que de l’art, mais j’y reviendrai un peu plus tard. Il n’a pas forcément fait beaucoup parler de lui, mais l’animé reste intéressant du début à la fin. Un gros coup de cœur sur le scénario et son développement.

Scénario : 4/5

Pour un animé comme Blue Period, l’animation reste un peu secondaire je pense. Et celle-ci n’a d’ailleurs rien de transcendant. J’ai quand même trouvé l’utilisation de la 3D maligne sur les passages de peinture. Cela donne une texture proche de la vraie peinture. Les phases de réflexion et d’illumination pour Yaguchi sont parfaitement maîtrisées. Une scène qui me restera d’ailleurs longtemps en tête, c’est lorsque Yaguchi sort un matin avec ses amis. En plein milieu de la ville, l’effet bleutée est magnifique. Il s’agira d’ailleurs d’un second déclic pour notre protagoniste qui s’intéressera davantage à l’art grâce à ce passage. L’animation n’est pas transcendante, oui, mais elle le devient à des moments clés de l’animé. Ce qui nous permet d’apprécier toute la beauté de chaque scène.

Blue Period
© SEVEN ARCS / Yamaguchi Tsubasa / Kodansha

Animation : 4/5

Les personnages dans Blue Period. Vaste sujet. C’est le plus gros point fort de l’animé. Il y en a tellement qui sont importants que je ne pourrai pas tout développer dessus, mais j’irai à l’essentiel. Je vais commencer par Yaguchi, car l’histoire ne tourne qu’autour de lui. On a au début un personnage perdu. À l’âge de 16-17 ans, il fume déjà, symbole de sa « dépression ». Oui j’ai bien dit dépression. Yaguchi ne fournit aucun effort et se contrefout de tout. Mais lorsqu’il va tomber sur le tableau de Mori, un premier déclic aura lieu dans son esprit. Puis la scène dans la ville ne fera qu’accentuer ce déclic.

Là où Yaguchi va sortir de sa dépression, c’est lorsque Ryuji, un membre du club d’art, va complimenter son dessin. Et ce qui va permettre à Yaguchi d’avancer et d’évoluer dans un monde aussi rude que l’art, ce sont toutes ses rencontres, ses expériences avec les gens. Il y a quelques années j’ai été dans le même cas que Yaguchi, je me reconnais en lui. Ne pas savoir où aller, puis avoir ce déclic.

Blue Period
© SEVEN ARCS / Yamaguchi Tsubasa / Kodansha

Mais chaque personnage à son importance dans Blue Period. Et un autre personnage qui m’a semblé très important, c’est Ryuji. C’est un camarade de classe de Yaguchi. Même si au début ils ne s’apprécient pas vraiment, cette relation sera amenée à évoluer. Vous connaissez les japonais, ils aiment lorsque le genre d’un personnage est ambigüe. Et bien là, c’est très différent avec Ryuji.

C’est certainement le vrai premier personnage transsexuel, et bisexuel que j’ai pu rencontrer dans un animé. Et ce qui est encore plus notable, c’est qu’il est loin des clichés que ces derniers peuvent renvoyer dans d’autres œuvres. Derrière cette personnalité, se cache en réalité une personne qui ne va pas bien, qui se sent mal dans sa peau. Un personnage qui paraît jovial vit en fait très mal sa sexualité. Souvent attiré par les garçons, ces derniers le rejette lorsqu’ils apprennent que Ryuji est lui-même un garçon. Ce qui le blesse profondément, car il n’arrive pas à s’assumer pleinement.

Personnages : 5/5

Blue Period, c’est un animé qu’on m’a vendu comme étant porté sur l’art. Ce n’est pas faux, mais pas entièrement vrai. Laissez-moi vous le vendre autrement. Blue Period, c’est un animé réaliste, qui parle énormément de l’orientation étudiante. Ça peut paraître banal, mais c’est en réalité une chose importante. L’orientation dans nos études nous guide vers un projet d’avenir futur. Et la chose que l’on voudrait tous, trouver un métier qui nous plaît. C’est pour ça que l’art est très parlant. C’est une orientation atypique. Mais ça témoigne aussi du fait que lorsqu’on veut, on peut. Alors, oui l’orientation peut paraître banale, mais elle a son importance. Aujourd’hui, on nous demande de plus en plus tôt un projet professionnel, mais ce n’est pas en nous mettant la pression que nous trouverons. Pour s’orienter, il faut vivre des expériences, et trouver sa voie.

Mais Blue Period étant principalement centré sur l’art, cela témoigne aussi d’une ouverture d’esprit. L’art permet à Yaguchi de s’ouvrir au monde. Pas seulement à ce qu’il voit, mais aussi aux gens. Il redécouvre en quelque sorte le monde. J’ai vu l’animé comme une critique des réseaux sociaux. Aujourd’hui, plutôt que de découvrir de nouveaux horizons avec nos yeux, on les découvre avec nos smartphones. Plutôt que de parler aux gens qui nous entourent, on parle sur Instagram ou Snapchat avec une personne se retrouvant à l’autre bout du pays.

En parlant d’ouverture d’esprit, je ne pouvais pas ne pas parler de Ryuji. Un exemple parlant. Lorsque Ryuji se fait quitter par une personne qui apprend que ce dernier est un homme, ces derniers ont pitié. En fait ils n’ont pitié que de sa situation. Ils le voient comme quelqu’un de malade. Blue Period nous montre que chacun est différent. Il ne faut pas juger sur ce que l’on voit, ni sur ce que l’on perçoit.

Blue Period
© SEVEN ARCS / Yamaguchi Tsubasa / Kodansha

Enfin, l’animé parle aussi beaucoup de confiance en soi. Yaguchi manque de confiance en lui, c’est pour ça qu’il a du mal croire qu’il entrera à la TUA. Par ailleurs, il prouve aussi qu’en s’investissant dans son travail, en prenant des risques il n’y serait pas arrivé. Croyez en vos capacités. Et ne laissez personne les juger. Pareil pour Ryuji. Même s’il a encore du mal, il ne se conditionne plus à ce que les gens pensent de lui. Il nous apprend qu’il est amoureux d’une fille, et je vois ça comme une acceptation de sa sexualité.

Message : 5/5

Pour résumer :

Blue Period est pour moi l’un des meilleurs animés de la saison dernière. Il traite de beaucoup de sujet de la société moderne. Ce qui peut paraître comme un animé ennuyeux traitant d’un sujet peu passionnant comme l’art n’en est en fait rien. N’étant pas un féru d’art, cet animé m’a beaucoup plu. Les thématiques abordés sont pertinentes, et cela m’a apporté un excellent message. Un gros coup de cœur de la saison. Si vous l’avez raté, je vous invite à le découvrir. Pour rappel, les 12 premiers épisodes de Blue Period sont disponibles sur Netflix.

Note Globale : 18/20