Pour cette nouvelle présentation du Calendrier de l’Avent 2022, on parle de Zetman de Masakazu Katsura, grand ami d’Akira Toriyama !
Zetman est un manga seinen de Masakazu Katsura qui paraissait entre 2002 et 2014 dans le magazine Young Jump des éditions Shūeisha. La série compte 20 tomes, et a été édité en France par Tonkam. Il existe également une adaptation animée de 13 épisodes.
Attention cependant : le titre s’adresse à un public averti !
Jin, un jeune orphelin au passé nébuleux est au coeur de manigances qui le dépassent. Amagi Corporation s’intéresse de près à ses capacités physiques hors norme qui semblent s’inscrire dans la continuité d’un plan étrange : le ZET. De son côté, Kôga, futur héritier de Amagi Corporation utilise les technologies développées par le groupe pour tenter de réaliser son rêve : devenir un justicier. L’ironie du sort vas les réunir dans la grande roue du destin…
Pourquoi lire Zetman ?
Pour le dessin !
L’aspect graphique d’un manga a une influence primordiale pour moi. J’accorde une certaine importance aux couvertures mais je fais surtout attention à la qualité du trait de l’auteur. Anatomie, proportions, dynamisme, expressivité, arrières-plans… Zetman coche toutes les cases pour me pousser à la lecture.
Masakazu Katsura propose des designs vraiment exceptionnels, très détaillés. Ses personnages possèdent tous une identité propre et les « transformations » dégagent une aura particulière. Les protagonistes sont aussi charismatiques que certains ennemis sont atroces. La couverture du tome 1 en témoigne non ? Ça envoie du lourd ?
Au delà de ça, le découpage est hyper dynamique et rend les scènes de combats percutantes. Les mises en scènes sont audacieuses, très inspirées. Et l’aspect « coup de poing » est d’autant plus saisissant que l’auteur n’hésite pas lorsqu’il s’agit de dépeindre la violence. (Le tome 4, quel massacre).
On notera aussi quelques scènes ecchi, qui en gêneront certains mais j’ai personnellement réussi à passer outre. Tout cela concoure au fait que Zetman n’est pas à mettre entre toutes les mains !
Pour son intrigue !
Pour ce qui est de l’intrigue… Je reconnais qu’il faut s’armer de patience avec Zetman. En effet, les débuts sont très nébuleux et on a un peu de mal à se repérer. C’est d’ailleurs quelque chose que le titre gardera par la suite, avec de nombreux sauts temporels, en avant comme en arrière. Cela pourrait en déstabiliser plus d’un !
Néanmoins, une fois que toutes les bases sont posées, c’est un récit trépidant que nous offre Masakazu Katsura. Les Players, des expérimentations génétiques, prendront une place prépondérante et seront source de bien des rebondissements. Les Evol ainsi que les origines de Jin seront également un point central de l’histoire. Et puis il y a cette entreprise, Amagi Corporation. De fil en aiguille, on découvrira ce qui se cache derrière cette société: et il faudra s’attendre au pire !
L’oeuvre propose également des amitiés, des romances, qui serviront parfois à relancer l’intrigue et qui lui donneront d’autres enjeux. Et même si on pourrait se passer de certaines choses, il est difficile de rester de marbre devant certains évènements.
En ce qui concerne la fin de l’oeuvre, elle est bien plus convenue et redondante que ce que laissait espérer ses débuts… Mais elle reste appréciable et peut-être aura-t-on droit à une seconde partie un jour !
Pour les personnages !
Zetman s’organise autour d’une opposition très forte. Jin et Kōga sont deux jeunes hommes rivaux, qui partagent cependant une même sens de la justice. La différence majeure entre les deux, et qu’ils évoluent dans des milieux totalement différents et opposés de surcroît. L’un est un enfant des rues, aux pouvoirs exceptionnels quand l’autre est un riche héritier, qui augmente ses capacités par la technologie.
Cette opposition centrale n’est pas sans rappeler Guts et Griffith dans Berserk, et à juste titre puisque les personnages dérivent d’une même inspiration… Devilman ! L’oeuvre de Gō Nagai a fait nombre d’émules. Mais ici, les deux personnages n’ont pas des motivations contraires, ils sont réunis par leur idéal de justice. En cela, le traitement des protagonistes rappelle ce que l’on peut trouver dans les titres DC Comics.
Au global, ce sont des personnages bien construits que propose le manga, et surtout d’une humanité déconcertante. Cette psyché, si compréhensible par le lecteur, les rend très attachants. Tous vivent des évènements traumatiques, mais tous n’arrivent pas à aller de l’avant. Il y a évidemment quelques loupés sur la durée, mais on les oublie vite derrière les deux figures que sont Jin et Kōga
Pour ses thématiques !
Au travers de ces deux personnages principaux, Zetman aborde une thématique principale: celle de la justice. Tout au long du manga, l’auteur nourrit ses réflexions, en faisant évoluer ses deux personnages et leur interprétation du concept. Qu’est-ce que la justice ? Qui mérite de vivre ? De mourir ? Il ne nous offre pas de réponse, mais nous donne plusieurs clés qui permettront à certains de se faire un avis sur la question.
Un autre point d’intérêt de l’oeuvre, plus implicite cette fois, c’est la réflexion autour de la figure qu’est le super-héros. Un super-héros est-il conditionné par ses origines, puisque les valeurs découlent de l’éducation ? Qu’est-ce qu’implique ce statut ? Entre leur identité réelle et leur alias, ils incarnent la définition même de double vie; mais comment faire la part des choses ? Zetman est finalement un parfait mélange des univers manga et comics !
Les débuts de l’oeuvre évoquent le shōnen nekketsu, avec cependant un traitement plus terre à terre, plus mature. C’était génial à découvrir. Mon seul regret est que, malheureusement, l’oeuvre se rapproche des poncifs du genre à mesure qu’elle avance. Une baisse de régime, qui n’entame pourtant pas l’affection que j’ai pour ce titre.
Zetman, en résumé :
Zetman aborde la figure du super-héros d’une façon assez rare dans le monde du manga. Et, rien que pour cela, l’oeuvre vaut le détour.
Malgré quelques lacunes sur la fin de cette première partie, l’histoire reste attrayante et offre un bon divertissement. Les sous-intrigues sont nombreuses et ne manquent pas d’enjeux.
Jin et Kōga portent le récit grâce à une dynamique qui ne s’essouffle pas, et permettent à l’auteur de traiter d’une manière assez complète la notion de justice.
Mais s’il y a bien une chose à retenir de l’oeuvre… C’est son dessin, tout bonnement exceptionnel ! Amoureux de l’art… Cette oeuvre est faite pour vous !