Cela faisait un moment qu’on avait pas parlé d’un manga de dark-fantasy… Alors voici mon avis sur les tomes 2 et 3 de Clevatess !
Si vous ne connaissez pas l’oeuvre, je vous invite à lire ma présentation du tome 1 juste ici :
Clevatess, dark fantasy du côté de l’ennemi !
Et si vous voulez en découvrir plus sur l’auteur, je vous conseille son oeuvre précédente : Dimension W !
Clevatess, tome 2 et 3 !
Exterminer l’humanité… ou pas ? Pour le roi des démons, la décision repose sur l’avenir d’un enfant !
Clevatess et Alicia ont été capturés puis séparés par des bandits. Alors que ses ravisseurs la conduisent sur un pont suspendu, l’héroïne joue le tout pour le tout et se jette dans le vide afin de leur échapper… L’expérience est douloureuse, mais le sang de son maître la ramène à la vie prête à en découdre !
De son côté, le roi-démon a décidé d’engager une nourrice et n’apprécie pas de la voir engloutie par un troll…
Le roi démon, le bébé et l’héroïne immortelle !
Le tome 2 de Clevatess reprend juste après le cliffhanger monumental du tome 1. On retrouve Clenn (forme humaine de notre roi-démon) tentant de sauver Luna des mains Broco. Alicia quant à elle est aux prises avec le reste des bandits. Le récit débute ainsi sur les chapeaux de roue avec de l’action de toutes parts. Les différents enjeux sont clairement identifiés et la lecture n’en est que plus prenante !
Par la suite, nos protagonistes vont se retrouver mêlés à des évènements autrement plus importants, qui semblent constituer l’intrigue future. On découvre ainsi que de nombreux enfants, hominidés ou bêtes démoniaques, disparaissent mystérieusement aux quatre coins du pays. Mais aussi, et surtout, que Boelate, le pays voisin d’Hiden, entend bien profiter de l’absence de roi pour conquérir le pays. C’est un peu moins rythmé, et manichéen, mais cela fonctionne plutôt bien.
En suite logique, le tome 3 nous présente des batailles d’envergure, avec un autre élément d’intrigue pour toile de fond : les arts obscurs ! Et je dois bien le reconnaître, le déroulé des évènements m’a surpris ! Il n’y a pas à dire, Yuji Iwahara sait y faire lorsqu’il s’agit de maintenir son lecteur en haleine ! Finalement, l’histoire semble se recentrer sur les problématiques et conflits humains, posant notre groupe de protagonistes en observateurs. Affaire à suivre !
Scénario : 4/5
Parmi les points forts de Clevatess, je citerai son univers. On est toujours sur quelque chose d’assez classique dans le genre, mais c’est bien fait. Et quel plaisir de découvrir une oeuvre qui fait les choses bien ! De nouvelles créatures nous sont introduites : les espèces ancestrales, au moins aussi impressionnantes que les Rois-Démons. Mais il est également question des « Trésors d’Hiden », des armes aux propriétés qui défient l’entendement. L’ensemble de ces concepts permet de redistribuer un peu les échelles de puissances de l’univers.
On découvre également qu’il existe une forme de magie particulière dans ce monde, les arts obscurs et qu’elle est pratiquée par les Sorciers. Et, si pour l’instant on ne sait pas précisément de quoi il retourne, l’auteur s’arrange pour qu’on ait la conviction que cet « art » est contre-nature. On est curieux d’en savoir plus, mais on sent que l’explication sera horrible. Et oui, c’est une histoire de dark-fantasy, et plusieurs éléments nous rappellent cette noirceur ambiante. La violence est omniprésente, et la mort est dans son sillage.
J’ai tout de même trouvé que les décisions d’Alicia étaient un peu regrettables cet univers où la morale semble absente, on mettra cela sur le compte de sa fibre héroïque…! Au delà de ça, on a un aperçu d’autres Rois-Démons, et je reconnais que je n’attendais pas à les voir si rapidement.
Univers : 4/5
Un autre point fort de Clevatess, à mon sens, ce sont les personnages. La dynamique entre Clenn, Alicia et Luna est toujours aussi plaisante à suivre, je la trouve à la fois très drôle, et touchante. Cependant, ces tomes 2 et 3 laissent un peu de côté notre Roi-Démon pour se concentrer sur notre héroïne. Yuji Iwahara propose un développement intéressant du personnage, nous expliquant son passé, et ses motivations profondes.
Nouvellement arrivée dans le groupe, Nellie est un personnage vraiment attachant. Elle est très dévouée, mais cache également en elle un force impressionnante. J’ai hâte d’en savoir plus sur elle ! Au delà de ça, on découvre de nouveaux visages. Galt d’abord, qui m’a fait forte impression malgré un passage éclair pour l’instant. Il en va de même pour Rod et son arme Fleur de Neige.
Finalement, c’est surtout du côté des antagonistes qu’on a du nouveau ! Il y a évidemment le général Dorel, à la tête de l’armée de Boelate; et d’une puissance stupéfiante. Mais aussi Maynard Swan ou Nayeh Chiffonritz, des sorciers de l’armée. Pour l’instant, je trouve que ces opposants manquent encore de caractérisation. Bien qu’ayant des pouvoirs surprenants, ils sont trop manichéens, notamment parce qu’on ne sait rien de leurs motivations profondes. Ils me donnent l’impression d’être méchants pour être méchants, mais nul doute que l’auteur saura les rendre plus denses par la suite.
Personnages : 4,5/5
Enfin, j’évoquerai les visuels de Clevatess. Encore une fois, je suis sous le charme de ce que peut proposer Yuji Iwahara. Les designs sont toujours aussi détaillés et inspirés. J’ai particulièrement aimé les aspects des différentes créatures (marines et insectes dans ces deux volumes). Ils permettent de créer une ambiance pesante et presque horrifique à leur apparition.
Il y a également un énorme travail sur les décors et les arrières-plans. Une mine, les profondeurs d’un lac, des champs de bataille glacés, des forêts… On voyage véritablement dans ce monde. D’un point de vue plus général, je salue la maîtrise de l’encrage et des aplats de noirs de l’auteur. Cela rend l’ensemble très immersif, et en plein accord avec l’idée d’un univers sombre et crasse.
On retrouve aussi des visuels très rudes et une violence graphique, qui sont en plein accord avec cela. Toujours globalement, le découpage est dynamique et permet une lecture fluide. Il y a toujours de bonnes mises en scènes grâce auxquelles les créatures ou personnages transpirent la puissance, où qui donnent un rythme haletant à l’histoire. Néanmoins, on a moins de planches marquantes, et on notera aussi quelques pages un peu chargées, mais cela reste anecdotique.
Visuels : 4,5/5
Clevatess, en résumé :
J’avais beaucoup aimé le premier opus de CLEVATESS, ces deux nouveaux tomes ont achevé de me convaincre. La dark-fantasy c’est ma came, et j’adore ce que Yuji Iwahara propose dans ce genre !
Ces deux nouveaux tomes sont plein d’action, le tout s’enchaîne à un rythme effréné, tant et si bien qu’on a parfois du mal à reprendre notre souffle.
Heureusement, le récit reste jalonné de moments plus posés, où l’auteur en profite pour exposer son univers. Il nous dresse ainsi un tableau foisonnant, plein d’armes de légende, de créatures, de rois démons et d’arts magiques.
Les « arts obscurs » seront d’ailleurs l’une des intrigues de ces volumes, et on peut déjà sentir que les révélations concernant cette magie seront horribles.
Car oui, c’est bel et bien de la dark-fantasy que nous propose l’auteur. L’ambiance est oppressante, l’espoir n’est qu’une infime lueur dans un océan de noirceur profonde.
C’est quelque chose que Yuji Iwahara retranscrit à merveille avec son dessin. Sa maîtrise de l’encrage et des aplats de noirs confère à l’oeuvre une atmosphère très sombre.
Au delà de tout ça, j’ai pris un grand plaisir à suivre notre groupe de protagoniste. J’ai été assez surpris que Clenn/Clevatess s’efface pour laisser la lumière à Alicia; mais c’est vraiment pour le mieux. La jeune femme immortelle à droit à un traitement super intéressant !
On a également droit à la découverte d’antagonistes plutôt marquants, par leurs designs et leurs capacités. Je regrette pour l’instant un peu leur côté manichéen, mais j’ai bon espoir que l’auteur corrige le tir avec le tome 4.