Alors, Bakemonogatari n’est pas simple à appréhender, c’est une œuvre que je connais depuis plus de 10 ans mais c’est seulement en 2019 que le manga papier est sorti dans nos librairies, une mise en contexte s’impose donc.
Une oeuvre qui traverse le temps et les formats
Bakemonogatari est à l’origine une série de Light Novel écrit par Nishio Ishin, ou NisiOisiN (Death Note – Another Note, Medaka Box), apparu pour la première fois en 2006 et illustré par VOFAN.
C’est l’histoire de Koyomi Araragi, un lycéen presque banal à la différence près que c’est un ancien vampire en voie de guérison pour redevenir humain. Seulement voilà, suite à sa condition « d’ex vampire » son quotidien va devoir côtoyer régulièrement le surnaturel en faisant face à des malédictions, des chimères voire des dieux, tous regroupés sous un même nom : des « anomalies ». C’est en partant de ce postulat qu’Araragi sera amené à aider plusieurs de ses camarades de classe affecté par des « anomalies ».
Selon cette description on pourrait s’attendre à une sorte de shônen bien bourrin mais il n’en est rien. Dans Bakemonogatari on ressent bien qu’à l’origine c’est surtout une série de roman car la force de ce manga c’est essentiellement ses dialogues. Des dialogues tantôt absurdes, tantôt philosophiques, tantôt tragiques mais toujours justes dans les émotions qu’ils veulent nous transmettre.
Par conséquent il y a très peu de scènes d’action et malgré cela je le considère comme l’une des meilleures œuvres qui soit. C’est un shônen oui, mais ça n’est pas un nekketsu. C’est une œuvre qui préfère nous proposer une approche différente du genre avec des thématiques rarement exploités comme la vie en couple, l’homosexualité, la place de la famille, la fidélité et bien d’autres.
Des anomalies synonymes de mal être propre à chacun
L’usage des « anomalies » permet de mettre en lumière la psyché des différents protagonistes afin de mieux les connaître et de mieux comprendre leur problème. En effet s’ils sont affectés par des anomalies ce n’est pas par hasard, bien souvent l’anomalie est là pour exacerber les problèmes intérieurs qui leur pèsent.
C’est en ça que l’histoire est géniale car les protagonistes ne sont pas seulement victimes d’anomalies, ils ne font pas que subir ces manifestations surnaturelles, en réalité ces anomalies leur permettent surtout d’en apprendre plus sur eux-mêmes. C’est pourquoi la solution à leurs anomalies vient souvent d’eux-mêmes, bien souvent Araragi ne fait que leur montrer la voie pour s’en défaire ou même les accepter.
Une anime qui mise sur la narration dans Bakemonogatari
La série de roman a avant tout connu une adaptation en anime en 2009 produit par le Studio Shaft (Negima !? – Arakawa Under the Bridge – Puella Magi Madoka Magica), c’est par ce biais que j’ai connu cette œuvre. Une animation pour le moins atypique avec très peu de décors, des successions de plans très rapides, des bouts du roman sur fond blanc qui alternent avec les scènes animées, des gros plans sur les visages, du collage, des zooms sur du décors ou des formes géométriques en couleur. On peut facilement apparenter, de façon grossière, le style de l’anime à de « l’art moderne » tant les plans sont métaphoriques et minimalistes.
Cependant toutes ces fantaisies ont pour seul but de dynamiser et mettre en valeur les dialogues, on ne s’ennuie jamais devant les dialogues tant les animateurs débordent d’inventivité pour leur donner vie. L’élément essentiel qui harmonise le tout est la musique, la bande sonore est adaptée à chacune des situations ainsi qu’à chacune des histoires. Elle sait être discrète dans les moments touchants, inquiétante et menaçante quand il y a danger, énergique et rigolote dans les moments d’insouciance.
Aussi, petit point bonus, les génériques changent à chaque histoire qui est présentée dans l’épisode et ils sont à chaque fois chantés par la doubleuse dont le personnage est atteint par une anomalie. C’est ainsi que pour la première saison il y a 5 génériques différents avec chacun son rythme et sa marque pour donner le thème de l’histoire adaptée. Depuis, le studio a rigoureusement adapté en anime toutes les suites jusqu’à nos jours et a même sorti 3 films pour détailler comment Araragi était devenu un vampire.
Après de l’animation, un manga signé Oh! Great
Donc, lorsqu’on m’apprend que cette œuvre va avoir droit à son adaptation en manga papier j’étais curieux mais sceptique. En effet, on est peu habitué à ce que la version manga sorte après la version anime. Toujours en suivant l’histoire imaginée par NisiOisiN et les character design de VOFAN c’est au tour de Oh!Great d’entreprendre l’adaptation de Bakemonogatari.
Connu pour Enfer et Paradis et Air Gear le mangaka nous démontre la maîtrise de son art avec cette réinterprétation qui nous propose un nouveau découpage et un nouveau rythme. Donc loin de moi l’idée de dire du mal de Mister Air Gear mais je n’ai pas été conquis. Peut-être que je fais mon vieux con qui n’accepte pas qu’on touche à l’une de ses œuvres fétiches mais j’ai soulevé deux points qui me posent problème :
- L’histoire : À cause du format les histoires sont raccourcies et taillées à la hache, par conséquent ça manque cruellement d’exposition et d’explication. Sincèrement si je ne connaissais pas déjà je ne comprendrais pas ce qu’il se passe tellement ça déborde de dialogue ininterrompu. On ne comprend ni les enjeux, ni où ça veut en venir avant les ¾ du premier tome.
- Le découpage : Le mouvement et l’enchaînement des scènes sont difficiles à comprendre de par le découpage des cases. Sans vous spoiler c’est comme si vous faisiez tomber votre cuillère et que c’était dessiné d’une telle façon qu’on ne comprendrait pas pourquoi la cuillère tombe ni même qu’il fallait comprendre qu’elle était en train de tomber. Je ne sais pas si ma métaphore vous parle mais c’est pour pas vous spoiler et vous empêcher de découvrir cette œuvre.
En dehors de ces deux points là je n’ai rien d’autres de négatif à dire, Oh!Great sait dessiner et reproduit bien les character design de VOFAN. Les personnages sont bien mis en avant, leurs expressions sont lisibles et fluides, les décors sont détaillés et il ne manque pas de faire des plans métaphoriques ou d’accentuer par le dessin les traits de caractère des personnages. Je sais bien qu’en réalité les reproches que je lui trouve sont seulement dû à mon amour pour l’anime.
Verdict, une adaptation pas forcément nécessaire pour Bakemonogatari ?
De plus au fur et à mesure des tomes il arrive à mieux doser le rythme des histoires ainsi que les explications. Au final il ne trahit pas du tout le matériau de base car les histoires suivent la trame originale mais adapté en version manga car même si c’est un shônen c’est une œuvre qui ne s’adresse pas qu’aux jeunes garçons.
Pour tout vous dire à l’origine je devais faire la comparaison entre la version Anime et la version Manga mais au final j’ai préféré tout simplement vous donner envie de découvrir cette œuvre atypique. La version manga sera peut-être pour vous votre porte d’entrée dans cet univers, personnellement je me contenterai de la version Anime. Par ailleurs pour ceux qui veulent réellement découvrir l’œuvre de base les Light Novel sont en cours de parution chez PIKA Edition tout comme le manga (4 tomes déjà disponible). Quant à l’anime il est assez difficile de le trouver mais il est trouvable sur Crunchyroll US pour les deux premières saisons, le reste est disponible sur Wakanim et Crunchyroll également.
PS : Pour votre information le nom de l’œuvre change avec chaque nouvelle saison voici donc l’ordre que je vous conseille de suivre, celui de parution :
Bakemonogatari – Nisemonogatari – Nekomonogatari (Noir) – Monogatari Second Season – Hanamonogatari – Tsukimonogatari – Owarimongatari – Koyomimonogatari – Kizumonogatari Partie 1 : Tekketsu – Kizumonogatari Partie 2 : Nekketsu – Kizumonogatari Partie 3 : Reiketsu – Owarimonogatari Saison2 – Zoku Owarimonogatari