Les éditions Ankama, toujours ferventes porteuses de créations originales nous proposent une toute nouvelle sortie. Après le succès Radiant, le manga Ripper a débarqué chez nos libraires au mois de Juin. Alors, Ankama possède déjà une nouvelle pépite ?
Le manga français continue son essor
Le manga français, ou « manfra », continue son petit bonhomme de chemin dans le vaste monde des mangas. Ayant testé différentes percées, le style « français » a maintenant réussi à imposer sa marque avec quelques titres qui ont fait parler. Bien évidemment, le plus connu étant Radiant de Tony Valente qui a même eu droit à un anime de 42 épisodes par le studio Lerche. D’autres ont également tiré leurs épingles du jeu comme Dreamland de Reno Lemaire (qui va avoir un anime) ou encore Outlaw Player de Shônen qui va connaître une publication au Japon.
Vous l’aurez compris, le manga français a encore un bel avenir devant lui et continue de se développer pour notre plus grand bonheur. De plus en plus d’artistes francophones se lancent dans l’aventure avec des projets tous plus ambitieux que les autres. On pense notamment aux éditions Kana qui ont sorti durant l’été Sweet Konkrete de Senchiro et le ténébreux Oneira du duo Federica di Meo & Cab.
Revenons sur Ankama avec sa dernière sortie, Ripper ! Création de Jeronimo Cejudo, à qui l’on doit déjà Lil’ Berry paru aux éditions Delcourt Tonkam. Cette fois-ci, l’artiste revient avec un nouveau projet bien shônen nekketsu, bien bagarre ! Voici le synopsis :
À la suite d’un cataclysme sans précédent, l’air est devenu irrespirable et des créatures hostiles ont pris le contrôle de la planète, forçant les derniers survivants à se confiner dans une tour de fortune. Parmi eux, des volontaires sont formés pour trouver un nouvel Eden. On les appelle les Rippers ! Lors d’une mission de reconnaissance, l’escadron du Chêne rencontre Junk, un jeune garçon optimiste qui ne semble pas être affecté par l’état de la Terre…
Ripper aka Kamen Rider made in France
Une des choses qui m’a tout de suite surpris en ouvrant Ripper, c’est la présence de PAGES EN COULEURS ! C’est pas seulement 1-2 pages, non, mais bien 10 pages couleurs !! On sent qu’Ankama n’a pas lésiné sur la qualité de son édition et croit au projet de son artiste. Seconde chose qui m’a impressionné, la qualité des dessins de Jeronimo. L’auteur n’a clairement rien a envié à ses confrères japonais. J’irai même plus loin, si je ne savais pas que c’était français j’aurais pu penser que c’était une nouvelle sortie japonaise. C’est beau, c’est dynamique, ça fourmille de détails et ça pète à la figure. On sent tout de même des inspirations graphiques venant d’Eiichiro Oda (One Piece) ainsi que de Masashi Kishimoto (Naruto) et un peu d’Akira Toriyama (Dragon Ball).
Jeronimo nous emmène donc dans un monde postapocalyptique futuriste où les êtres humains n’existent plus vraiment. Nous faisons la rencontre de Junk, le classique héros de shônen nekketsu. Jovial, ultra fort, un peu stupide et surtout qui n’a peur de rien. Autant les dessins mettent d’accord, autant niveau scénario, ce n’est pas une claque d’originalité. Il fera ainsi la rencontre de l’escadron du Chêne, d’autres humains comme lui. Et à partir de là, ça commence pour de vrai.
Dans Ripper, les guerriers ont la capacité de revêtir des exosquelettes rappelant pas mal les justiciers japonais du style « Kamen Rider ». Vous voyez, les gaillards façon Ultraman qui ont largement inspiré les Power Rangers. D’ailleurs tout au long du récit, Jeronimo glisse des clins d’œil, notamment avec la série favorite de Junk qui n’est autre qu’un dérivé des Power Rangers.
Une histoire et un univers immense, un peu trop peut-être
Ripper est assurément un très bon manga, mais son défaut principal demeure dans son rythme et le développement de son histoire. On a l’impression que Jeronimo est tellement enthousiaste de présenter son univers qu’il nous déballe tout et trop vite. Pour vous dire, en lisant ce premier tome, j’ai eu l’impression de lire un condensé de deux tomes. Il se passe énormément d’événements et on veut déjà nous expliquer tout un tas de choses.
Je pense que le mangaka aurait pu davantage prendre son temps pour nous dévoiler au fur et à mesure son histoire. On commence avec un orphelin accompagné d’un raton laveur et on termine le tome avec des histoires de conflits politiques, trahisons et vengeances. Wow wow, doucement les enfants. C’est cool comme idée, mais en l’étalant plus lentement, la tension liée à ces différents enjeux n’aurait été que plus intéressante. Là, on prend sans acheter et surtout, ça alourdit péniblement la lecture. Le récit manque de fluidité avec des bulles de dialogues vraiment dans tous les sens.
On sent que Jeronimo a réussi à créer un sacré univers et n’a qu’une envie, tout nous dévoiler. Mais pour un premier tome d’introduction, ça fait déjà beaucoup. Idem pour les personnages qui sont en partie déjà trop développés par rapport au stade de notre lecture. J’ai bien cru que j’allais me manger un flashback Naruto d’ailleurs.
Cependant, cela ne gêne pas vraiment l’attrait que nous avons pour le manga et lorsque l’on termine ce premier tome, on a quand même bien envie d’avoir la suite.
Avec Ripper, le manga français tient ses promesses
Les éditions Ankama peuvent se vanter de proposer des manfra gagnant de plus en plus en qualité. Après Radiant et Space Punch, Ripper vient une nouvelle fois faire monter le niveau. Notamment au niveau de sa patte graphique ! Un excellent shônen nekketsu qui devrait assez aisément trouver son public avec ses prochains tomes.
On regrette un avancement de l’histoire un peu trop rapide et une flopée d’informations qu’il faut déjà prendre en compte. La lecture s’en voit nettement alourdie et perd en clarté. Heureusement que le trait de Jeronimo Cejudo est maîtrisé avec une bonne dose de dynamisme. Le design des Wendigos et des armures Ripper sont sacrément stylés avec des caractéristiques uniques.
Maintenant, je suis curieux de découvrir la suite des aventures de Junk. Intrigué de voir comment Jeronimo va goupiller son univers. Son succès va vraiment dépendre de son rythme de parution et de sa force à mieux ordonner les différents éléments scénaristiques de son univers.