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IKUSA NO KO : Oda Nobunaga, l’idiot du village !

  • Balin 
Ikusa no Ko La légende d’Oda Nobunaga Avis Review Critique Tetsuo Hara Seibo Kitahara Manga Tome 1 Tome 2 Mangetsu Les Trésors du Nain Historique Histoire du Japon

Après Hokuto no Ken, on parle d’un autre manga de Tetsuo Hara, avec Seibō Kitahara ! Voici mon avis sur les tomes 1 et 2 de Ikusa no Ko !

Ikusa no Ko La légende d’Oda Nobunaga Avis Review Critique Tetsuo Hara Seibo Kitahara Manga Tome 1 Tome 2 Mangetsu Les Trésors du Nain Historique Histoire du Japon

Ikusa no Ko – La légende d’Oda Nobunaga, tomes 1 et 2 !

Pour ce nouvel ajout à sa collection Tetsuo Hara, Mangetsu propose une sortie simultanée des deux premiers tomes. Encore une fois, c’est un travail de qualité que l’on découvre, tant au niveau du papier que de la qualité d’impression. Ne vous laissez pas flouer par les couvertures, qui pourraient laisser présager une histoire fantaisiste : le titre à bien les pieds sur terre !

Dans le ventre de sa mère, Nobunaga Oda entendait le fracas des batailles. La guerre le prit dans ses bras à sa naissance et ne le lâcha plus jamais. Les champs de bataille furent son berceau. Tout ce qu’il sut, il l’apprit des combats. Plus que nul autre, Nobunaga fut l’enfant de la guerre !
Avant d’être Nobunaga Oda, il fut Kippôshi, le pire vaurien qu’on n’ait jamais vu. Voici le récit des méfaits flamboyants qu’il signa fièrement dans le Japon des provinces en guerre !

On peut également noter la présence d’un joli marque page pour l’achat du tome 1. Les deux tomes sont disponibles au prix de 8,95€.

Enfant du destin, enfant de la guerre !

Ikusa no Ko nous raconte l’histoire du légendaire Oda Nobunaga, l’un des trois unificateurs du Japon. Enfin, pour être plus juste, elle prend place dans son enfance, alors qu’il s’appelait encore Oda Kippōshi. À l’époque, le Japon est dans une situation politique tendue. La province d’Owari, propriété des Oda, est convoitée par le clan Imagawa. De fait, ces derniers chercher à éliminer Kippōshi, héritier légitime du domaine. À cela s’ajoute des querelles de famille. Dès les débuts de l’oeuvre, on a ainsi une tension importante qui pèse sur notre protagoniste.

Ikusa no Ko La légende d’Oda Nobunaga Avis Review Critique Tetsuo Hara Seibo Kitahara Manga Tome 1 Tome 2 Mangetsu Les Trésors du Nain Historique Histoire du Japon
© 2010 by TETSUO HARA AND SEIBOU KITAHARA/COAMIX

Et, si au départ Kippōshi ne pas semble y être sensible, on se rend rapidement compte qu’il a bien conscience de sa position et qu’il entend bien la tourner à son avantage. Ainsi, même s’il a tendance à se retrouver dans des situations surprenantes, il s’en sortira toujours avec une stratégie plus déconcertante encore. En somme, on a de bons rebondissements, qui nous gardent en haleine malgré le fait qu’on en connaisse déjà le dénouement.

Le récit est ponctué d’humour, parfois bien trouvé, mais parfois un peu lourd, voire limite humiliant. Inumaru, appelé « chien » et violenté régulièrement, ou Ginta, surnommé « Medaka » car il évoque un poisson à Kippōshi… Bon, on mettra ça sur le dos de l’extravagance…!

Scénario : 4/5

Étant donné l’âge avancé de Tetsuo Hara, et son problème de vue (cornée conique), on pourrait comprendre que la qualité de son trait baisse… Mais il n’en est rien, Ikusa no Ko est magnifique à regarder ! Le dessin est plein de détails, plus précis encore qu’aux débuts du dessinateur. Les arrières-plans sont toujours très fournis, et un travail de titan est réalisé sur chaque page, du découpage à l’encrage. Les mises en scène sont spectaculaires, et insufflent une fibre épique à l’ensemble. C’est une maîtrise impressionnante qui se dégage de chacune des planches.

Ikusa no Ko La légende d’Oda Nobunaga Avis Review Critique Tetsuo Hara Seibo Kitahara Manga Tome 1 Tome 2 Mangetsu Les Trésors du Nain Historique Histoire du Japon
© 2010 by TETSUO HARA AND SEIBOU KITAHARA/COAMIX

Et si certains personnages rappellent les design iconiques de Hara, avec des anatomies de bodybuilders (comme Sōon Takugen par exemple), j’ai été très surpris de découvrir le profil de Kippōshi ! Avec ses traits fins, et sa frêle musculature, il fait figure d’anomalie aux côtés de Kenshirō ou Keiji. De la même manière, Inumaru et Ginta sortent complètement du moule habituel de l’auteur. Ainsi, on trouve un certain vent de fraîcheur dans ce titre, et ce n’est pas pour me déplaire !

J’aurais cependant un petit bémol à émettre : certains personnages féminins (la mère de Kippōshi, les femmes d’Onigenta) ont une anatomie vraiment étrange, sont disproportionnés : cela m’a quelque peu déstabilisé.

Visuels : 4,5/5

Oda Nobunaga est connu pour avoir été un personnage extravagant. Et je dois dire que Ikusa no Ko rend très bien compte ce trait qui le caractérise. Cela commence visuellement, avec un Kippōshi chétif qui détonne au sein de ces nombreux colosses que sont les guerriers ou les dignitaires de haut rangs. Mais c’est évidemment le propos repris par l’histoire en elle-même. À une époque où l’honneur et la fierté guidaient encore les décisions, Kippōshi n’hésite pas à fuir ou à passer pour un idiot par exemple. Suivant la même idée, il ne fait pas grand cas de son statut social et s’entoure de mercenaires et de roturiers. Ce qui est important pour lui, c’est que les gens l’accompagnent, le suivent dans sa vision ! C’est un leader né, auquel le lecteur lui-même s’attache très vite !

Ikusa no Ko La légende d’Oda Nobunaga Avis Review Critique Tetsuo Hara Seibo Kitahara Manga Tome 1 Tome 2 Mangetsu Les Trésors du Nain Historique Histoire du Japon
© 2010 by TETSUO HARA AND SEIBOU KITAHARA/COAMIX

Mais, derrière ce personnage à l’aura impressionnante, il y a également d’autres personnages qui gagneraient à être développés. Pour l’instant, le récit manque encore d’un antagoniste à notre future légende : Yoshimoto Imagawa fera-t-il l’affaire ? Affaire à suivre.

Sinon, j’ai beaucoup aimé l’évolution de la relation entre Sōon Takugen, le maître de Kippōshi, etFrancisco, le « barbare de l’ouest », autrement dit un espagnol. Tous deux placent beaucoup d’espoir en Kippōshi. Plus anecdotique, mais autrement plus touchante, la relation entre Kippōshi et son père m’a beaucoup plu. En revanche, l’intérêt de Inumaru et Ginta pour le récit me semble encore un peu nébuleux.

Personnages : 3,5/5

Du point de vue des sujets abordés, Ikusa no Ko promet d’assez belles choses. L’oeuvre parle évidemment de l’Histoire du Japon, même si c’est de manière romancée. Et elle aborde en particulier la transition d’un Japon médiéval à un Japon plus « moderne ». Ce changement, est, de mon point de vue, pleinement incarné par Oda Nobunaga, le personnage principal. Ce dernier, futur gouverneur de sa province (et plus encore), est en opposition avec les conventions de son époque.

Ikusa no Ko La légende d’Oda Nobunaga Avis Review Critique Tetsuo Hara Seibo Kitahara Manga Tome 1 Tome 2 Mangetsu Les Trésors du Nain Historique Histoire du Japon
© 2010 by TETSUO HARA AND SEIBOU KITAHARA/COAMIX

À plusieurs reprises, on comprend que ce contraste marqué est en fait la conséquence de l’avant-gardisme de Kippōshi. Il est tellement ambitieux qu’il est capable de voir au-delà de ce que tout le monde voit, notamment en ce qui concerne l’art de la guerre. Une construction intelligente, qui lie le protagoniste et l’histoire dont il est l’acteur.

De manière plus détournée, le titre aborde des thèmes plus profonds, comme la question de la légitimité de succession, ou encore la perception et le regard des autres. J’ai d’ailleurs trouvé très intelligent de montrer Kippōshi qui trompe volontairement ses ennemis par l’image qu’il renvoie. Pour l’instant, nous n’avons pas vraiment de problématiques soulevées et d’éléments de réponses à celle-ci, mais je suis curieux de voir le développement de tout cela !

Thèmes : 4/5

Ikusa no Ko, en résumé :

Ikusa no Ko nous raconte l’histoire du mythique Oda Nobunaga, ou plutôt de Kippōshi, puisque tel est son nom de naissance.

Et si l’on connaît déjà le dénouement de ce récit grâce à l’Histoire, c’est une aventure épique que l’on est amené à découvrir. Entre complots politiques, batailles et rebondissements en tout genre, on est bien servi avec ces deux premiers tomes ! On a également droit à de l’humour, qui, même s’il est parfois un peu lourd, a le mérite de faire sourire.

L’extravagance caractéristique de Kippōshi est décrite à merveille. Que ce soit visuellement ou par ses actes, le protagoniste détonne de tout ceux qui l’entourent. Ambitieux, fougueux et doté d’un charisme naturel, l’idiot d’Owari est un personnage auquel on s’attache rapidement.

Derrière cette aura colossale, on découvre d’autres personnages qui, je l’espère, auront droit à plus de lumière par la suite!

Ce personnage, haut en couleur, incarne à mon sens le thème principal de l’oeuvre: la transition d’un Japon médiéval à un Japon « plus moderne ». La folie de Kippōshi n’est en fait qu’une façade destinée à tromper l’ennemi. Elle cache un redoutable stratège et un esprit des plus visionnaires… J’ai hâte de le voir briller face à ses ennemis, puisque, pour l’instant, le titre ne propose pas d’antagoniste notoire à notre future légende..!

Visuellement, Ikusa no Ko est un plaisir à regarder, à contempler. Qui plus est, Tetsuo Hara nous propose des designs plus variés que ce à quoi il nous avait habitué. Un petit coup de frais qui est vraiment appréciable !

Note : 16/20