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La Base: Pourquoi Dragon Ball N’EST PAS le papa du manga?

  • Balin 
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Dragon Ball papa du manga! Dragon Ball pilier du shonen! Pourquoi beaucoup pensent cela? Quelle a été l’influence de l’oeuvre de Toriyama?

L’oeuvre d’Akira Toriyama est probablement l’une des oeuvres les plus influentes de ces dernières années. Dans l’univers du manga, mais également dans celui de la Pop Culture. Pourtant, les abus de langage sont légion parmi la communauté!

Il est l’heure de rétablir quelques vérités! Pour cela, on inaugure une nouvelle rubrique sur notre site: La Base!

Dragon Ball, papa de qui?

Dire qu’une oeuvre est « mère » d’autres oeuvres signifie qu’elle est à l’origine de ces autres oeuvres. Elle est donc nécessairement antérieures aux oeuvres « filles ». De plus, pour établir le lien de filiation, il faut des éléments communs, des codes.

De même, dire qu’une oeuvre est « la base » signifie qu’elle a servi de fondation à d’autres oeuvres ou à un genre.

Papa du manga?

Assurément non. Dragon Ball a débuté en 1984, les premiers magazines de prépublication remontent au début du XXème siècle. Il y a donc eu des milliers de manga avant lui, et Dragon Ball est issu des codes initiés par ces derniers. Il n’est donc pas très pertinent d’en parler comme la base des manga ou le papa des manga.

Si quelqu’un peut prétendre au titre de Papa (voire un Dieu) du manga; c’est Osamu Tezuka. De part son oeuvre immense, plus de 700 oeuvres originales au compteur; mais aussi par son côté précurseur. En effet, il est considéré comme celui qui a repopularisé le manga et qui lui a donné tous les codes qui y sont aujourd’hui attachés. Découpage cinématographique, trait ultra expressif…

Papa du shonen?

Là encore non. Pourquoi? Tout simplement car le shonen est une cible éditoriale. Littéralement, cela veut dire « jeune garçon », et, de fait, cela désigne des oeuvres qui visent un public de jeunes garçons.
Cette catégorisation n’a pour but que de répartir les oeuvres dans les différents magazines afin de proposer un ensemble de d’oeuvres pouvant plaire à un lectorat particulier. De fait, cette catégorisation est fluctuante puisqu’elle s’adapte à son époque. Ce qui plaisait à des jeunes garçons en 1970 est différent de ce qui plaît aux jeunes garçons d’aujourd’hui.
Donc, si l’on doit trouver un inventeur au shonen, ce sont les maisons d’éditions japonaises.

Le shonen n’est pas un genre, il n’a pas de codes. Your Lie in April, Dragon Ball, Death Note ou Devilman n’ont rien en commun côté contenu, pourtant, ce sont tous des shonen. Il est impossible de trouver une base commune (si ce n’est le format manga).

Papa du nekketsu?

Là, on commence à approcher la vérité. Le nekketsu, « sang bouillant » est un genre de manga qui met l’accent sur le dépassement de soi. Le protagoniste y défend des valeurs telles que l’amitié, l’amour, la détermination. Face aux obstacles, il se relève toujours avec comme leitmotiv l’envie de devenir le meilleur.
Dragon Ball s’inscrit bien évidemment dans ce genre. Néanmoins, il n’en est pas le papa. D’autres oeuvres antérieures l’ont inspiré. La Nouvelle île au trésor est considéré comme le premier nekketsu. L’auteur? Osamu Tezuka évidemment. Par la suite, des oeuvres ont participé à l’évolution du genre, en lui donnant une dimension plus combattive: Ashita no Joe par exemple.

Dragon Ball : membre du Big Three? Eh non!

Le Big Three est une appellation connue et reconnue lorsque l’on s’intéresse à la culture manga. Elle désigne les oeuvres les plus influentes et lucratives du Weekly Shonen Jump… des années 2000!
De fait, il est facile de savoir où se place l’oeuvre de Toriyama dans ce Big Three… Elle n’en fait pas partie car elle ne paraissait déjà plus dans les années 2000.

Le Big Three désigne donc les 3 shonens du Weekly Shonen Jump qui se tiraient la bourre au cours des années 2000: One Piece, Naruto et Bleach.

Après la fin de Naruto puis de Bleach, les fans (anglais notamment) ont cherché un nouveau Big Three. Les avis divergent tant et si bien qu’il n’existe pas de réelle « relève » du Big Three. Simplement des oeuvres influentes et lucratives qui ne sont pas en compétition. Le Big Three restera donc un « moment » du Weekly Shonen Jump.

Quelle place pour Dragon Ball donc?

L’oeuvre d’Akira Toriyama vient s’inscrire dans la continuité, dans l’évolution du genre nekketsu. Avec Dragon Ball, c’est l’émergence d’un schéma narratif particulier ; mais aussi d’une nouvelle façon de découper l’action: plus dynamique, moins rigide. En cela, on peut parler d’un tournant, d’une révolution du genre nekketsu (pas du shonen, ni du manga).
En effet, par la suite, cela sera repris dans de nombreux nekketsu, notamment ceux du Big Three: One Piece, Naruto, Bleach. Mais aussi beaucoup d’autres.
Ainsi, si l’on devait trouver une place à Dragon Ball dans l’histoire du manga; ce serait celle d’une oeuvre de référence du genre nekketsu. Et éventuellement donc… le papa du Big Three!

Mais alors, pourquoi Dragon Ball reçoit-il ces appellations?

Cette confusion se retrouve quasiment uniquement dans la communauté francophone. Si je devais expliquer cela, je dirais que c’est grâce à, ou à cause de, Dorothée.

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Au cours des années 80, le public français s’est ouvert à l’univers manga grâce aux animes diffusés par Récré A2 (sur Antenne 2) puis par le fameux Club Dorothée (sur la TF1). Dragon Ball était absent de Récré A2, et pour cause, il n’était pas encore sorti en anime à l’époque (1977-1988). Mais il était bien présent dans le Club Dorothée (1987-1997)!
Et c’est à partir de là que les animes, puis les manga, se sont démocratisés en France.

Ainsi, la porte a d’abord été ouverte par des oeuvres comme Albator, Goldorak, Candy, Lady Oscar dans Récré A2.
Puis le public francophone a été conquis par les oeuvres telles que Dragon Ball, Saint Seiya et autres Hokuto no Ken. (Pour ce qui est du public internationale, il faut plutôt aller chercher du côté d’Akira)

De fait, l’oeuvre de Toriyama apparaît comme une oeuvre de référence lorsqu’il s’agit de la diffusion des anime en France. Pour beaucoup, ce fut le « premier anime » d’une longue série; qui s’est quelque part transmis au fil des générations. Dragon Ball a donc acquis un statut particulier auprès du public francophone et, la nostalgie jouant, se retrouve affublé de tout un tas de surnoms qui ne lui conviennent pas forcément.

C’est un peu comme dire que cet opening est le meilleur générique de Dragon Ball:

C’est peut-être celui qui nous a, personnellement, le plus marqué. Et, la nostalgie jouant encore une fois; il a une saveur très particulière. Néanmoins, il ne correspond pas vraiment à ce qu’est Dragon Ball.

En conclusion donc:

Dragon Ball est indubitablement une oeuvre qui a marqué son temps et qui continuera a marquer les esprits encore longtemps. Il s’agit d’une des oeuvres les plus populaires dans la sphère manganime mais également en dehors. Cependant, cette popularité lui prête parfois une réputation à laquelle l’oeuvre n’a jamais prétendu (ou ne peut pas prétendre). Certains diront ainsi que Dragon Ball est « surcôté », et parfois légitimement.

Avis aux fans donc: Oubliez les appellations de papa du manga ou papa du shonen ou les superlatifs. Qualifiez simplement Dragon Ball de ce qu’il est: une oeuvre de référence, qui en a inspiré plus d’un! À la limite, dites que c’est la base de votre culture manga personnelle.

Ah et… Lisez Dragon Ball; c’est génial. Et si les tomes ne font pas partie de votre collection (vous attendez quoi??), ils sont disponibles aux éditions Glénat.

À noter que les éditions en sens de lecture français ne seront plus commercialisées après le 30 novembre 2021.