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La Danse du Soleil et de la lune : T1 – Un voyage à l’ère Tenpō

  • Skalkoza 

Au mois d’Octobre dernier, nous vous annoncions que Ki-oon se dotait d’une nouvelle licence : La Danse du Soleil et de la Lune, second manga de la célèbre autrice Daruma Matsuura, que j’apprécie particulièrement. Vous devez probablement la connaître, ou en avez entendu parler. C’est elle qui est derrière le thriller à succès Kasane – La Voleuse de visage (série terminée en 14 tomes, disponible intégralement chez Ki-oon).

Depuis cette annonce, je n’avais qu’une seule envie : Être au mois de Février pour découvrir sa nouvelle série. Pourquoi tant d’engouement à son égard me direz-vous ? Et bien… Tout simplement parce que j’ai adoré le monde de la mangaka à travers le récit de Kasane. Son coup de crayon, l’ambiance de son histoire, baignée de drames et de surnaturel, en plus d’un scénario cruel ne m’avaient pas laissés indifférente ; bien au contraire.

Alors, chose promise, chose due. Après avoir eu le plaisir de recevoir le premier tome de son nouveau seinen (disponible depuis le 3 février en librairies) puis de le lire; je vous partage aujourd’hui mes impressions suite à cette nouvelle exploration.

Pour rappel, la série est en cours et compte 3 tomes parus jusqu’à présent au Japon.

Prêts pour un voyage temporel à l’ère Tenpō ? Partons, ensemble, à la rencontre du samouraï raté !

La Danse du Soleil
Couverture et jaquette du tome 1 de la Danse du Soleil et de la Lune. © Ki-oon – Daruma MATSUURA

Premières impressions : La couverture

Bien qu’il ne faille jamais juger un livre sur sa couverture, cette dernière n’en demeure pas moins importante et se doit d’être à la hauteur de l’œuvre. C’est elle qui en donne un premier aperçu, elle qui attise notre curiosité quant au contenu et guide quelque part notre choix de s’approprier l’œuvre ou pas.

Extrait de la review de The Eminence in Shadow

La jaquette du premier tome de La Danse du Soleil et de la Lune est magnifique et le contraste qu’on y voit est splendide.

Au premier-plan, il y a Konosuke, le samouraï maudit. D’un bleu-violet, on le voit chavirer dans le néant avec un visage empli de désespoir et d’abattement. Son envie « d’en finir » est palpable.

A l’arrière-plan, il y a sa femme, Tsuki. Habillée de blanc, d’une beauté sans pareil, elle domine et illumine cette jaquette. Avec ses grands yeux bleus-violets et son rouge à lèvres tel un clin d’œil à Kasane, elle représente l’espoir. A elle seule, elle est l’envie « de vivre ». D’ailleurs, on peut lire sur le revers de la jaquette « Je suis ici pour que tu vives ! ».

J’ai beaucoup apprécié la beauté, la simplicité et le raffinement de l’illustration. Elle symbolise un équilibre entre la vie et la mort, l’espoir et le désespoir, le blanc et le noir.

En dessous de la jaquette, on découvre une couverture en noir et blanc, représentant à nouveau Konosuke chavirant. Mais cette fois-ci, il est enfant. Il tend la main, en larmes et contemplant l’arrière du tome où l’on peut voir son sabre tordu; source de tous ses malheurs. On devine alors qu’il souffre, depuis tout petit. Enfant, il semblait demander de l’aide avec cette main tendue vers le ciel. Aujourd’hui, cet espoir paraît bien loin et il n’a qu’une envie : disparaitre.

Encore une fois, la beauté du message que la mangaka transmet avec ce parallèle adulte/enfant me touche profondément.

Note couverture 2/2

Le sauvetage de Konosuke © Ki-oon – Daruma MATSUURA

Scénario : est-ce qu’être enfin aimé pour ce que nous sommes redonne goût à la vie ?

Dans La Danse du Soleil et de la Lune, nous suivons les mésaventures d’un samouraï pas comme les autres, Konosuke. Pour une raison qu’il ignore, le métal se tord à proximité de sa peau. Cette particularité, bien qu’elle puisse sembler banale, handicape notre héros au plus haut point. Il ne peut pas se raser, ne peut pas faire bouillir de l’eau et bien sûr, ne peut pas manier un vrai sabre. Comment être un samouraï accompli et trouver du travail quand on ne peut pas porter de Katana et qu’on doit se contenter d’un Bokken (sabre en bois) ?

Konsuke est pauvre et entièrement dépendant de Otokichi, un vieil homme qui s’occupe de lui notamment pour lui préparer à manger. Sa vie est un enfer.

Voulant en finir car devenu la risée du village, il provoque une bagarre afin de mourir honorablement par le sabre, en guerrier. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu car son pouvoir écarte les lames de ses adversaires qui finissent par le rouer de coups et le jeter à la rivière. Alors qu’il glisse lentement vers la mort, il se remémore sa défunte mère qu’il n’a pas pu sauver, puis sent une étrange présence féminine.

Quand il se réveille, il se retrouve chez lui, hagard et déboussolé. C’est alors qu’un vieil homme frappe à sa porte et lui annonce qu’il est demandé en mariage par une jeune femme à la beauté ensorcelante ! Croulant sous la pauvreté et la famine, il accepte de l’épouser bien qu’il puisse trouver sa demande étrange.

L’histoire peut commencer…

Au rythme des phases de la lune, nous apprendrons à connaître Konosuke et Tsuki, à partager leur histoire et vivre au fil des pages la dissipation de la morosité du quotidien du héros. Être aimé… Il suffit parfois d’une seule personne, celle qui nous comprend et nous aime pour ce que nous sommes, pour nous redonner confiance en nous et goût à la vie. C’est, à mon avis, le message le plus important qui ressort des premiers chapitres de l’œuvre. En tout cas, c’est ce qui m’a le plus touchée. Bien que les débuts aient été compliqués, les beaux jours sont enfin arrivés.

Mais voilà. Comme la vie n’est pas toute rose, alors que tout semble aller pour le mieux, certains événements surnaturels vont venir assombrir ce quotidien ensoleillé. Sans en dire plus pour vous laisser le plaisir de la lecture, sachez que le dernier chapitre s’arrête sur un énorme cliffhanger. La suite promet d’être riche en retournements de situations.

Enfin, l’approche philosophique de l’œuvre sur certaines thématiques comme la solitude et la détresse m’ont tout de suite fait adhérer à l’histoire.

En lisant un seinen, je pars avec l’idée de trouver un scénario mature. Dans la danse du soleil et de la lune, le pari est réussi.

Scénario : 5/6

La Danse du Soleil
Le premier baiser © Ki-oon – Daruma MATSUURA

Dessin : La patte de Daruma Matsuura toujours aussi appréciable

Étant grande fan de Daruma Matsuura, retrouver ses dessins m’a fait du bien. Sa patte unique est appréciable. Ses planches sont soignées et retransmettent bien l’ambiance de l’ère Tenpō. Le voyage temporel est garanti. Son sens du détail, que ce soit pour les décors, les vêtements, les expressions des personnages ou autre, est incroyablement maitrisé. Je pense notamment aux mains d’Otokichi, usées par l’âge et la misère. Au petit caillou, qui se soulève quand le samouraï avance. Aux resplendissants yeux de Tsuki qui, tout comme sur la jaquette, illuminent chaque page dans laquelle ils se trouvent.

Les mains d’Otokichi tenant des Tenpō Tsūhō (200 Won, l’équivalent d’1/20 de Ryo) © Ki-oon – Daruma MATSUURA

Je me suis régalée avec les décors et les arrière-plans. Que ce soit sur les scènes de la vie de tous les jours ou celles de combats (peu nombreuses), la mangaka a pris le temps de faire les choses comme il se doit. D’ailleurs, sur les scènes de combats, le dynamisme est tel que j’ai eu l’impression de voir les images s’animer !

Enfin, si je devais faire un reproche aux dessins, c’est que parfois, quoi que cela reste rare, la qualité baisse. Je suis tellement habituée aux détails de la mangaka que ne pas en voir sur certaines cases, ou les voir trop simplistes, me dérange. Ce n’est pas de ma faute si Matssura m’a habituée aux belles choses ! Aussi, il n’y a aucune page en couleurs ce qui dommage. Mais rassurez-vous, cela n’enlève en rien à la beauté de l’œuvre.

 Note dessin 5/6

La Danse du Soleil
Du soin apporté à chaque détail © Ki-oon – Daruma MATSUURA

Personnages : Un duo attachant au centre de l’intrigue

Le récit est centré sur les deux personnages principaux : Konosuke et Tsuki.

D’abord, l’autrice nous présente Konusuke à travers sa vie actuelle. Triste et n’ayant aucune ambition, il maudit tous les jours le pouvoir qui détruit sa vie et dont il se serait bien passé. Au fil des pages, son passé est dévoilé pour laisser entrevoir toute la souffrance qu’il traine depuis son plus jeune âge. J’ai ressenti énormément d’empathie envers ce personnage dont l’évolution est bien amenée au fil de la lecture. D’abord, il est perdu et veut en finir. Ensuite, il s’adapte tant bien que mal à sa nouvelle situation de marié. Enfin, il apprend à être heureux avec celle qui est aujourd’hui sa source de bonheur. Pour la protéger, il est désormais prêt à tout.

Ensuite il y a Tsuki. La jeune femme est intrigante de la première à la dernière page. Nous ne savons pas grand-chose sur elle hormis son envie de « sauver » Konosuke. Malgré cela, je n’ai pas senti un manque dans l’histoire. Juste une envie d’en savoir plus sur elle, probablement dans les prochains tomes.

Petit détail sympathique, le nom de Tsuki n’est révélé que tardivement dans l’histoire. Comme pour montrer l’importance qu’elle revêt aux yeux de Konosuke. Une fois qu’il lui a laissé une place dans son cœur, elle est passée de la belle jeune femme qu’il a épousé à « Tsuki », celle qu’il aime, ou du moins, qu’il commence à aimer.

Côté personnages secondaires, quelques-uns sont intéressants mais encore une fois, on ne sait que très peu de choses sur eux. D’une manière générale, ils ont tous eu un rôle à jouer. Ils n’étaient pas là par hasard. Pour les plus intéressants, je peux citer Otokichi, celui qui prend soin de Konosuke. Il y a également le samouraï qui a jeté Konosuke à la rivière et qu’on revoit plus tard quand Tsuki lui tient tête. Il y a l’enfant au masque de Oni, celui qui se dit être de la même espèce que Tsuki.

Note personnages 5/6

La Danse du Soleil
Un brin de bonheur souffle enfin © Ki-oon – Daruma MATSUURA

NOTE GLOBALE 17/20

Mes impressions sur la danse du Soleil et de la Lune, en résumé

J’ai passé un agréable moment en lisant La Danse du Soleil et de la Lune. L’histoire est centrée sur Konosuke et Tsuki et avance à un bon rythme. Rien n’est fait dans la précipitation. Certaines thématiques autour de la solitude, de l’estime de soi, du fait d’être aimé et d’avoir à nouveau goût à la vie m’ont profondément touchées. Ajoutez à cela une dose de surnaturel comme Matsuura en a le secret, et vous aurez là un très bon récit ! Seule chose regrettable : Il n’y a pas de bonus à la fin du tome bien que des pages blanches semblent être là à cet effet.

Comme écrit plus haut, lorsque je lis un seinen, je pars avec l’idée de retrouver un scénario mature. Dans la Danse du Soleil et de la Lune, le pari est réussi.

Côté dessins, le coup de crayon de la mangaka est beau et soigné. Elle attache de l’importance aux détails ce qui rend la lecture agréable. La lune, au-delà du fait de prêter aux chapitres le nom de ses différentes phases, est représentée à plusieurs reprises. Le fait qu’elle soit souvent présente dans l’œuvre cache sans doute une signification que ne nous connaissons pas encore. D’ailleurs, Tsuki signifie Lune en Japonais.

Le mystère ne s’arrête pas là ! Il reste énormément de choses à découvrir, énormément de mystères à élucider : Quel est le secret de Tsuki ? Pourquoi ressemble-t-elle tellement à la mère de Konosuke ? Que voulait dire l’enfant au masque de Oni « nous sommes de la même espèce » ? Quelle est la nature du pouvoir de Konosuke ? Pourquoi Tsuki l’a sauvé de la noyade ? Qui est Dosuke Yatsugawa ? Qu’est-ce que le bureau du Yin et du Yong ?

Toutes ces questions ne laissent place qu’à une seule envie : celle de dévorer la suite au plus vite. Malheureusement, aujourd’hui, nous n’avons aucune information quant à la date de sortie du tome 2. (Update : le tome 2 sortira le 5 Mai 2022).

Je m’arme de patience et vous donne rendez-vous dès la sortie du deuxième tome pour la suite des aventures de la Danse du Soleil et de la Lune !