On poursuit notre découverte de l’oeuvre de Lovecraft par le prisme de Gou Tanabe avec la dernière sortie des éditions Ki-oon : LES CHATS D’ULTHAR !
LES CHATS D’ULTHAR (et autres récits), one-shot
La bibliographie de Lovecraft est foisonnante, et, à la manière de certains peintres, on peut y distinguer plusieurs périodes. On peut ainsi citer le cycle du Mythe de Cthulhu (Celui qui Hantait les Ténèbres, Le Cauchemar d’Innsmouth) et le cycle des Histoires Macabres. Mais celui qui nous intéresse ici est le Cycle du rêve ! En effet, l’adaptation manga LES CHATS D’ULTHAR propose trois nouvelles issues de cet « arc » lovecraftien.
À Ulthar, les chats sont omniprésents. Ils envahissent ses rues et observent ses habitants… Personne n’a le droit de s’en prendre à eux depuis qu’un terrible événement a prouvé leur esprit de vengeance… Barzai, savant respecté de la ville, est à l’origine de cette règle hors du commun. Mais nul n’est à l’abri de l’orgueil, pas même le plus sage des hommes. Obsédé par la connaissance, il brise tous les tabous, quitte à s’attirer la colère des dieux… Kuranès, lui, est possédé par le rêve de la fabuleuse cité imaginaire de Céléphaïs. Pour l’atteindre, il est prêt à tout, même à risquer le sommeil éternel…
Comme pour le reste de la collection, on retrouve une fabrication exceptionnelle. La couverture en similicuir, le papier épais et bien blanc permettant de rendre grâce au trait charbonneux de Gou Tanabe.
Bienvenue dans le Cycle du rêve de Lovecraft !
Avec LES CHATS D’ULTHAR, c’est donc un nouveau pan de l’oeuvre de Lovecraft que l’on découvre. L’horreur est toujours bien présente, mais une dimension onirique vient s’ajouter. Pour les non initiés, il peut être un peu difficile de se plonger dans ce nouveau cycle par la structure particulière de ses histoires.
Céléphaïs cristallise cette problématique car le rêve y tient une place principale. Dormir permet de voyager, d’explorer, mais les transitions sont aussi abruptes qu’un réveil peut l’être. Pour autant, on arrive assez facilement à reconstituer cet univers, ses lieux et son panthéon divin. Pour les habitués de l’horreur lovecraftienne, elle prend ici une forme bien différente !
Univers : 4/5
À la manière du recueil Le Molosse, LES CHATS D’ULTHAR nous propose trois nouvelles : Céléphaïs, Les Chats d’Ulthar et Les Autres Dieux. Celle qui donne son titre au recueil est, à mon sens (mais aussi pour beaucoup), une des meilleures nouvelles de Lovecraft. Et j’ai trouvé que Tanabe le lui rendait très bien!
Les deux autres sont très intéressantes également, avec une tension bien gérée mais elles sont plus cryptiques ! C’est d’ailleurs un petit exploit de Tanabe en soi puisque ce sont à l’origine des nouvelles très courtes (on parle de quelques pages seulement…!). Le mangaka nous propose ainsi un ensemble plutôt cohérent, même si inégal.
Scénario : 4/5
LES CHATS D’ULTHAR s’éloignant des visions infernales du cycle de Cthulhu, les visuels sont forcément moins « bruts ». Néanmoins, des envolées diffuses conservent l’ambiance hallucinée. Tanabe construit ainsi, et encore une fois, une identité graphique qui porte ces récits. Il y a quelque chose de très froid, d’inquiétant.
Le revers de la médaille, c’est que l’ensemble est rigide, que ce soit dans les poses des personnages, dans leurs expressions ou même dans le découpage. Ainsi, le reproche que j’ai déjà pu faire sur les précédentes adaptations est toujours présent. Je dirais même qu’il est exacerbé par ces histoires au cadre restreint.
Visuels : 3,75/5
Dans LES CHATS D’ULTHAR, il est question de l’obsession des humains, pour la connaissance ou pour échapper à la réalité. Et c’est quelques chose que j’aime particulièrement dans ce cycle. Si on ne retrouve pas ce cher Randolph Carter, Kuranès, Barzai sont des individus qui s’abandonnent totalement à leur obsession.
Atal est plus « ordinaire », dans le sens où il n’est pas initié aux différentes mystères de cet univers. Mais on sent poindre cette curiosité en lui à mesure qu’on le suit. De la disparition d’un chat à l’escalade du mont Hatheg-Kla, il y a eu un lâcher-prise ! En tant que lecteur, on se sent donc doublement proche de lui : on ne sait rien de cet univers, et on veut en apprendre plus.
Thématiques : 3,75/5
LES CHATS D’ULTHAR, en résumé :
💎 Ce que j’ai aimé :
- La mise en image d’un nouveau cycle de Lovecraft, plus onirique.
- L’adaptation des Chats d’Ulthar, une des meilleures nouvelles de l’auteur.
- Les thématiques propres au cycle du rêve.
- Des représentations plus diffuses, et l’ambiance hallucinées.
🪨 Ce que j’ai moins aimé :
- L’aspect figé du dessin.
Note globale : 16/20
Et pour toujours plus d’horreur…