Avec la réédition lancée en 2021 par Panini, on peut désormais (re)découvrir Banana Fish, le chef d’oeuvre d’Akimi Yoshida avec une Perfect Edition.
La Perfect Edition, s’il vous plaît!
Pour cette réédition Banana Fish, Panini Manga a opté pour la Perfect Edition. On découvre ainsi des tomes doubles (quasiment), au format A5, mais sans aucune page couleur malheureusement. Une belle édition néanmoins, avec un papier de qualité je trouve. J’aime beaucoup les couvertures aussi, avec les impacts de balles et le vernis sélectif; elles sont du plus bel effet.
« Banana Fish ». Comment ces deux mots peuvent-ils détruire la vie d’un homme? Comment peuvent-ils changer le monde? Une énigme qui lie le destin d’Ash Lynx à son frère…
Le seul reproche que je pourrais faire à cette édition… C’est son prix: 16,99€. Certes c’est un équivalent de deux tomes, mais c’est quand même un budget… La série comptera donc 10 tomes, avec un dernier tome enrichit d’histoires courtes inédites.
Et pour ceux que ça intéresse, l’adaptation animée (excellente aussi), produite par MAPPA en 2018, est disponible sur Amazon Prime Video.
Banana Fish: qu’est-ce qui se cache sous cet étrange nom ?
Banana Fish, c’est l’histoire d’Ash Lynx, un jeune chef de gang vivant à New York. Un jour, au détour d’une ruelle, il tombe nez à nez avec un homme qui vient tout juste de se faire tirer dessus. Ses derniers mots sont étranges : Banana Fish.
Pour Ash, ces deux mots résonnent, ils font écho : ces mots, ce sont les seuls qui entend depuis des années de la part de son frère, qui est dans un état végétatif depuis son retour du Vietnam.
Et l’intrigue est ainsi lancée. Qu’est-ce que ce mystérieux Banana Fish? À quoi cela sert ? On est rapidement happé par cette intrigue. L’autrice sait attiser notre curiosité et met habillement en place tout un tas de rebondissements qui rendent l’histoire passionnante; comme lorsqu’elle lance ses personnages dans un road-trip ! La narration est intelligente et permet de garder tous les éléments en tête et donc de ne jamais se perdre dans le récit.
Histoire: 5/5
En ce qui concerne le dessin, Banana Fish propose quelque chose d’assez intéressant je trouve. Le trait d’Akimi Yoshida est clair, précis. J’aime beaucoup les designs également; ils correspondent à merveille aux personnages. Mention spéciale pour la belle gueule d’Ash évidemment. On apprécie le soin apporté aux arrières plans, mais aussi aux vêtements des personnages. Cela permet une totale immersion dans ce New York des années 85.
Mais le dessin ne se contente pas d’être contemplatif. En effet, avec un découpage efficace et des actions percutantes, le manga parvient à nous imposer un rythme de lecture soutenu. On dévore les pages, les unes après les autres.
D’ailleurs, parti-pris intéressant de cette édition: il n’y a pas de chapitres! Cette absence, paradoxalement bienvenue, renforce la fluidité du récit.
Le seul reproche que je pourrais faire, ce serait que le trait a un peu mal vieilli. Le code graphique de l’autrice a un côté old school qui peut ne pas plaire à tout le monde. Il en va de même pour le découpage, bien moins dynamique que les manga actuels, et qui ne mettra pas tout le monde d’accord. Même si d’un autre côté, je trouve que c’est le plus adapté. N’oublions pas qu’on est sur un thriller, donc l’action reste sporadique.
Dessin: 4/5
Parmi les grandes forces de Banana Fish, je retiendrai ses personnages. Ash Lynx est jeune mais il a un vécu difficile, et l’autrice met un point d’honneur à nous le faire comprendre. Dès lors, on ne peut que s’attacher à lui. On est admiratif de sa force de caractère, de son aura; mais on est aussi très touché lors de ses moments de doute, ses passages à vide.
Les autres personnages ne sont pas en reste. Dino Golzine fait un excellent mafieux, on sent qu’il a le bras long, il sait en imposer. Arthur est un très bon outsider tentant par tous les moyens de supplanter Ash. Les deux sont de parfaits antagonistes à mon sens. Parmi les alliés d’Ash, j’ai beaucoup aimé Eiji qui, bien que très naïf, s’efforce toujours de faire de son mieux et de venir en aide.
Mais il est bel et bien impossible de regrouper les personnages de Banana Fish en seulement deux catégories. Ce qui contribue à faire des personnages une force, c’est l’absence de manichéisme. Et Akimi Yoshida fait preuve de maestria dans le domaine. Ses personnages ont une consistance, une densité impressionantes. Shorter Wong est l’un des meilleurs exemples, et un de mes favoris. Torturé entre son appartenance ethnique, sa loyauté à Chinatown et son amitié et son respect pour Ash; le personnage fait face à de cruels dilemmes moraux: quel camp choisir?
Personnage: 5/5
L’autre point que j’ai particulièrement apprécié; c’est l’univers de Banana Fish. En tant que shōjo, une oeuvre pour jeunes filles, on pourrait s’attendre à une histoire légère abordant une enquête de police. Mais ce n’est évidemment pas ce que nous propose Akimi Yoshida. L’univers de Banana Fish est noir, rude. Il est question de mafia, de trafics d’armes, de violence, de drogues, de prostitution, de pédocriminalité aussi. Avec tous ces éléments, les thématiques abordées ne peuvent qu’être un peu sordides; mais leur traitement est si complet et juste qu’on est avide d’en savoir plus.
L’intrigue de fond, concentrée sur le mystère Banana Fish, contribue aussi à rendre l’univers sombre. Cette chose qui fait l’objet de toutes les convoitises implique irrémédiablement de la violence, physique, psychologique. Et elle donne aussi une cohérence à l’univers: tout tourne autour de Banana Fish.
Univers: 5/5
Banana Fish, en résumé:
Que dire après cette lecture… Si ce n’est qu’elle est absolument géniale! Je ne le cacherai pas, j’ai adoré les trois premiers tomes de Banana Fish, et j’attends la suite avec impatience. On m’avait plutôt bien vendu l’oeuvre, après lecture, je peux dire que c’est pleinement mérité.
L’histoire débute sur les chapeaux de roues. On est tout de suite plongé dans cet univers mafieux, où la pauvreté pousse les jeunes au vice. Le rythme est effréné et les pages s’enchaînent grâce à une narration fluide et un découpage efficace.
Bien évidemment, la drogue, les armes, les meurtres font partie du lot quotidien; mais un fantôme surgi du passé vient chambouler totalement cet équilibre. Banana Fish. Qu’est-ce que c’est? À quoi cela sert? C’est le gros mystère de l’oeuvre et un point essentiel de l’intrigue. Une chose est sure… Ceux qui savent meurent. Difficile de faire plus intrigant.
On suit les aventures d’Ash Lynx, un jeune chef de gang au passé obscur; et dont le frère, dans un état végétatif depuis son retour de la guerre du Vietnam, ne cesse de répéter un mot… Banana Fish. Le traitement des personnages est magistral, un soin particulier est apporté à leur psychologie tant et si bien que tout manichéisme disparaît. Et c’est, à mon sens, une des choses qui fait que les thématiques sont traitées avec autant de justesse.
Le tout est soutenu par le trait clair et expressif d’Akimi Yoshida. Le découpage est efficace et il rend la lecture encore plus fluide qu’elle ne l’est déjà. On peut reprocher un côté un peu old-school, mais pour ma part, j’y trouve un charme.
Si vous hésitiez encore, je vous invite à vous laisser tenter par l’oeuvre d’Akimi Yoshida. Lancez-vous dans le monde des shōjo, qui regorge également de pépite, trop méconnues.
Note globale: 19/20
Et si cela ne suffit pas, peut-être que Lexxie saura vous convaincre: Banana Fish : Un must-read et plus encore ?