Aujourd’hui, dans le coffre au trésor, c’est un manga des éditions Ki-oon ! On va donc parler du dénommé Tsugumi Project! Qu’en est-il ?
On vous en avait parlé suite à l’annonce de Ki-oon, maintenant je vous présente le tome 1!
Je rappelle qu’il s’agit d’une création originale Ki-oon, dessinée et écrite par ippatu.
C’est parti!
Avant-goût de Tsugumi Project!
Donc tout d’abord, magnifique couverture! Les couleurs rendent vraiment bien.
Et je vais donc procéder à une petite analyse puisque celle-ci le permet!
On peut y observer un personnage à l’air patibulaire, probablement le personnage principal. Il semble bien rodé au combat et porte une sorte de hache/piolet.
En fond, on distingue une ville en ruine, dans laquelle la nature semble avoir repris ses droits. En témoignent des arbres poussant à différents étages des gratte-ciel.
On peut également voir deux personnages en fond; surplombant la ville. Les deux semblent être des hybrides d’animaux:
Le plus distinguable est une jeune fille, possédant des pattes d’échassiers. Un mélange assez étrange donc. D’ailleurs elle ne semble pas la seule à posséder cette caractéristique puisqu’elle “traîne” un autre individu à pattes d’échassier.
Le second personnage semble plus bestial. Une sorte de créature rappelant la chimère de la mythologie grecque, celle abattue par Bellérophon. Un félin (entre le tigre et le lion) avec une sorte de chevelure semblable à celle d’un humain.
Pour la 4e de couverture, on retrouve ce qui semble être notre tigre chimérique, sur un fond de lune rouge.
Et bien évidemment un synopsis de ce que sera l’histoire:
Un combat pour la survie dans un Japon post-apocalyptique !
Léon, soldat d’élite d’une Europe militariste, est embarqué de force dans une expédition secrète. Dans un Japon en ruine, abandonné depuis plus de 200 ans, lui et ses compagnons d’infortune doivent récupérer une arme terrifiante. Son nom de code : Tsugumi. Tout ce qu’on sait d’elle, c’est que son potentiel de destruction est tel que le monde a préféré écraser l’archipel sous une pluie de bombes atomiques plutôt que de voir son développement mené à terme…
Mais l’opération tourne court : l’avion s’écrase, et Léon se retrouve seul dans la baie de Tokyo. Affamé, à bout de forces, avec pour unique protection une combinaison antiradiations, il découvre vite que la métropole n’est pas aussi déserte que prévu… Sa course pour la survie commence !
Lancez-vous dans une quête désespérée au cœur d’un Japon post-apocalyptique ! Avec son bestiaire d’une richesse incroyable, ses personnages charismatiques et ses décors extraordinaires, Tsugumi Project vous marquera au fer rouge…
On comprend désormais ce que sous-entend le titre. Et également les hybrides humains- animaux découvert en couverture. Ils sont probablement les habitants de Tokyo résultant des multiples bombardement.
Embarquons donc avec Léon, puisque tel est son nom, vers ce Tokyo post-apocalyptique!
Pour ceux que cela intéresse, Ki-oon a mis à disposition le premier chapitre sur son site. C’est juste ici.
Après la lecture de Tsugumi Project!
Bon, y’a énormément de choses à dire sur ce premier tome, alors par souci de clarté je ferai une critique par chapitre.
On commence donc par des pages couleurs. Et j’avoue avoir été surpris. Ki-oon a mis le paquet, ce n’est pas moins de 11 pages couleurs! Et cela continue ensuite puisque, après celles-ci, on retrouve 5 pages sur papier glacé! C’est assez rare pour le souligner je trouve. Un premier tome vraiment qualitatif du point de vue de l’édition donc. En sera-t-il de même pour le contenu?
Les premières pages (couleurs) mettent en scène un personnage féminin. Il s’agit visiblement de celui présent sur la couverture. Fait somme toute étrange, on ne voit pas ses jambes et les pages sont muettes!
Le tout se déroule dans un paysage post-apocalyptique, et ce que l’on peut en retenir c’est que c’est très beau!
Vient ensuite le début de l’histoire à proprement parler, le premier chapitre.
Chapitre 1: L’ancien Japon
La mission
On nous présente donc le personnage principal, Léon. Balafré, avec son air blasé. Celui-ci fait en fait partie d’un projet de “réinsertion” si l’on peut dire. Lui, et ses camarades, sont des condamnés à mort et se voient affublés d’une mission, qui, si elle est un succès, leur accordera le droit d’effacer leurs crimes.
Un deal plutôt réglo en apparence. Sauf que, comme dit dans le résumé, il est question d’une arme de destruction massive appelée Toratsugumi. Qui plus est, cette arme se trouve en plein milieu du Japon, pays complètement dévasté et empli de radioactivité.
C’est une quelque sorte une mission suicide, réalisable uniquement par des gens n’ayant rien à perdre. On nous donne quelques précisions quant à la situation mondiale, notamment sur la nécessité d’obtenir cette arme en priorité.
En revanche, aucune information sur les raisons du bombardement du pays du Soleil Levant.
Mais dès l’annonce de la mission, la contestation se fait sentir. Un des “compagnons” de galère de Léon se fait entendre mais… Il ne récoltera qu’une balle dans le crâne. Cette scène pourrait être anodine si l’on se trouvait en plein milieu du récit. Mais là, ce sont les premières pages!
Le ton est posé de suite. La contestation n’est pas permise. Et en plus de ça, la mort rôde, elle est proche et peut surgir à n’importe quel moment. Et le destin rend bien compte du fait que cet échange est à sens unique.
C’est fort également puisqu’une question viendra se poser dès le début: le fait que ce soit des condamnés à mort justifie-t-il qu’ils soient tués de la sorte?
Cela provoque une certaine empathie pour ce personnage, qui pourtant n’a ni nom, ni passé.
On nous présente également un personnage, Doudou. Il semble assez excentrique, pourtant il s’agit d’un espion Perse. Malgré son caractère exubérant, on sent une certaine intelligence, une vivacité d’esprit dans ce personnage.
Il parvient, en une phrase, à déstabiliser Léon, qui jusqu’à lors semblait impassible.
Le crash
Puis, l’avion se crashe. Léon se retrouve seul au milieu d’un territoire inconnu. C’est sublime, vraiment, les paysages fourmillent de détails. Ce que j’ai trouvé intéressant dans cette mise en scène, c’est qu’en mettant Léon seul au milieu de ce nouveau monde, on s’identifie rapidement à lui. Je m’explique, comme Léon, nous lecteur ne connaissons rien du monde qu’ippatu nous présente.
Mais à la différence de Léon, nous n’avons pas besoin de trouver à boire, à manger et nous n’avons pas de menottes.
Autre différence, nous n’avons pas de présence hostile qui nous observe. Car oui, Léon doit composer avec ça aussi. Ce nouveau Japon est loin d’être inhabité. Relativement étranges, les habitants ressemblent à des singes croisés avec des oiseaux.
Ce moment de solitude sera également l’occasion pour ippatu d’aborder le passé de Léon. Je n’en dirais pas plus là dessus, mais on apprendra les raisons de sa venue et son but final. Le passage est court, mais très puissant.
Ce premier chapitre se termine par une scène magnifique, permettant de nous présenter les deux autres personnages présents sur la couverture.
Léon est en danger, encerclé d’hommes-singes. Quand soudain, surgissent la jeune fille du début du récit, ainsi que ce qui semble être son animal de compagnie, Tora.
(Retenez bien ce nom, peut-être avez-vous déjà deviné d’ailleurs).
Et là, je ne peux que m’incliner et applaudir face au dessin d’ippatu. Tellement de puissance, de bestialité se dégagent de ces deux personnages.
Là encore, le fait qu’on puisse s’identifier à Léon est important. Comme lui, on est subjugué par ce que l’on voit.
Un excellent premier chapitre, j’y reviendrai en fin de critique.
Chapitre 2: La fille aux pattes d’oiseau
Ce chapitre début très fort, avec le combat de Tora contre les singes-oiseaux.
La scène est magnifique, les rapports de force sont sublimés par le dessin qui vient mettre en exergue l’action ultra-violente. On reste muet devant tant de puissance.
S’en suit une scène plutôt comique dirais-je, qui ne peut que contraster avec le reste. Je vous laisse la découvrir mais je ne pouvais pas ne pas la mentionner. En effet, celle-ci va poser les bases de la relation entre Léon et la jeune fille.
On retrouvera ensuite Léon, qui, après s’être évanoui, se trouve au beau milieu d’habitations.
Là encore, relevons la capacité de l’auteur à représenter des paysages ultra-détaillés.
Ce chapitre nous montre comment se débrouille Léon dans ce nouveau monde, tout en nous montrant qu’il est constamment sous surveillance. C’est un excellent moyen pour nous montrer ce qu’est devenu le Japon, et, là encore le trait d’ippatu fait mouche!
En fin de chapitre, Léon tombe à nouveau sur la jeune fille. Encore une fois, la scène est cocasse. C’est appréciable après un passage aussi noir et sombre que celui que l’on vient de traverser.
A l’issue de cette scène et de ce chapitre donc, on apprend que la jeune fille aux pattes d’oiseau se prénomme… Tsugumi! Vous l’avez maintenant j’espère?
Ce chapitre 2 marque la fin de l’exposition, on sait où l’on est, on sait où l’on va, on sait qui sont les acteurs et leurs buts. Maintenant, les choses sérieuses commencent.
Chapitre 3: La loi de la nature
On reprend avec Léon. Celui-ci est toujours en exploration. L’occasion pour nous d’en voir toujours plus sur ce Japon dévasté. On prendra connaissance de quelques états d’âmes de Léon.
Puis on changera de point de vue, pour prendre celui de Tsugumi.
Et là on commence à entrer dans quelque chose de très dur à faire. Mais qu’ippatu réussi cependant. En effet, Tsugumi et Tora ne parlent pas. Tout se passe dans les gestes, dans les regards. Du dessin à l’état pur donc.
Pourtant, on y apprend la nature de la relation entre les deux personnages et leurs caractères respectifs.
Pour mes yeux de dessinateurs, c’est quelque chose d’impressionnant et aussi de gratifiant, cela montre que le dessin peut se suffir à lui-même.
Je vous laisse découvrir ce qu’il en est. Mais c’est vraiment génial.
Retour au point de vue de Léon, toujours en train de crapahuter sur les terres japonaises.
Jusqu’à ce qu’il tombe sur une sorte de village de singes-oiseaux. Et là… Il y découvre Doudou.
Cette rencontre fortuite ne l’est pas totalement, pour ma part je l’ai sentie venir dès le moment où Doudou à questionner Léon. Pourtant, elle change grandement la donne.
S’en suivent alors le sauvetage puis la fuite de nos deux compères, évidemment cela ne se passe pas comme prévu.
Chapitre 4: Cataclysmes
Le chapitre reprend donc sur les complications liées à la fuite. Léon et Doudou se sont fait repérer par les singes-oiseaux.
S’en suit une course poursuite dans la pénombre. Hyper dynamique, on serait presque essoufflé tellement elle est prenante et immersive.
Je n’en dirais pas plus sur la fin de cette course poursuite.
On reprend donc avec nos deux personnages (sains) et saufs. Et l’inévitable se produit, la rencontre de nos 4 personnages.
Puis, à travers une conversation entre Doudou et Léon, on en apprend un peu plus concernant la mission. Je n’en dirais pas plus non plus également, car je pense que c’est important pour l’histoire et son déroulement futur, je ne voudrais pas tout vous spoiler non plus.
Bonus: Dossier Tsugumi
Si vous avez lu mes autres critiques, notamment celle sur Baltzar, vous devez savoir que j’aime les bonus en fin de tome.
Et là je suis vraiment, vraiment content. Merci Ki-oon d’avoir gardé/ajouté ceci.
A la fin de ce tome donc, on retrouve un dossier. Celui-ci nous apporte plein d’informations: sur l’auteur tout d’abord. On retrouve ainsi une interview de celui-ci, où il aborde son parcours et ses anciens projets mais aussi ses inspirations.
Puis on a quelques informations concernant le Japon post-apocalyptique, le cadre de l’histoire. Ce qu’il s’est passé, mais là encore on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants de la catastrophe.
Et on finit par des informations et des visuels concernant les personnages principaux.
Des esquisses préalables mais également de véritables illustrations.
On y apprend quelques petites choses très sympa.
Je trouve juste dommage que les illustrations ne soient pas en couleur, mais uniquement en niveau de gris. Mais bon, je ne vais pas cracher sur la soupe, j’ai mes bonus et c’est déjà un excellent point!
Le mot de la fin, le mot du Nain
Alors excellente surprise. J’avoue que le titre m’avait un peu tapé dans l’oeil lors de l’annonce, mais je ne m’attendais pas à y accrocher autant. Le post-apo n’est pas vraiment un genre avec lequel je suis familier.
Mais passons. Ce tome est selon moi un excellent premier tome. Notamment grâce à ce premier chapitre. Un peu de background, juste ce qu’il faut, et on est directement plongé dans l’action. On découvre ce personnage qu’est Léon, mais aussi son passé, ses motivations, ce pour quoi il est là finalement. On découvre également l’enjeu principal de l’histoire, ce fameux projet Toratsugumi. Toutes les bases sont posées! Même celles de l’univers, que ce soit dans la bestialité et la brutalité qui y règnent ou bien dans l’aspect post-apocalyptique. Je vais me répéter un peu, mais le dessin d’ippatu est sincèrement sublime.
Les autres chapitres sont un peu moins riches et denses, mais tout aussi puissants et efficaces. On ne se perd pas vraiment en détail, mais on n’oublie pas l’essentiel. Tout y est, la tension, l’action, l’aspect survie, l’aspect sentimental, et l’auteur nous gratifie même d’un peu de comique pour égayer ce monde bien morne et sombre! Et même si le projet Tsugumi n’est pas tout à fait évoqué, on en apprend quand même sur lui!
Et évidemment, chaque chapitre à des scènes marquantes. Mention spéciale pour le passage muet!
En résumé, un excellent premier tome qui donne envie de lire la suite, qui pourrait bien être excellente elle-aussi avec de telles bases. Probablement une série de plus à ranger dans mon coffre… Reste à trouver la place…
© ippatu / Ki-oon