“Vous m’avez sous-estimé parce que vous m’avez pas regardé; vous m’avez vu mais vous m’avez pas regardé” – Lupin dans l’ombre d’Arsène
Hello cher Gaakettes et chers Gaakiens, on espère que vous vous portez bien !
Cette phrase, elle est prononcée par Omar Sy, alias Arsène Lupin, dans “Lupin, dans l’Ombre d’Arsène” la série éponyme disponible depuis vendredi 8 janvier, sur Netflix. Et pour celles et ceux qui se montraient jusqu’à présent réticents, à découvrir cette relecture fictive moderne, reprenant les grandes aventures du gentleman cambrioleur et qui cartonne dans le monde depuis une semaine, on le vous confirme! Vous avez grandement sous-estimé ce personnage mythique et son créateur Maurice Leblanc.
C’est en tout cas, ce que l’on va tenter de vous prouver, Caym et moi dans cette critique à double voix. Au fait “moi”, c’est Mario Lawson, (non, je vous rassure il ne s’agit pas d’une identité créée de toutes pièces, comme notre antihéros mentionné ci-dessus) dernière recrue de la Team 7. Vous me retrouverez à partir de maintenant, pour un rendez-vous REVIEW quasi hebdomadaire de trois mangas qui me tiennent à coeur :One Piece, Edens Zero et Fairy Tail 100 Year Quest.
(P.S : La review du chapitre 125 d’Edens Zero aurait dû être mon premier article, mais après avoir binge-watché Lupin au crépuscule, dans la nuit de vendredi à samedi, jusqu’à 4h32 exactement (no joke), une critique s’imposait naturellement).
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Le duo Lupin/Leblanc (un peu de contexte historique ne fait pas de mal, voyons !)
Qui est ce personnage d’Arsène Lupin dont tout le monde connaît le nom, mais pas forcément l’histoire, ni le papa : Maurice Leblanc ?
Maurice Leblanc: l’auteur
Maurice Leblanc était un journaliste et un écrivain très prolifique – il a publié plus de 60 romans et nouvelles. Son célèbre héros est apparu pour la première fois dans le roman policier « L’arrestation d’Arsène Lupin », qui a été écrit pour le journal périodique « Je sais tout » en 1905. Lupin était un précurseur de Simon Templar (le Saint) et d’autres Robin des Bois du crime moderne.
« Il travaillait à son métier pour gagner sa vie, mais aussi pour son amusement. Il donnait l’impression d’un dramaturge qui aime beaucoup ses propres pièces et qui se tient dans les coulisses en riant de bon cœur des dialogues comiques et des situations divertissantes qu’il a lui-même inventées. » (tirée d’Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur,1907)
Marie Émile Maurice Leblanc de son nom complet, est né à Rouen dans une famille riche et cultivée. Il est le deuxième enfant d’Émile Leblanc, qui est d’origine italienne, et de Blance Brohy ; elle meurt en 1885. À l’âge de quatre ans, le jeune Maurice est sauvé d’une maison en feu. Lorsque la guerre de 1870 a éclaté, Maurice avait six ans.
Après des études au lycée Corneille de Rouen, en Allemagne (Berlin) et en Italie, il travaille pour l’entreprise familiale. Leblanc étudie ensuite le droit à Paris, mais abandonne sa carrière d’homme d’affaires pour devenir rédacteur de romans policiers et reporter de police pour des journaux périodiques français, tels que le Figaro, Gil Blas et l’Echo de Paris. Une femme (1893), le premier roman de Leblanc, n’a connu qu’un succès modéré. En 1899, Leblanc épouse Marie-Ernestine Lalanne ; ils divorcent en 1895. Avec sa seconde épouse, Margaret, il passe de nombreux étés à Gueures, en Haute-Normandie, dans le nord de la France.
Arsène Lupin: la création
Les premiers romans de Leblanc montrent l’influence de Gustave Flaubert, le frère du médecin de famille, et de Guy de Maupassant. Il a eu une longue carrière d’écrivain pour des journaux périodiques, mais ce n’est qu’à la création d’Arsène Lupin qu’il a acquis une renommée internationale. Le seul rival qu’on pourrait lui trouver… C’est évidemment Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle. Lupin, l’ultime gentleman criminel, a tenu Leblanc occupé pendant vingt-cinq années. Lié à sa propre création, Leblanc a dit un jour : « Lupin me suit partout. Il n’est pas mon ombre. Je suis son ombre. »
Arsène Lupin est un maître du déguisement, dont les activités criminelles ont des motifs plus ou moins « désintéressés ». Bien qu’il opère surtout en dehors de la loi, il est courageux et chevaleresque. S’il vole un tableau, c’est pour qu’il soit réellement apprécié.
La naissance du personnage de Lupin vient d’un accident de la part de Pierre Laffitte, l’éditeur d’une nouvelle revue, Je Sais Tout, qui a été modelée sur le Strand, à l’époque un magazine d’avant-garde. En effet, Laffitte a chargé Leblanc d’écrire une histoire avec un héros de type Sherlock Holmes ou Arthur Raffles.
Leblanc crée alors un personnage à l’opposé des deux, un aventurier insouciant et rebelle sur le modèle de Rocambole (1866) de Ponson de Terrail. Leblanc lui-même a été salué comme « le Conan Doyle français » dans les publicités. Le héros de Leblanc a rencontré le grand rival, Sherlock Holmes dans Arsène Lupin contra Sherlock Holmes (1910) et a déjoué le maître détective anglais. Cette série d’histoire a été adaptée en un film de 5 parties (5 histoires) par le cinéaste et acteur danois Viggo Larsen (le deuxième comédien, après William Ranows, à avoir interprété le personnage d’Arsène Lupin à la télévision.)
“Arsène Lupin est plus qu’un livre, c’est mon héritage, ma méthode, ma voie, je suis Lupin.”
Netflix X Arsène Lupin ?
Rares sont les personnages littéraires dont la popularité subsiste aux années et surtout engendrent autant d’adaptations. Arsène Lupin, lui, a eu mille vies, des pièces théâtrales aux long-métrages en passant par la bande-dessinée et les mangas. Il n’a cessé de fasciner le grand public du petit au plus grand. Voilà donc l’une parmi d’autres raisons qui va pousser le géant américain Netflix de créer une série qui s’inspire des aventures de ce personnage fantasmagorique, créé par Maurice Leblanc au début du XXème siècle.
Intitulé sobrement, Lupin, dans l’Ombre d’Arsène, la série mise en ligne depuis le 8 janvier et portée par Omar Sy, qui y incarne l’homme aux multiples visages et aux multiples noms, est devenue n°1 aux États-Unis. Un exploit assez rare pour le souligner, puisqu’aucune création française n’a su jusqu’à maintenant, susciter un tel engouement outre-atlantique. Et dire que pour l’acteur qui vit justement là-bas et qui a récemment coller incognito des affiches de la série, rien n’était gagné d’avance. Caym vous explique pourquoi :
“A ton âge, j’aimais bien lire, ça”, confie le personnage d’Assane Diop, incarné par Omar Sy, à son fils adolescent Raoul, en lui offrant un roman de Maurice Leblanc que lui-même tient de son père Babakar, travaillant comme chauffeur pour une famille parisienne. L’histoire commence lorsque le père d’Assane se suicide, suite à une fausse accusation portée à son détriment pour avoir volé un collier qui leur appartient, celui de la reine Marie Antoinette. Assane, à qui son père avait offert un livre sur l’incontournable Gentleman Cambrioleur, s’est mis en tête de se venger et par extension, prouver l’innocence de son paternel en réclamant le collier par la ruse et faire du tort à cette famille cupide et voyou, les Pellegrini (dirigée par un patriarche joué par le comédien et metteur en scène français Hervé Pierre).
Ainsi, en marge de succès depuis sa diffusion, la série a eu droit à une certaine polémique, celle du Blackwashing qui entoure Omar Sy et le personnage qu’il interprète. En effet, un acteur noir qui joue un personnage blanc, là celui d’Arsène Lupin, forcèment, ça va faire grincer des dents. Malheureusement, il y a eu confusion et on doit faire le point dessus.
Tout d’abord, cette série Netflix, Lupin dans l’ombre d’Arsène se veut plus être une relecture contemporaine de l’œuvre de Maurice Leblanc qu’une simple adaptation linéaire copier-coller sans grande ambition derrière. En effet, le créateur et scénariste de la série George Kay, a fait un choix plutôt judicieux, celui de ne pas imaginer le mythique Arsène Lupin dans le Paris d’aujourd’hui, mais plutôt d’inventer Assane Diop, un héros bouleversé par la mort de son père après avoir été accusé d’un délit qu’il n’avait pas commis. Assane va ainsi s’appuyer et être influencé par ce personnage fictif d’Arsène Lupin qu’il a découvert grâce à son père, pour son style et son esprit d’observation pour réaliser un objectif clair mais personnel : dévoiler la vérité.
Invité dans Quotidien en ce début d’année, Omar Sy, qui détient le rôle vedette de Lupin dans l’ombre d’Arsène, mais également qui en est son producteur exécutif, a déclaré avoir lu majoritairement les bande-dessinées et mangas basés sur l’emblématique Arsène Lupin afin de mieux jouer son rôle.
Caym vs Mario : nos avis respectifs
Mario
Avant de regarder Lupin dans l’ombre d’Arsène d’une seule traite, je ne connaissais pas spécialement Arsène Lupin, que ce soit le roman ou le personnage en lui-même. J’avais seulement compris qu’il était plutôt charismatique, séducteur et du genre à toujours avoir une longueur d’avance sur les autres. Ces qualités sont d’ailleurs bien mises en valeur par le jeu d’acteur d’Omar Sy. Alors était-ce un risque de regarder cette série, sans avoir vu une seule précédente adaptation ? (d’autant plus que dans ce cas, il s’agit carrément d’une relecture contemporaine ?)
Ma réponse est : pas le moins du monde ! Certes, les aventures de Lupin sont remises au goût du jour, à travers de nouveaux personnages complètement détachés de la trame originale. Mais l’histoire en elle-même conserve son essence. Louis Leterrier m’a complètement vaincu avec ce motif supplémentaire sur fond de vengeance pour la bonne cause, associé au caractère insaisissable d’Assane et à ses talents de voleur.
“Méthode, panache, style, talent”, comme dirait Youssef Ghedira interprété par Soufiane Guerrab. Mention spéciale à ce dernier incarnant un policier, qui croit envers et contre tout au rapprochement entre “réalité et fiction” et qui finit par obtenir gain de cause dans les derniers instants de l’épisode 5.
A contrario, j’adresserais un petit carton jaune à sa collègue Sofia Belkacem (Shirine Boutella), que j’ai trouvée un peu trop rude, envers lui au cours de ses interventions. Mais je pense qu’elle réalisera progressivement à son tour que “la vérité se trouve toujours dans les bibliothèques” (R.I.P Monsieur Babakar Diop).
Les autres personnages ne sont pas en reste, comme Claire (Ludivine Sagnier) la mère de Raoul dont la relation avec Assane est à la fois forte et éprouvante et fait de son mieux pour renforcer le lien qui les unit tous les trois. Je regrette l’apparition trop courte de l’humoriste Mr Nouar pour ceux qui le connaissent et l’absence d’explication, concernant l’identité de l’homme de main de Pellegrini et ce qui le lie à lui. Ce serait pour moi un point intéressant à explorer, surtout qu’il n’est pas étranger à la mort du père d’Assane. (Spoiler : vous pourrez découvrir son nom dans le générique).
Les parallèles entre passé et présent concernant la vie d’Assane sont bien amenés et parmi les cinq premiers épisodes (oui, une saison 2 est prévue, vu le succès logique de la série), le 3ème épisode avec la scène de l’interrogatoire de l’Inspecteur Dumont, a été pour moi le plus marquant de tous.
Caym
N’ayant pas lu intégralement toutes les oeuvres, auxquelles Arsène Lupin est associé, je dois dire que je suis assez surpris par Lupin dans l’ombre d’Arsène. Et pourtant j’étais assez sceptique à son annonce. On sent qu’il y a de l’ambition derrière, qu’ils voulaient faire quelque chose de bien, à la fois en hommage au personnage phare de Maurice Leblanc, mais également à toutes les autres œuvres littéraires du genre en guise de racine.
Omar Sy a parfaitement réussi à donner vie à ce personnage d’Arsène Lupin qu’on ne présente plus d’ailleurs, avec une touche bien contemporaine. Une performance sans faute. Et ceci malgré le fait qu’on puisse lui reprocher d’être trop peu expressif, surtout dans certaines scènes importantes et émouvantes telles que (Attention alerte spoiler La mort de Fabienne Beriot tué par l’agent de la famille Pellegrini)
L’un des éléments les plus adroits qu’offre Lupin dans l’ombre d’Arsène est la façon dont elle fait allusion au racisme de manière subtile et sans équivoque.
Attention alerte spoiler : Assane, qui est noir, fait une offre pour le rituel de vente aux enchères du collier de Marie Antoinette. Il y a une pause gênante pour confirmer sa (fausse) identité et sa valeur nette. Il est la seule personne pour qui cela se produit. Les hommes blancs aux cheveux grisonnants présents dans la salle, ne sont jamais aussi discrètement contrôlés. C’est une observation spirituelle et discrète qui place Lupin dans le monde bien réel, mais contemporain, qui est le nôtre. Parmi les étrangers, il est constamment sous-estimé et justement, il tire amplement profit de ce cas de figure. C’est une manœuvre astucieuse que dispose et utilise de base, le gentleman cambrioleur de Maurice Leblanc lorsqu’il est confronté à ce genre de situation.
Ajoutons que l’ensemble de la série est structuré autour de l’art de se retirer ou de se reculer. Un concept assez classique, voire cliché mais qui reste toujours aussi efficace quand on arrive à savoir où, quand et comment l’utiliser. Nous, le public, avons tendance à voir la partie la plus zoomée d’une image qui nous est montrée. Cette image en question va commencer ensuite à reculer, encore jusqu’à dévoiler au spectateur son entièreté.
Ça va spoiler un peu à partir de là…
Ainsi dans la série, après le premier épisode, l’idée que la prison est le dernier endroit où Assane devrait se trouver, est bien établie. C’est un mauvais endroit, oui, mais en plus de cela, il y a une histoire horrible qui s’y rattache. Donc, dans le deuxième épisode, quand vous le voyez entrer dans la prison, vous êtes immédiatement déçu. C’est compréhensible puisque c’est exactement ce que les showrunners veulent que vous ressentiez! Et c’est à ce moment-là qu’ils vont commencer à exposer la raison pour laquelle notre protagoniste est là et ce qu’il s’apprête à faire. Et même quand on pense qu’ils ont fini de nous montrer l’ensemble du tableau, ce n’est pas encore terminé. Et ça, c’est carrément brillantissime.
Cependant, avec toutes ses qualités, Lupin, dans l’Ombre d’Arsène n’en reste pas moins sans défaut, surtout au niveau de la réalisation. Des facilités scénaristiques il y en a, et certaines sont tirées par les cheveux. Cela ne dévalorise pourtant pas cette production française avec laquelle, personnellement, j’ai pu passer du bon temps. Mais si quelqu’un est très attentif aux détails, et surtout exigeant à une certaine échelle, il lui sera difficile de passer outre et d’apprécier ce que cette série propose comme divertissement.
Dans le deuxième épisode, Assane découvre un message laissé par son père, qui lui dit de retrouver un certain Etienne Comet, qui s’avère être malade et incarcéré en prison. Pour le contacter, il va donc essayer d’entrer dans la prison et pour ce faire, il va échanger sa place avec un détenu qui s’appelle Djibril Traoré. Ainsi, au cours de sa visite, Assane va proposer d’échanger sa place avec celle de Traoré menotté. Dans cette scène bien précise, un petit deus ex machina survient puisque Assane va contourner les menottes, d’une facilité assez absurde pour libérer le détenu et les mettre sur lui-même.
Ajoutons également le fait que les gardes, comme par hasard, changent et se font remplacer par d’autres gardes à cet instant. Comment Assane savait-il à quel moment précis le changement de garde aurait lieu ? Comment a-t-il réussi à libérer Djibril de ses menottes aussi facilement pour les remettre sur lui-même ? Des questions pour lesquelles on n’aura probablement jamais de réponse. Pour certains, ce genre de détail est important, cela accentue le réalisme et rend le récit un peu plus crédible.
Il y a une autre scène, soi-disant “anodine”, dans le pénultième épisode (Ceci reste à confirmer), qui met en scène Assane Diop et son fils Raoul en train de profiter de leur moment ensemble à jouer à deux, un jeu vidéo sur PlayStation 4. Ainsi, en étant un amateur du JV, j’ai pu constater que le jeu auquel ils sont en train de jouer, est Horizon Zero Down du studio Guerilla Games. Il y a donc une erreur, ils n’auraient pas dû mettre ce grand titre vidéoludique, car celui-ci se joue seulement en solo. Une petite faute que je vais qualifier d’involontaire, que certains joueurs méticuleux (qui vont regarder la série avec minutie) vont certainement remarquer et probablement en rire. On espère que cela ne se reproduira plus.
Fin du spoil…et conclusion
Si vous vous penchez encore plus dessus, vous pourriez trouver d’autres erreurs de ce genre, mais si vous arrivez à dépasser tout cela, je vous promets que vous allez l’apprécier pour ce qu’elle offre en terme de divertissement. Lupin dans l’ombre d’Arsène va vous faire passer un bon moment après une longue et dure journée mesdames et messieurs. Ça fait le café !
Bonus : l’avis de Winni-Sensei
“Un des meilleurs rôles d’ Omar Sy qui nous montre ses multiples facettes entre humour, drame et charisme, le Great Pretender et Lupin III en live action”.