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The Boys, la parfaite dystopie de super-héros ?

Le nouveau show de super-héros, The Boys, est apparu à la fin du mois de Juillet sur Amazon Prime Video. Présenté comme une série qui casse les codes des super-héros, qu’est-ce que donne la dernière réalisation d’Eric Kripke ?

The Boys, encore une série issue d’un comics de super-héros ?

Je vous en parlais déjà ici, cette série m’a hypé dès que j’en ai entendu parlé. Surtout que c’est à l’origine un comics de l’un de mes scénaristes préférés, Garth Ennis. Il est également le scénariste de l’excellent Preacher qui possède d’ailleurs une très bonne série. Le pitch de la série pour vous imprégnez de l’histoire comme il se doit.

Hughie, simple vendeur dans un magasin d’électronique de New york, voit sa fiancée se faire tuer brutalement par A-Train, un membre des Seven, un groupe de super-héros populaires. Encore sous le choc, il est approché par Billy Butcher, un homme violent qui lui révèle que Vought International, l’agence qui promeut et défend les Seven, cache au monde les crimes commis par les héros et que ceux-ci sont loin d’être des modèles de vertu. Au même moment, les Seven accueillent une nouvelle recrue, Starlight, qui va découvrir la véritable nature des membres du groupe de l’intérieur.

Au départ, le comics était inconnu de tous mais maintenant, grâce à Amazon, le succès est grandement au rendez-vous. La plateforme a même annoncé que The Boys est l’un de ses plus gros succès et qu’une saison 2 est déjà commandée. En France, les tomes sont édités chez Panini Comics qui va justement relancer des impressions tellement la demande est devenu forte.

Des super-héros contre des super salauds

Ok, maintenant que vous avez saisi qu’est-ce que The Boys, parlons des personnages.

Vought et ses Seven

Les Seven au complet

Dans The Boys, nous avons deux factions. Tout d’abord, les super-héros dans leur ensemble à travers la société Vought International avec ses Seven. Les Seven sont une sorte de Justice League remix on va dire avec pour membres :

Le Homelander (Protecteur en VF), ersatz de Superman plus patriotique que jamais (sa cape est le drapeau US) et leader des Seven. J’y reviendrais plus tard sur lui, c’est un personnage dont l’écriture est extrêmement intéressante.

Homelander dans toute sa splendeur

A-Train, le Flash de la bande. Il court trèeeees vite, tellement que c’est lui qui provoque l’intrigue de la série enfaite.

A-Train my maaaan

Reine Maeve, la Wonder Woman du crew. Elle joue plus ou moins un rôle de mentor pour Starlight.

Queen Maeve

Black Noir, huumm lui, c’est curieux, c’est pas un Batman mais plus un Snake Eyes de G.I Joe. Il ne parle jamais et est très fidèle aux Seven. Le plus mystérieux de la bande également.

Le mystérieux Black Noir

The Deep (l’homme poisson en VF), vous l’aurez compris, le Aquaman du show. Alors je ne sais pas si Garth Ennis voue une haine à Aquaman, mais le personnage prend tellement cher. Il passe de la Ligue 1 au CFA haha.

The Deep, celui qui n’arrête pas de creuser

Translucide, l’homme invisible du show. Pas grand chose à dire sur lui, même si c’est lui qui va servir au changement du destin d’Hughie.

Translucide chez Jimmy Fallon

Et pour finir, Starlight (Stella en VF, mais pourquoi Stella ?!) la nouvelle recrue des Seven. Comme pour Homelander, j’y reviendrais plus tard.

Starlight, la p’tite nouvelle

On peut également compter Madelyn Stillwell, qui est l’équivalente de Nick Fury. Elle gère les activités des Seven.

Les Boys

De l’autre côté, nous avons une bande de gaillards pas franchement clean dénommée « The Boys ».

Billy Butcher est le leader du groupe. Son passif est assez mystérieux pour le coup. Il a le verbe acerbe, porte toujours des chemises assez funky et éprouve une haine viscérale envers les super-héros.

Billy Butcher

Le Français, l’alchimiste du groupe qui est originaire de Marseille. Le gars R&D de la bande et qui sait canaliser « La Fille ».

Le Français « Frenchie »

Mother’s Milk (La Crème en VF), le second de Billy et son fidèle acolyte.

Mother’s Milk

La Fille, une femme asiatique muette dont on ne sait pas grand chose. Elle possède une force monstrueuse et apprécie la compagnie du Français.

Elle est trèeees sympa

Pour finir, le dernier Hughie. Pour lui, il y a beaucoup de choses à dire mais pour l’instant on va simplement dire que c’est la dernière recrue de Billy.

Hughie Campbell

Une série bien plus politique qu’héroïque

Le show nous présente des super-héros qui sont loin d’être aussi clean qu’on peut le penser. Consommation de drogue, déprave sexuelle et pire, meurtre. Le truc avec The Boys, si ce n’était que ça, l’histoire serait vite tombée à plat avec peu de chose à dire.

Le vrai message derrière ces super-héros est plutôt de nous montrer un monde derrière la caméra. Je m’explique, le show aurait pu remplacer les super-héros par des stars de ciné, musique voire politiciens et le message serait très similaire. Le fait d’opter pour des individus extra-ordinaires permet de fictionnaliser le récit et d’aborder les sujets qui fâchent de manière plus lointaine. Dans cette Amérique sous Trump, on sent qu’Eric Kripke a voulu y aller de sa critique.

Faut pas emmerder Billy

L’entreprise Vought qui aborde tous les traits parfaits d’une grosse production de cinéma ou label de musique. Avec eux, on voit à quel point le marketing est puissant et comment cet outil devient incontournable voire carrément qu’on finit par en dépendre.

Lorsque Starlight rentre au sein des Seven, la pauvre se voit confronter au mensonge du mythe de la pire des façons. Elle s’attend à être une héroïne qui sauve des gens et non la dernière coqueluche d’un événement chrétien. Déjà, lors de sa rencontre avec The Deep, elle commence très vite à déchanter.

Mais la population aime tellement ses héros que cacher leurs méfaits sous le tapis est finalement bénéfique à tout le monde. Car oui, ils ont beau se prétendre « super-héros », ils ne font finalement que des êtres humains avec tous leurs défauts. Même si Homelander aime bien se catégoriser comme être supérieur, lui aussi est plein de troubles et de doutes. Comme dit Maeve, « nos plus grandes faiblesses sont les gens ».

Les Seven et les Boys, même combat ?

Eux aussi lisent la critique je crois

Garth Ennis a voulu créer un effet miroir entre ces deux factions. Tous les deux recrutent un nouveau dans leur équipe (Hughie pour les Boys et Starlight chez Seven). Un nouveau qui finalement va s’avérer bien plus compétent que prévu et assez libre dans ses actes.

Hughie Campbell, de novice à expert

Prenons Hughie, un simple vendeur d’électronique à New-York dont la vie bascule quand sa copine se voit « exploser » par A-Train. À partir de ce jour, Hughie, enrôlé par Billy va dédier sa vie à la vengeance et l’anéantissement des super-héros. Le truc, c’est qu’Hughie contrairement à Billy, va commencer à mettre la vengeance de côté et démarrer une nouvelle vie. Chose que Billy n’a jamais réussi à faire, bien au contraire.

Starlight/ Annie January

Pour Starlight, c’est la super-héroïne d’un coin paumé aux USA qui se voit promue chez les Seven. Au début, elle en chie et se voit prodiguer de temps à autres des conseils de la part de Reine Maeve. Au bout d’un moment, elle va décider d’être elle-même et non plus un produit marketing made in Vought. En démarrant cette nouvelle vie, elle va plus ou moins s’affranchir des Seven et de leur politique.

Les deux recrues font finalement connaître un parcours qui vont les voir évoluer de manière drastique. Hughie est à la base un poltron et à la fin de la saison, limite un tueur-né. Quant à Starlight, la fille de l’Amérique conservatrice se rebelle et veut vivre sa vie.

Les deux leaders, Billy et Homelander ont également des points de convergences.

Quand tu te demandes ce que tu vas bouffer ce soir

Billy Butcher

Billy peut être limite vu comme le méchant du show. Un gars épris de vengeance qui veut buter n’importe quel super-héros en utilisant les méthodes les moins clean. Le personnage agit comme un raciste, si vous êtes doté de pouvoir alors il faut mourir. Billy est obnubilé par la vengeance et ne peut s’en défaire.

Homelander

Homelander est un personnage extrêmement complexe. Ses motivations sont très floues, on ne sait pas exactement ce qu’il veut. On voit bien que jouer au super-héros ça l’ennuie. Être galvanisé par la foule ? Idem, du cirque pour lui. La reconnaissance de Stillwell ? Au vu du final, pas franchement non plus. La seule personne qui a l’air de compter pour lui serait Maeve, mais même là j’ai un doute. Fait amusant avec lui, il ne retire jamais son costume. Même quand il fait l’amour, il conserve son costume fétiche.

Des super-héros en vrai ? The Boys nous donne la réponse

Garth Ennis a posé sa version d’une réalité avec des êtres dotés de pouvoirs. Eric Kripke l’a brillement transposé et on ne peut que saluer la liberté créative d’Amazon sur le coup. Un peu comme Watchmen, The Boys nous montre des super-héros dans un état des plus sombres où le côté héroïque n’est plus franchement présent.

Mais surtout, le show pointe les méfaits de la vengeance et à quel point ce n’est qu’une impasse. Des personnages comme Billy il y en a plein dans le monde, des personnes qui se font écraser par la société et dont la réponse trempe dans le côté obscur.

La série dépasse les frontières de super-héros pour réellement indiquer nos faiblesses quant aux péchés de notre monde. Que ce soit le succès, la reconnaissance, la richesse et la vengeance qui peuvent être très douloureux à payer.

L’unique reproche que j’aurais concernant le show est son manque d’action et de combat. La série préfère nous bercer par ses personnages et son intrigue. Espérons voir plus de fight dans la prochaine saison.

Vous cherchez une série qui traite des super-héros d’une autre façon ou tout simplement fan de comics ?  The Boys est le show que vous devez regarder. 8 épisodes d’1h environs chacun pour vous plonger dans un New York alternatif.

Cette critique a été approuvé par le Homelander en personne.