Alors, CHAINSAW MAN c’est de la balle, lisez le, voilà tout est dit ! Comment ça je dois développer ? Bon d’accord.
Chainsaw Man, la nouvelle création de Tatsuki Fujimoto
Ce manga a été créé par Tatsuki Fujimoto (Fire Punch), il est prépublié depuis 2018 dans le Weekly Shônen Jump et il est tout juste sorti en France le 11 Mars dernier aux éditions Kazé. C’est un manga assez taré dans son concept, comme d’habitude avec Fujimoto.
Pour faire court c’est l’histoire de Denji qui a un démon-chien-tronçonneuse comme animal de compagnie nommé Pochita et ensemble ils chassent d’autres démons de façon clandestine dans le but d’effacer ses dettes. Malheureusement Denji se fera trahir et perdra Pochita, ainsi que la vie… C’est là que ça part dans tous les sens car Pochita fusionnera avec Denji, le ramenant d’entre les morts et transformant ce dernier en véritable Devilman, le Chainsaw Man ! Massacrant et déchiquetant tous ses adversaires avec des tronçonneuses qui lui sortent du corps. Avec des capacités pareilles il se fera rapidement repéré par une organisation de chasseurs de démons qui fera de lui un véritable Devil Hunter.
Voilà le concept de façon brute. Un peu simple comme scénario vous dîtes ? Détrompez-vous, le mangaka se sert justement de cette histoire « simpliste » pour jouer avec les codes du shônen.
Casser les codes du shônen nekketsu pour mieux les rebatir
On commence par le héros, d’habitude le héros est un jeune homme au cœur pur qui acquiert une capacité qui lui permet de protéger tous ses proches, de surmonter les obstacles et réaliser son rêve, comme devenir le prochain Ninja-Roi des pirates-Super Héros.
Alors là on ne peut pas faire plus mauvaise description de Denji. Notre « Héros » est un miséreux de première catégorie, il vit dans la rue, galère à trouver à manger, n’a aucune famille et il est prêt à tout pour gagner quelques sous quitte à ce que ça le mette en danger ou détruise sa dignité. Il n’en a que faire de tout ça et son but dans la vie est simple, manger à sa faim et peloter des seins voilà tout.
S’il doit se battre pour y parvenir il visera toujours en premier les couilles de son adversaire. Les codes d’honneurs du guerrier, la noblesse ou même la bienséance il s’en contrefiche, il dit franchement ce qu’il pense et ne cache pas ce qu’il fait. Même s’il est traité comme un chien il s’en contente. Et il souhaite simplement une vie détendue, sans ambition ni but ultime. C’est comme si « Danny the Dog » aimait sa situation (pour ceux qui se souviennent de ce film de Louis Leterrier).
Un caractère pareil c’est une bouffée d’air frais dans les shônen nekketsu, ça m’a fait du bien de découvrir un antihéros modeste.
Des personnages secondaires qui tronçonnent
Mais Denji n’est pas le seul à être intéressant. Les personnages secondaires, bien qu’ils ne soient pas encore aussi développés que Denji s’harmonisent bien avec ce dernier.
Makima la « directrice » de la section des Devil Hunter est la tête pensante du groupe ainsi que la voix autoritaire. Elle voit Denji comme un chien et son but va être de le dresser, sans être mauvaise elle l’éduque tout en étant juste. Cependant elle ne cache pas le destin qu’elle réserve à Denji si celui-ci ne fait pas ses preuves, après tout ce n’est qu’un démon. C’est donc une épée de Damoclès qui cache son jeu.
Ensuite il y a Aki, le « rival » et partenaire de Denji et les deux ne se supportent absolument pas. Tandis que Denji se satisfait de sa situation en mode détente, Aki lui prend les choses beaucoup trop à cœur et souhaite exterminer tous les démons (Calme toi Eren !). C’est donc une véritable opposition idéologique qui les sépare et j’ai hâte de voir comment leurs confrontations vont évoluer.
Enfin la best WAIFU du manga pour le moment qui je le sens va faire fureur j’ai nommé POWER. Cette dernière est une hominidémon, c’est-à-dire qu’à la différence de Denji, qui est encore totalement humain malgré ses capacités, elle c’est une vraie démone à forme humaine. Elle est hyperactive, insolente, menteuse, violente, capricieuse, imbue d’elle-même et en plus elle ne s’exprime qu’en criant, je l’adore. C’est une vraie peste avec qui Denji va donc devoir collaborer pour détruire du démon, à eux deux on obtient alors notre duo comique.
Niveau violence, massacre à la tronçonneuse n’a qu’à bien se tenir
L’action dans ce manga est très graphique, le sang coule à flot, ça gicle de partout et les démembrements sont légion. Comment en serait-il autrement ? Le gars se bat avec des tronçonneuses qui lui sortent des bras, ça n’allait pas être du propre. Le style brouillon et exagéré de Fujimoto souligne à merveille toute cette violence. Lorsque Denji se défoule il s’en dégage une telle fureur et prestance qu’on ne peut qu’admirer toute cette sauvagerie. Le dessin n’est pas « soigné » ni très détaillé mais il est avant tout vif, sale et nerveux.
Les personnages sont expressifs et on arrive facilement à comprendre ce qu’ils ressentent grâce à des regards perçants ou perdus. Il joue très bien avec les ombres et l’obscurité ce qui permet d’accentuer le côté horrifique, les angles qu’il utilise rendent les ennemis imposant et menaçant.
On suit le mouvement et les cases s’enchainent comme si nous suivions en temps réel l’action qui avait commencé à la case précédente. Il a un sens du timing et du découpage qui fait réellement cinéma. On est pris dans les scènes d’actions ou alors on est surpris lors des moments humoristiques.
Chainsaw Man Chainsaw Chainsaw Maaaaan
Enfin, il y a un concept dont je dois vous parler car c’est celui qui me hype le plus pour lire la suite. Dans ce monde où les démons vivent parmi les humains, tous les démons ne sont pas égaux.
La puissance d’un démon est soumise au niveau de peur qu’il engendre chez les humains. Par exemple prenons une tomate, la tomate ça fait pas vraiment peur, par conséquent un démon tomate ne serait pas très fort vous en conviendrez. Alors qu’est-ce qu’il se passerait s’il existait un démon représentant nos peurs les plus profondes ? Il serait terrifiant et extrêmement fort !
Donc notre Denji, avec ses tronçonneuses là, vu la crainte qu’il peut inspirer, quelle puissance va-t-il acquérir au long de l’histoire ? Quelles sortes de démons devra-t-il affronter ? On peut imaginer toutes sortes d’ennemis à partir de là et j’ai hâte de découvrir cela.
Voilà pourquoi je vous conseille Chainsaw Man. C’est un manga brutal, sauvage, sale mais pas seulement, il peut aussi être touchant et quelquefois marrant. Il parvient malgré ses personnages désabusés et son ton cynique à être fun ce qui en fait une œuvre intéressante. Le Shonen Jump nous propose là une œuvre risquée qui sort des standards et qui nous surprend.
On est habitué à lire des mangas qui nous font sortir de notre quotidien en nous faisant rêver. Chainsaw Man n’est pas là pour nous faire rêver, il ne s’adresse pas forcément aux plus jeunes qui recherchent des modèles à suivre, il s’adresse plutôt à ceux qui savent que les rêves ne se réalisent pas forcément. Denji n’a pas de but ni d’ambition, il cherche simplement à vivre paisiblement et cet aspect modeste nous pousse à nous questionner, qu’est ce qui est essentiel ? Denji lui, il a trouvé sa réponse.
CHAINSAW MAN © 2018 by TATSUKI FUJIMOTO / SHUEISHA Inc.