Shima vous en parlait, je vous en ai parlé, c’est une évidence, nous attendions impatiemment Japan Sinks 2020 le nouveau Yuasa sur Netflix!
Mais alors, qu’est-ce qu’on en a pensé?
Pour les retardataires, voici un petit synopsis:
Une série de catastrophes naturelles frappe le Japon, et les volcans au large de l’archipel comme ceux du pays entrent en éruption suite aux chamboulements de la tectonique des plaques.
Dans ce climat désespéré, les scientifiques tentent de convaincre le gouvernement que le Japon coulera bien plus tôt que prévu…
Il est d’ailleurs à noter que l’animé prend ses distances avec le roman de Sakyo Komatsu.
Le portrait des personnages: une force de Japan Sinks!
La construction des personnages, c’est vraiment ce qui m’a marqué dans cet animé.
La famille Mutoh est vraiment très attachante, et chaque membre a une vraie personnalité. On peut comprendre et ressentir leurs émotions, on parvient à être proche d’eux. (Mention spéciale à Go, j’ai adoré ce gosse).
Les personnages qui viennent s’y greffer sont eux aussi bien pensés. Nami Miura, l’amie de la famille; KITE le Youtubeur (super personnage là aussi); Umeji Sasaki le papy grognon. Et ce, même s’ils ne sont que de passage comme ce cher Daniel l’expatrié!
Tous ont une histoire, un caractère, un rôle à jouer et surtout, tous bénéficient d’un vrai développement!
Et celui qui cristallise ce fait c’est Haruo. Je vous laisse découvrir ce qu’il en est, mais j’ai adoré découvrir ce personnage.
Japan Sinks, un contexte et une ambiance particuliers
Le deuxième point intéressant dans Japan Sinks 2020 selon moi, c’est le background. On sent que le media originel avait fait l’objet de recherches assez poussées. À plusieurs reprises on peut découvrir des éléments scientifiques réels! (l’arc volcanique japonais, les éruptions du Mont Fuji, le tout en lien avec la subduction de la plaque Pacifique) qui viennent soutenir les événements qui se produisent. Et cela contribue fortement à l’immersion dans l’animé, tout devient crédible.
Outre cette toile de fond, la situation de crise et les réactions des foules à cette dernière sont vraiment bien retranscrites. On sent la panique, on constate les comportements égoïstes, survivalistes. Et finalement, cela fait un peu écho à ce qu’on a pu voir il y a quelques mois de cela avec la crise sanitaire. J’ai trouvé ça vraiment intéressant, saisissant.
(Bien que parfois un peu prévisible tout de même).
Et évidemment, les musiques aident beaucoup. D’ailleurs je suis obligé de souligner la qualité des OST. Elles sont vraiment géniales!
Le récit, les intrigues et la réalité: à double tranchant?
Si les deux points précédents m’avaient embarqué dans l’aventure, je dois dire que je suis plus mitigé à propos de celui-ci.
Le récit présenté est accrocheur dans sa globalité. On a un vrai récit catastrophe, la mort est présente à chaque recoin de l’intrigue. Attendez-vous à voir un bon nombre de personnes mourir.
De ce côté là tout va bien, c’est dur, c’est violent, c’est la réalité quoi! On peut mourir suite à une faute d’inattention!
D’ailleurs, attention aux âmes sensibles!
Mais on peut lui faire quelques reproches. Le premier, c’est les Deus Ex Machina. Souvent, de nouveau personnages arrivent de manière providentielle pour sauver notre groupe de survivants. Facilité scénaristique ou contrainte due au nombre d’épisodes (10 seulement)? Je ne saurais pas le dire.
J’ai également noté les thématiques secondaires et les messages que voulait faire passer l’oeuvre. Globalement, c’est intéressant mais on s’y perd parfois un peu tant ils sont nombreux. Une écriture et un découpage un peu maladroits peut-être (Je dois dire que le passage de l’épisode 2 à l’épisode 3 m’a un peu troublé quand même, j’ai cru avoir loupé une scène post-générique).
Le vrai point qui dérange?
Là où ça passe vraiment moins bien, c’est dans les sous-intrigues. Ces dernières me semblent un peu… Superflues? Inutiles? Je vous laisse en juger mais je vais en expliquer une quand même.
Attention spoiler donc, vous pouvez passer au point suivant directement si vous le souhaitez! Ou cliquer sur le menu déroulant ci-dessous (il faut avoir vu les épisodes 4 à 6)
SPOILER SHANG-CITY
Je pense notamment à l’épisode « Shang-City ». Alors que la panique est encore bien coriace dans l’esprit de chacun, la famille Mutoh se retrouve à intégrer une secte… Oui oui, une secte. Qu’est-ce que cela vient faire dans l’histoire? Eh bien je ne sais pas vraiment. C’est d’ailleurs ce que je reproche. On n’a aucune idée réelle de l’utilité de ce passage!
Ce que j’envisage, c’est que ce passage est ici pour montrer un autre profil de réaction face à une catastrophe: celui du croyant. Se raccrocher à la Foi, croire en quelque chose de plus grand pour ne pas succomber à la réalité. Invoquer un châtiment divin etc… Ça peut être un mode de pensée suite à une catastrophe de ce type.
Malheureusement, on n’a pas confirmation de cette information… Et d’autres éléments de l’histoire seront aussi étranges, notamment à la fin de l’animé. Une série trop ambitieuse pour trop peu d’épisode? Possible!
Un point plus faible? L’animation
Et là… On va aborder le point qui m’a le plus déçu. Yuasa est un réalisateur de génie, et avec son studio Science Saru, ils sont capables de réaliser de vraies pépites (Eizouken par exemple).
Mais là, je dois bien avouer que c’est en dessous de ce que j’attendais.
Le character-design est réussi, il est même très propre et agréable.
Mais l’animation… Elle est parfois très saccadée, presque décomposée (sans raison apparente). On ne retrouve pas non plus les plans audacieux assez caractéristiques de ce que peut produire Masaaki Yuasa.
Quelques scènes sortent du lot, notamment les scènes de course ou de nage, mais ce sont à peu près les seules.
Pour moi, c’est assez plutôt raté à ce niveau.
Le bilan pour cette série originale Netflix?
Pour ma part, même si j’ai été déçu par quelques points, j’ai tout de même passé un super moment à visionner cet animé. Moi qui n’apprécie pas spécialement les récits catastrophes, j’ai plutôt accroché à Japan Sinks 2020. Je pense que cela tient surtout au fait que l’accent est mis sur la psychologie et les comportements des personnages ainsi que sur le réalisme malgré les Deus Ex Machina. (Ou alors c’est parce que ça n’est pas américain à la base…)
C’est également un récit très fort en émotions (Peut-être trop?), on passe par à peu près toute pendant les 10 épisodes, et ça, c’est assez fort je trouve.
Ah et mention spéciale pour le passage de rap! C’était rafraîchissant! Par contre, si vous regardez en VF bien que très correcte, celle-ci ne traduit pas le passage de rap, il faudra passer en VOST pour tout comprendre!
En conclusion, si j’avais à recommander cet animé évidemment je le ferai. Mais ce serait pour recommander un bon animé, pas pour recommander une perle de Yuasa. (J’utiliserai peut-être plus Eizouken pour ça!)
L’avis de Winni-sensei:
« Tout simplement l’anime de l’année 2020 (pour le moment), encore une fois Masaaki Yuasa signe une réussite avec Japan Sinks, une histoire surprenante et très critique de la société japonaise actuelle. »
L’avis de Caym:
« Japan Sinks: 2020 est un agréable voyage, à l’image des meilleures histoires de catastrophe que nous avons eu cette dernière décennie (Tokyo Magnitude 8,0;Ndlr). La série traite des thématiques prenantes sur la famille et l’importance de la communication où s’immiscent avec ingéniosité des codes morses, mais également des freestyles de rap afin d’opérer chez le téléspectateur de ce qu’on appelle une purification des passions ou catharsis. Ceci va nous amener à une fin bouleversante, qui ne laissera personne indifférent. Et ça marche étonnement bien.
Cependant, avec Japan Sinks: 2020, Yuasa minimise son talent et n’offre qu’un quart de ce qu’il peut faire en terme d’animation. Ce n’est donc clairement pas le meilleur Yuasa, pour autant l’anime reste de bonne facture. »