Pour cette nouvelle review, je vous donne mon avis sur un titre récemment annoncé par Panini Manga: Ookami Rise de Yu Ito !
L’homme est un loup pour l’homme!
On vous présentait Ookami Rise à l’occasion de son annonce; le titre est désormais disponible en librairie alors j’en profite pour vous donner mon avis sur le premier tome!
Pour la première publication de l’autrice en France, les éditions Panini Manga lui ont fait honneur avec un volume de qualité. En plus d’un papier épais et d’une impression soignée, on découvre 4 pages couleurs en début de tome.
Et dans les 180 pages que contient le tome, on découvre deux histoires bonus en fin de tome.
À noter que ce premier tome est disponible au prix de 5,99€ pour son lancement (et jusqu’au 31/12/2021) !
Une bonne affaire si vous voulez mon avis!
Dans un futur proche, l’État du Japon a disparu.
Son territoire est désormais administré par la Russie au nord et la Chine au sud. La frontière entre les deux pays est délimitée par une zone tampon, démilitarisée et vidée de ses habitants, qui coupe l’île principale en deux. Là, dans cette zone interdite, les Wolang ont trouvé refuge. Ces quarante-neuf fugitifs sont le résultat d’expérimentations ratées de l’armée chinoise, qui souhaitait les transformer en armes bactériologiques pour les utiliser contre son voisin russe. Pris en tenaille par la Chine, qui souhaite effacer les traces de ses expériences, et la Russie, qui essaie de les capturer pour les étudier, les Wolang doivent se battre pour leur survie.
Ookami Rise: entre politique, fraternité et instinct sauvage!
Avec son synopsis, Ookami Rise m’avait intrigué. Le Japon qui disparaît, la Chine et la Russie qui se disputent le territoire. Ça promettait déjà quelque chose d’assez original mais surtout percutant. Ce qui a achevé de me convaincre et qui m’a poussé à me lancer dans la lecture, c’est la thématique expérimentale, l’eugénisme qui transparaissait dans le résumé.
La recherche scientifique en Chine a toujours eu une relation particulière avec les comités d’éthique; c’est ce que l’on retrouve dans ce premier volume. Les survivants japonais font l’objet d’une rééducation dans des camps spécialisés et sont également les sujets d’expériences morbides.
Le but du gouvernement chinois? Créer des humains augmentés, des armes bactériologiques afin d’attaquer la Russie: Ce sont les Wolang.
C’est donc sur un fond de conflit territorial entre deux immenses puissances agrémenté de manipulations génétiques et biologiques que débute le manga. J’ai trouvé ça assez atypique, d’autant plus que le manga ne tourne pas autour du Japon en tant que tel.
Mon seul reproche à ce sujet, c’est la quasi-absence des autres nations, on a l’impression que le monde décrit se limite à la Chine, la Russie et l’ex-Japon.
Cela relève du détail, mais j’ai beaucoup aimé le soin apporté aux significations des noms. Le terme Wolang signifie « loup japonais » en chinois, et cela fait directement référence à la transformation des individus ainsi qu’à leur origine. Et de même, le terme Chigou désigne des « chiens affamés » en chinois; ce qui reprend évidemment le côté belliqueux de cette unité d’élite. On peut également citer le titre, Ookami qui signifie tout simplement « loup » en japonais.
Univers: 4/5
C’est donc dans un univers plutôt sombre et violent que débute l’histoire d’Ookami Rise. Les enjeux évoqués concernent notamment la Chine. En effet, la fuite des Wolang menace directement l’équilibre précaire de la situation mondiale. La Chine souhaite les éliminer, pour effacer toute trace de ses expériences. La Russie souhaite les capturer et les étudier. Et évidemment, les Wolang eux ne demandent qu’à vivre en paix, il faut dire qu’ils ont déjà bien souffert.
L’histoire choisit de se placer du point de vue de la Chine, plus particulièrement des Chigou et d’un de leurs membres: Akira. Ce dernier semble particulièrement en vouloir aux Wolang, nourrissant une haine viscérale et une rancoeur personnelle. La première partie du tome est de ce fait très violente, riche en action.
Par la suite, l’histoire prend un peu d’envergure en nous présentant les personnages et leur histoire.
Le reproche que je ferai au scénario pour l’instant, c’est de trop se focaliser sur les enjeux et de ne pas nous donner d’intrigue réelle concernant les personnages. De ce fait, on a un peu de mal à se projeter et même à s’attacher aux motivations des personnages.
Scénario: 3,5/5
Car oui, les personnages principaux d’Ookami Rise sont un peu particulier (transition de fou t’as capté). Le récit s’organise autour de trois individus: Akira évidemment, mais aussi Ken et Isaku. Tous trois se sont liés d’amitié alors qu’ils étaient dans un camp de rééducation.
Akira est un des survivants de l’ethnie des Wa, le nom actuel des japonais. Isaku est un enfant russe capturé et considéré comme opposant politique. Ken quant à lui serait né dans le camp en question. Une relation forte, éprouvée et façonnée par leur situation difficile, les lie.
Mais la guerre est plus forte que leur amitié; et désormais, ils se font face en tant qu’ennemis. Akira est un soldat d’élite de la Chine, Ken défend la cause des Wolang et Isaku… S’est allié à la Russie. Ainsi, c’est en tant qu’antagonistes l’un pour l’autre qu’on découvre nos trois protagonistes; une dynamique très intéressante qui permet de passer outre tout manichéisme. Je me suis beaucoup attaché à ces trois larrons, même si Isaku est en retrait pour l’instant.
Je me demande comment l’autrice développera cette relation. Restera-t-elle sur ce triangle jusqu’au bout? Ou prendra-t-elle la décision d’associer deux personnages pour lutter contre le troisième? La première option me semble la plus intéressante mais également la plus complexe à mettre en oeuvre. Affaire à suivre donc!
Personnages: 4/5
Et pour terminer, on va parler du dessin! Il faut le dire l’autrice à un style assez particulier. Pour ma part, il m’a rappelé ce que pouvait faire Go Nagai dans Devilman, cet aspect un peu déstructuré, déformé. (Étonnamment Akira rappelle Akira).
J’ai aussi retrouvé le trait de Paru Itagaki. Eh oui, comment ne pas faire un lien entre les anthropomorphes de Beastars et les Wolang de Ookami Rise? D’autant plus que, comme pour Paru Itagaki, je trouve que Yu Ito réussit bien mieux ses designs anthropomorphes que ses designs humains.
Au delà du design, le découpage est plutôt dynamique, laissant place à de belles confrontations. Je trouve cependant que les mises en scène manquent un peu d’ambition, d’audace. J’aurais aimé des doubles pages d’action bourrine quand les Wolang se déchaînent.
Les arrières-plans sont aussi un peu pauvres à mon goûts, souvent cela se limite à un simple tramage de fond. Fort heureusement, on a des plans de paysages pour nous permettre de situer l’action.
Dessin: 3,5/5
Ookami Rise, en résumé!
Ookami Rise est une oeuvre que j’ai apprécié découvrir et lire. L’autrice Yû Itô parvient à nous emporter dans son univers notamment parce que ce dernier semble très crédible et cohérent. Pour une fois, même si l’histoire se situe sur l’archipel japonais, il n’est pas vraiment question du pays du soleil levant. Rien que ce parti-pris est presque impudent à mon sens.
Avec ce premier tome, l’autrice nous présente ces personnages et en particulier le trio de tête: Akira, Ken et Isaku. Et encore une fois, l’audace de l’autrice m’a conquis. En effet, plutôt que de les placer en tant qu’alliés potentiels, elle les oppose franchement. Chacun étant finalement comme le champion d’un des camps participant au conflit. Je reste curieux de voir comment elle gérera ce triangle par la suite, car ce n’est pas chose facile.
Pour ce qui est de l’histoire, de l’intrigue en elle-même, pour l’instant elle reste assez superficielle. On découvre les enjeux globaux mais beaucoup moins les motivations profondes des actants. À part peut-être Akira qui souhaite éliminer les Wolang et leur reprendre Emi.
Et en ce qui concerne le dessin, l’autrice ne lésine pas sur la violence, c’est assez dynamique et il y a des mises en scène plutôt bonnes. Cependant, j’avoue avoir été perturbé par son style graphique. Il m’a semble déstructuré, rappelant un peu ce qu’a pu faire Go Nagai sur Devilman. Et inévitablement, j’y ai perçu un peu de Beastars: il faut dire que les Wolang restent des anthropomorphes! Je n’ai pas trouvé cela mauvais, ni bon: simplement déroutant.
Note globale: 15/20
En attendant, si vous souhaitez vous procurer ce premier tome, comme Bomber Boy il bénéficie d’un prix de lancement à 5,99€ jusqu’au 31 décembre! Un autre cadeau de Noël peut-être?