Talento Seven est l’un des quatre Kana Originals aux côtés d’Oneira, Sweet Konkrete et Vanupied. Le titre est signé par le duo Français Kalon (Dessinatrice) et Izu (Scénariste). Le binôme n’est pas à sa première collaboration. En effet, les amis de longue date ont sorti en 2018 chez Glénat Versus Fighting Story (4 tomes jusqu’à présent).
Derrière le pseudo d’Izu, on retrouve le célèbre Guillaume Dorison. Ce dernier est connu pour avoir travaillé sur la franchise Assassin’s Creed mais pas que. Il est également scénariste d’une trentaine de BD et de mangas en plus d’être un ancien animateur de la chaine J-one (entre autres).
J’ai eu l’immense plaisir de me procurer le 1er tome de la série lors d’une séance de dédicaces et le 2ème dès sa sortie en librairie. Après une belle rencontre avec Kalon, ma lecture terminée et mes tomes rangés, je vous partage aujourd’hui mon avis sur ce shonen du YouTube game.
À la manière de Bakuman, qui proposait une plongée dans le milieu de l’édition de manga au Japon, on suit ici le parcours d’Adel, qui rêve de devenir créateur de contenu pour partager sa passion du rétrogaming au plus grand nombre. C’est mal parti : Adel n’a que 7 abonnées sur sa chaîne… Mais sa rencontre avec la star Benzou pourrait tout changer : le voilà recruté pour la Starweb Academy, un concours d’influenceur avec une place dans l’élite du Talento Seven à la clé. Benzou place beaucoup d’espoir dans son champion, mais ce qu’il ignore, c’est qu’il a un gros défaut : Adel perd tous ses moyens devant une caméra…
Couvertures
Si vous avez l’habitude de lire mes reviews, vous savez à quel point j’adore scruter les détails des jaquettes et des couvertures de mangas.
T1 : expectation versus reality
La jaquette du premier tome est simple et reflète bien le contenu de l’œuvre. Elle représente une vidéo qui vient à peine de débuter. On y voit Adel, le héros du shonen, grand sourire aux lèvres. Il présente une Super Nintendo avec l’entrain du passionné qu’on lui connait et qu’on peut lire dans ses yeux.
En dessous, il y a la couverture qui, à un détail près, est la même que la jaquette. Ce détail n’est pourtant pas des moindres puisque sur cette couverture, on retrouve à nouveau Adel, mais cette fois-ci, les larmes coulent le long de ses joues. Notre héros est rattrapé par son hyperémotivité.
J’adore le parallèle entre la jaquette et la couverture. Si je devais lui donner un titre, ce serait “expectation vs reality”. En effet, on a d’un côté l’Adel passionné, sûr de lui, prêt à conquérir le monde de YouTube mais qui n’existe (pour l’instant) quand dans les fantasmes les plus fous de Benzou. De l’autre côté, il y a le « vrai » Adel. Toujours passionné mais d’une timidité maladive et complètement paniqué face à une caméra.
T2 : Hommage aux Kana Originals
Dans la jaquette du second tome, la vidéo qui a commencé dans le premier tome a avancé. Désormais, on y voit la belle Léonore présentant les 4 Kana originals. Un magnifique hommage que rendent Kalon et Izu à leurs collègues scénaristes et dessinateurs Européens.
En dessous, on retrouve sur la couverture les membres du Talento Seven. Ils sont habillés tels des super-héros. Si nos héros trouvent leurs tenues ridicules, je les trouve pour ma part magnifiques. Elles font très super-influenceurs.
Note couvertures : 1,5 / 2
Scénario : Faut-il suivre la tendance et laisser de côté sa passion pour réussir dans le monde des influenceurs?
Talento Seven, de quoi ça parle ?
Talento Seven nous raconte l’histoire d’Adel, un jeune mordu de rétro gaming qui s’est lancé, sans grand succès, dans le monde des vidéastes et du streaming entre YouTube et Twitch. Bien qu’animé par le feu de la passion, deux barrières se dressent devant lui. La première, son sujet de fond. Il faut dire qu’à l’ère des Nintendo Switch, des PS5 et des Xbox Series, parler de Marty, des sujets de niches et des jeux de darons intéresse très peu de monde. La seconde et sûrement la plus handicapante : son hyperémotivité. Dès qu’il y a un peu de monde qui le regarde, Adel perd tous ses moyens et se met à pleurer.
Dans sa quête de partage de sa passion, et sa tentative d’intégrer le prestigieux Talento Seven, Adel se fait aider par son amie Carla et son mentor Benzou. Le Talento Seven est une sorte de super club qui regroupe les 7 créateurs de contenu les plus influents. Le tout sous la direction d’une entité type GAFA : Starweb.
A travers son histoire, le manga explore les profondeurs du monde des créateurs de contenu. Il soulève notamment la question suivante : Faut-il suivre la tendance et laisser de côté sa passion pour réussir dans le monde des influenceurs?
Est-ce réellement intéressant ?
OUI. Et il y a énormément de choses que j’apprécie dans le scénario de Talento Seven.
D’abord, son réalisme. Dans cette histoire, il n’est question ni de super pouvoirs ni de surnaturel. Ici, on parle de la vraie vie. Retrouver une connexion au monde réel dans un shonen fait du bien.
Ensuite, l’originalité du sujet. Se pencher sur les profondeurs du monde des créateurs de contenu est une première. Si l’on ajoute à cela toutes les références aux influenceurs français, cela donne un manga frais, d’ici et de maintenant.
Enfin, il y a l’idée de pouvoir calquer ce qui se passe dans cette industrie sur tant d’autres. Ce qui est vrai dans le milieu des influenceurs l’est tout autant dans d’autres métiers. Il devient simple de faire le parallèle avec son propre job. Vous savez, ce fameux décalage entre le terrain et les gens dans les bureaux.
Ce qui intéressant de savoir également, c’est qu’avant d’écrire le scénario de ce manga, Izu a lui-même essayer de se lancer dans le monde de Twitch. Ce qu’il nous livre résulte énormément de son retour d’expérience sur la difficulté de percer en tant que créateur de contenu avec pour seul atout une envie incommensurable de partager sa passion.
Le seul point négatif que je trouve au scénario, c’est que c’est parfois trop technique. Quand on lit Adel, bien souvent on y comprend rien du tout. Heureusement que les rubriques bonus « T’as pas la réf’ ?! » viennent sauver la mise (tout en nous cultivant).
Note scénario : 5 / 6
Personnages : Lorsque l’art rencontre la réalité
L’un des points forts de Talento Seven est certainement la diversité de ses personnages. S’ils sont tous fictifs (c’est un manga après tout), certains sont néanmoins inspirés de vrais créateurs de contenus (Benzaie, JDG…etc). C’est assez sympa d’essayer de deviner qui est qui. Lire en jouant est doublement divertissant.
Bien que les personnalités de ces créatures de contenu aient été modifiées, j’ai trouvé l’idée de relier le manga au monde réel vraiment chouette. D’une part, cela rend un bel hommage aux personnes concernées et au travail qu’elles effectuent. D’autre part, cela marque bien notre époque. Au-delà des personnages “réels”, on retrouve également quelques endroits et conventions qui existent bel et bien en France.
Personnages principaux
Côté personnages principaux, nous retrouvons Benzou, Adel et Carla. Ces deux derniers, amis d’enfance (futur couple ?), ont une confiance totale l’un envers l’autre qui rend leur relation belle et inspirante. Je me retrouve bien dans le côté pleurnichard d’Adel quoique j’aurai aimé avoir le caractère de Carla. La jeune femme, calme aux abords, n’hésites pas à sortir les griffes lorsqu’il s’agit de défendre Adel. Elle croit en lui dur comme fer et n’a pas hésité à mettre sa carrière de cinéaste en pause pour aider celle de son ami à décoller. Carla est l’amie ou l’amoureuse que l’on rêve tous d’avoir (à condition qu’elle lâche un peu prise).
Quant à Benzou, il représente cette figure paternelle qui veut prendre sa revanche sur la vie à travers son poulain. Il aide Adel à réussir tel qu’il est et en parlant des sujets qui le passionnent réellement. Chose qu’il n’a pas su imposer à la Starweb en abandonnant une émission au thème qui le passionne au profit de celle qui fait du chiffre. Ce que j’adore chez Benzou, c’est surtout son humour franc et décalé. À chacune de ses interventions drôles, je ris de bon cœur.
Personnages secondaires
Côté personnages secondaires, il y a l’embarras du choix. De l’influenceuse débile digne de celles qui vivent à Dubai (mais n’est ce pas là qu’une façade?) à celle complètement badass, en passant par le patron avare et le bel enfoiré. Il y en a pour tous les goûts.
Ma préférée parmi tout ce beau monde est Léo. Une belle femme avec énormément de principes. Elle n’a pas froid aux yeux et se bat pour un milieu de l’influence plus juste. Ce n’est pas pour rien qu’elle est numéro 1 du Talento Seven !
Avec une telle diversité, il est facile de s’identifier à tel ou tel personnage, ne serait-ce qu’un peu. Cela rend l’immersion encore plus grande.
Note personnages : 5,5 / 6
Dessin : une patte fraîche au service du scénario
Autant se le dire tout de suite : J’adore la patte de Kalon. Son dessin est fin et très épuré. Il embellit le scénario. Le chara-design des personnages est soigné et les expressions de leurs visages transmettent bien les émotions voulues. Les vrais créateurs de contenu sont reconnaissables sans pour autant être une copie conforme de leur version “humaine”. Ils ont toujours ce petit quelque chose en plus.
Au-delà des influenceurs, Kalon utilise en arrière-plans des endroits qui existent réellement : Boulevard Voltaire à Paris , Festival Animasia, Paris Games Week… etc.
Le manga est également parsemé de références à des œuvres majeures de la pop culture. C’est très amusant de se dire : “Ah oui, celle-là je l’ai !”. Si vous ne les avez pas toutes, pas de panique. Kalon les cite en fin tome 2 (pour celles du tome 1).
Seul bémol, mais là, la dessinatrice le dit elle-même, c’est le manque de décors. On les retrouve là où c’est nécessaire mais dès qu’il y a possibilité de ne pas en mettre, alors il n’y en aura pas. Pour ma part, cela n’a pas gêné ma lecture. Quoique j’aurai aimé retrouver des illustrations pour chaque chapitre et quelques pages en couleur.
Note dessin : 5 / 6
Note globale : 17 / 20
Mon avis sur Talento Seven, en bref
Talento Seven est un shonen qui se penche sur les dessous du monde des créateurs de contenu. L’idée est originale et l’histoire et les personnages sont dans l’ère du temps. Le manga est “chill”. Il se lit bien et met bien.
Les bonus proposés sont (vraiment) nombreux, funs et très intéressants pour certains :
- Préfaces signées par des créatrices de contenu : Caroline Quintaine dans le T1 et Marie Palot dans le T2 ;
- Rubrique « T’as pas la réf´?! » à la fin de chaque chapitre pour traduire le charabia relatif au rétrogaming que seul Adel maitrise ;
- Rubrique de Benzai qui donne de bons conseils à tous ceux qui souhaitent débuter dans le monde du streaming ;
- Interviews d’influenceurs Français ;
- Making-of by Kalon et Easter Eags by Kalon. Dans la première, la dessinatrice nous présente les personnages du manga. Dans la seconde, elle nous révèle tous les clins-œil qu’elle a caché dans le manga et relatifs aux œuvres pop culture qu’elle apprécie.
Si le tome 1 semble poser les bases de l’histoire sans intrigue profonde, le tome 2 se charge de faire monter le scénario en puissance. Magouilles, plans minutieusement élaborés, attaques et contre-attaques, rebondissements, Talento Seven saura vous divertir et vous faire grincer des dents. Enfin, il rend un bel hommage à toutes ces femmes et ces hommes qui se donnent à fond pour partager leurs passions on y mettant le cœur et la qualité. J’ai adoré ma lecture et je ne peux donc que la recommander.
Anecdote (très) personnelle :
Lors de la séance de dédicaces de Kalon à Paris, je me suis procuré le tome 1 de Talento Seven. J’avais un ventre bien rond à l’époque et tout en étant installée sur un fauteuil confortable (merci à la team Manga Café), j’ai pu papoter avec la dessinatrice qui est une personne extraordinaire. Je lui ai promis d’écrire une review sur son manga mais les dernières semaines de grossesse ont été éprouvantes et je n’ai pas pu le faire aussi rapidement que je le souhaitais.
La mi-Octobre, je me sentais plutôt en forme alors j’ai commencé à écrire cet article. Après quelques lignes tapées sur Word, les douleurs ont pointé du nez et j’ai dû partir à la maternité pour donner naissance à mon bout’chou. Aujourd’hui, je suis plutôt fière d’avoir fini cette review malgré le tsunami (de bonheur et d’insomnies 🤣) que représente l’arrivée d’un bébé. Tout ça pour dire qu’au-delà d’un coup de cœur, Talento Seven a été un compagnon de route et d’aventure. Merci Kalon & Izu 🤍
L’avis de Balin : TALENTO SEVEN – LIKE, COMMENTE ET ABONNE-TOI !
Talento Seven est une immersion dans les coulisses des créateurs de contenus. Streamer, influenceur… Autant de métiers actuels dont on ne saisit pas toujours la teneur réelle. Un contexte atypique et plein de promesses !
On y suit Adel, un jeune fan de retrogaming qui désire percer dans le milieu. Malheureusement pour lui, il est hyperémotif et fond en larme quand il fait face à un public : un comble !
Le récit s’organise comme un shōnen nekketsu classique. Un protagoniste au potentiel caché, qui participe à une sorte de tournoi, la Starweb Academy. Pour réussir, il lui faudra surmonter des obstacles, se remettre en question et s’accepter. Son amie d’enfance, son sensei et le sensei de son sensei l’aideront à gravir les échelons des tendances !
Mais le milieu de la création de contenu est hostile et nombre de machinations y prennent place. Quelques critiques de ce monde sont formulées, mais j’ai personnellement trouvé ça trop léger et parfois éloigné des problématiques réelles.
On pourrait se dire que le titre ne vise qu’un public jeune (shōnen), mais les références convoquées, les clins d’oeils ciblent un lectorat plus âgé (entre 25 et 35 ans). Si vous aimez traquer les easter eggs, il y en a tout un tas. Mais personnellement, j’ai trouvé que cela desservait un peu l’oeuvre. Cela laisse un arrière goût « boomer » et c’est bien dommage.
Visuellement, c’est plus que correct. Le trait est très expressif et les mises en scènes inspirées des interfaces des réseaux sont bien pensées !