Aujourd’hui on vous parle d’un manga Français qui va vous retourner, Blitz, une histoire sur les échecs! Alors on prend son cavalier fétiche et on lance la partie.
Les échecs, c’est pour les intellos ?! Et bien non, pas avec Blitz !
L’histoire se passe à notre époque. Dans un établissement international d’enseignement. C’est important de le préciser car sinon on ne comprend pas pourquoi les personnages ont des nationalités différentes et des prénoms venant de tous les pays dans un même endroit. Ce qui lance notre héros, c’est son intérêt pour une fille, l’amour le moteur de la vie, et des grandes épopées. Et pour se rapprocher d’elle, il s’intéresse au sport qu’elle pratique, les échecs.
Après avoir fait le fier à bras (comme tous les hommes) il défie le « leader » du club.
Problème, il ne sait pas jouer… Lisant frénétiquement les règles du jeu dans sa crêperie préféré celle de Jean-Marc. Celui-ci le surprend en lui révélant qu’il sait jouer. Ni une ni deux il insiste pour se faire former aux échecs par le cuistot. Notre héros fait ses premières armes et commence a se rêver comme un chevalier sur le champ de bataille.
Le jour de l’affrontement arrive, la fille à l’origine de tout cela lui prête son « cavalier » porte bonheur afin de lui porter chance. Mais bon, en deux mois apprendre les échecs et battre le président du club était une utopie et ce qui devait arriver, et bah… arriva… Perdre et être humilié devant toute l’école, c’est trop pour lui. Alors qu’il prend la fuite de l’école il tombe sur une bande de racaille et après une brève bagarre il perd le « cavalier ». Encore une fois, cela peut paraître anodin sera le point de bascule de notre histoire.
Et là tout s’enchaîne très vite…
Voulant remplacer le cavalier il se rend chez un antiquaire conseillé par Jean-Marc. Il rencontre un vieil homme, qui n’a rien à envier à Gandalf, Dumbledore ou le Père Fouras, qui lui propose des choses diverses et poussiéreuses. Mais parmi tout cela, il lui propose un appareil de réalité virtuelle dans lequel sont annalisées les plus grandes parties d’échec de champions. Évidemment, notre héros s’empresse de prendre l’objet et d’essayer. Ne voulant pas rester sur son humiliation, il décide d’en apprendre le plus possible, et découvre les parties de Garry Kasparov. Quand soudain quelque chose va lui ouvrir les portes du haut niveau des échecs, le niveau du « Blitz »…
Les pions sont en place, les choses sérieuses commencent, est-on prêt pour le Blitz ?
Cédric Biscay l’auteur nous prend vite au jeu, et Blitz sait nous tenir en haleine. Sur le papier les échecs sont un sport de haut niveau intellectuel, réservé à une élite fermée dont on entend rarement parler. Pas assez médiatisé, ça reste assez mystérieux. Et on ne va pas se mentir pas très palpitant. Ce manga nous en ouvre les portes et pas n’importe quelle porte car le plus grand maitre Garry Kasparov participe à l’œuvre.
A la fin de chaque tome de Blitz il y a des explications, des schémas et des parties déjà jouées, beaucoup d’informations pour les plus passionnés. L’originalité du sport choisi m’a d’abord surpris et intrigué, puis m’a fait peur. Comment vivre un moment palpitant, un grand frisson avec deux personnes face à face déplaçant des pions? Même si l’intensité intellectuelle est prenante, je voyais mal comment fixer l’attention d’un lecteur pendant plusieurs tomes là-dessus.
Et bien la solution est toute trouvée, le moteur graphique le plus puissant jamais créé, celui disponible partout 24/24, celui que tout le monde possède, l’imagination. Les protagonistes font donc leur duel sur l’échiquier, et dans leur imagination. Tantôt chevalier, tantôt samouraï. Les possibilités sont sans limite, et les duels deviennent très vite épiques.
En route pour un championnat mondial. La dimension mondiale et sans frontière est très vite lancée dans l’histoire, déjà par leur école internationale, et ensuite par la portée planétaire de ce sport. Puis très vite Garry Kasparov (du livre) annonce un tournoi international. Nos héros se lancent donc dans la conquête d’une place pour ce tournoi. Et là on va sûrement enchaîner plusieurs cultures, plusieurs ethnies. Ce qui devrait offrir de multiples possibilités de combats imaginatifs.
Histoire 4/5 nuages
Niveau scénario, c’est un sans faute, on est d’accord, Blitz sait bien faire les choses. Mais le dessin dans tout ça? Et bien déjà les couvertures, elles montent en puissance à chaque tome. Au début, elles sont soft, posées sur les héros et le plateau de jeu, et ensuite explosives colorées, variées et vraiment belles. Celle du tome 5 est carrément au top pour moi. En ce qui concerne le dessin au fil de l’histoire, c’est assez constant. C’est un dessin de bonne qualité, mais pas exceptionnel. Comme on dit ça fait le taf, c’est intense et lumineux. Les actions imaginaires apportent le dynamisme nécessaire. On sent que le dessinateur s’exprime vraiment dans ces moments là. Au fur et à mesure, comme sur les couvertures, on sent l’artiste prendre ses marques et le dessin est plus fluide.
Dessin 2,5/5 nuages
Les personnages sont très variés et très attachants. Chaque personnage du plus petit au plus important possède un style, une personnalité, et une histoire qui lui est propre. Très nombreux, les personnages, sont étoffés au niveau du background par de petites points distillés à droite à gauche au long de l’histoire. Bien évidement Tom le héros est celui que l’on suit le plus. Mais aucun personnage n’est mis de coté et ça c’est vraiment intéressant, je n’aime pas trop lorsqu’on ne sait rien sur les personnages secondaires. Il reste cependant quelques zones de flou, et des infos qu’il nous manque. Mais c’est normal! Il faut garder du mystère et du suspens pour la suite de l’aventure. Et Jean-Marc à lui tout seul est un phénomène qu’on veut apprendre à connaître!
Personnages 3,5/5 nuages
La partie continue, arrivera-t-on a suivre le rythme ?
Gros lecteur de manga, plus particulièrement de shonen, j’éprouve toujours une grande joie quand je découvre du manga français. Et quand ils sont bons, c’est encore mieux. Le premier tome était une surprise, un saut dans l’inconnu. Lent au début (forcément, grosse mise en place), il s’intensifie très vite. J’ai été embarqué dans l’histoire. Si vite que j’ai enchaîné les tomes sans m’en rendre compte. Tout est très bien orchestré. Les classiques sont là pour nous rassurer; le héros, la fille qu’il aime, les mentors, l’équipe d’amis (la team), et l’objectif à atteindre avec le héros qui évolue. Mais tout est amené d’une manière nouvelle, et surtout inédite.
J’adore l’œuvre, j’adore ce côté calme qui explose pendant les duels avec des combats mentaux complètement fous. J’adore le fait de ne pas pouvoir prévoir ce qui pourrait arriver. J’ai aussi beaucoup aimé les petites infos à droite à gauche où l’on sent que cela va donner quelque chose de ouf plus tard. C’est vraiment une bonne œuvre, avec des duels sans violence, des combats dans le respect. Plein de bonnes choses sont véhiculées au fur et à mesure de l’œuvre.
Ingéniosité 5/5 Nuage
Note Globale 15/20
Nous avons eu la chance de pouvoir parler avec l’auteur au cours de la Paris Manga. Un peu terrorisé par ma première interview en live dans une vraie salle de presse, je suis arrivé en avance. Et j’étais dans le coin de la pièce a attendre mon tour quand ce fut le cas. Et la M. BISCAY a été super gentil, et m’a un peu mis en confiance. Nous étions donc dans la salle de presse super bruyante, avec mon portable en mode enregistrement audio, et mes questions dans la tête. On était prêt. Ça y est…
Donc je vous rapporte notre entretien, dans la petite interview qui suit.
Entretien avec Cédric Biscay, auteur de Blitz, par M. Sark
M. SARK : Comment est arrivée l’idée d’un manga sur les échecs ?
Cédric BISCAY : Très grand fan de manga depuis toujours, ce n’est pas un secret, Dragon Ball, Olive et Tom ont bercé ma jeunesse. Ne sachant pas dessiner ni faire des scénarios il aurait été présomptueux de vouloir faire mon manga. Mais après avoir travaillé de nombreuses années dans le milieu, je me suis dit que j’étais tous à fait capable de faire moi aussi une histoire qui tient la route. Et les échecs sont venu à moi comme une évidence. Il n’y a quasiment rien sur le sujet. Et dès que j’ai pensé échecs j’ai pensé Garry Kasparov qui a dit ok pour parrainer le manga. Et Blitz est né.
M. SARK : Mais comment l’avez-vous contacté ?
Cédric BISCAY : Et bien tout simplement en lui écrivant sur son adresse générique trouvé sur Google. Après quelques temps, il a répondu. Un petit rendez-vous sur Paris pour présenter le projet, et il était très emballé, et a trouvé le projet génial. D’un côté pour parler de sa passion pour les échecs par le biais d’un média qu’il ne connaît pas. Le manga. Et aussi pour promouvoir les échecs au Japon ou le shogi est ultra dominant.
M. SARK : Chose surprenante pour un manga qui se passe au Japon, vous n’avez pas mis de nom japonais ?
Cédric BISCAY : Et bien non. (petit rire). Ils sont dans un collège international, ça déjà c’est la raison. Et voulant faire un manga qui plaise au plus grand nombre. Pour pouvoir s’identifier, au début on est sur des noms un peu français, il y a même un Marius. Ça doit être le premier et le seul Marius de l’univers manga. Après il y a des américains et d’autres nationalités qui vont arriver. Je ne voulais pas être le français qui met que des français, ou le français qui copie les japonais en mettant que des japonais. Je voulais une dimension internationale, même avec les noms. Et Blitz sera disponible partout dans le monde aussi, ça fait partie du plan (petit rire).
M. SARK : Pourquoi le restaurateur français (Jean-Marc le cuistot) tient-il une crêperie ?
Cédric BISCAY : (éclat de rire). Et bah il y a une vraie raison. Quand j’ai connu le Japon, il y a plus de 20 ans, il y avait un grand black bodybuildé qui tenait une sorte de roulotte à crêpes à Shibuya. Et comme il était black, tout en blanc et bodybuildé, c’était génial dans Shibuya sachant qu’il y avait très peu d’étrangers là-bas. Et je me suis toujours dit qu’il me fallait ça dans le manga. Alors il est pas black dans le manga mais il est bodybuildé. C’est la première idée que j’ai eu. Ce personnage attachant et décalé dans l’univers des échecs.
M. SARK : En tant qu’auteur, quel est votre objet fétiche ?
Cédric BISCAY : Alors je suis très mauvais à ça car j’ai zéro objet fétiche. Non mais en vrai j’ai rien. Je ne suis pas un auteur normal, ça suit ce que je disais tous à l’heure, j’ai aucune formation dedans, je suis arrivé à un point où je pense être capable de faire une bonne histoire. De proposer un manga qui tienne la route, avec les codes et les choses qui me plaisent. C’est comme un grand fan de manga qui se dit j’en ai suffisamment lu et je pense être capable de créer quelque chose. J’ai aucun outil. Pas comme les auteurs normaux dont c’est le vrai métier.
M. SARK : Une anecdote un peu sympa à nous partager ?
Cédric BISCAY : Une anecdote, bah j’en ai une terrible. C’est au sujet du dessinateur de Blitz. Il y a trois ans la première fois que j’annonce Blitz, c’est à l’événement Magic que j’organise à Monaco. Et il y a un moment où je donne des news etc. Ce qui ce passe c’est qu’il y avait un dessinateur pour Blitz qui avait été choisi. Et je devais dévoiler la cover du tome 1 à ce moment. La cover avait été montré la veille mais je ne faisais pas vraiment attention. Du coup je la vois vraiment le lendemain au moment du lancement, devant 900 personnes, et là, je la valide pas du tout. Je suis face à 900 personnes sur grand écran la cover. (éclat de rire)
J’ai un rejet de la cover et donc du coup je le montre, j’en parle, je pitche un peu. Et je leur dis « l’image c’est pas du tout ça » que c’est encore en recherche. Du coup j’ai dû tracer pour trouver un dessinateur qui me plaise, j’ai galéré à trouver un dessinateur. Car au début c’était pas du tout celui-là. (éclat de rire) ça m’avait choqué quand j’étais sur scène ce rejet total de la couverture, c’était vraiment pas possible.
M. SARK : Comment est venue l’idée du duel qui passe d’une partie d’échec à des combats mentaux de
chevaliers ?
Cédric BISCAY : Ah, bah moi j’ai tout de suite imaginé quelque chose pour que ça ne soit pas soporifique pour le lecteur. Moi ce que j’aime dans les manga, c’est l’intensité. C’est pour ça que parfois certaines parties n’en ont pas. Mais comme il y a beaucoup de parties, je me suis dit que nos héros qui s’imaginent en guerrier pendant les parties ça pourrait être très sympa. Et au fur et à mesure des tomes ça change et évolue en fonction des thèmes et des moments de l’aventure. S’il n’y avait que des parties d’échec le lecteur aurait décroché. Je ne voulais pas que ça soit barbant.
M. SARK : Après la réussite du manga, un animé peut-être ?
Cédric BISCAY : Et bien il y a des gens qui en parlent, il y a des offres de France et du Japon. Et c’est mon rêve de faire un animé bien-sûr. Mais je ne veux pas le faire avec n’importe qui. Il faut des gens qui croient vraiment au projet. On a la chance que le manga fonctionne et c’est inespéré, enfin on est content.
M. SARK : Oui, j’avoue que le tome 1 est bien et il est plein d’info. Il part à droite à gauche un peu partout et je me demandais là où ça allait partir, les premières cover étaient très softs et donc c’est vraiment la cover du tome cinq qui pour moi a tout explosé et je pense que beaucoup vont attaquer à ce moment là, car là on sent le héros dans l’aventure.
Cédric BISCAY : C’est marrant ce que vous dites, c’est exactement pour ça que je l’ai fait. Comme je ne sais pas dessiner, le seul talent c’est de penser comme un lecteur. Je passe commande au dessinateur de ce que je veux pour qu’il le fasse. Et il faut donc briefer le dessinateur. Tout ce passe par e-mail avec un interprète. Un vrai travail d’équipe. Oui je fais l’histoire, mais il y a une équipe autour qui travaille bien et qui est là pour rendre ma vision.
M. SARK : Si vous étiez un animal vous seriez quoi ?
Cédric BISCAY : Et bien ma première idée c’est le lion, car je suis Lion.
Pour en savoir encore plus sur l’oeuvre, on vous invite également à regarder notre interview vidéo de l’auteur! Vous pouvez aussi retrouver la critique du premier tome par le Gaakama Ludwig juste ici.