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Shibuya Hell, un survival avec du mordant ?

Le tout nouveau manga survival horror des éditions Pika, Shibuya Hell, est disponible depuis hier. Alors ça donne quoi cette invasion de poissons rouges à Tokyo ?

Des poissons rouges géants mangeurs d’hommes

Les éditions Pika nous proposent un manga des plus atypiques. Censé à la base sortir pour le 1er Avril (histoire de rimer avec les poissons d’avril), mais finalement reporté au 3 Juin à cause des différents événements mondiaux. Shibuya Hell inonde enfin le catalogue seinen de l’éditeur et devrait nous croquer à pleine dents.

Shibuya Hell (Shibuya Kingyo en vo) est créé par Hiroumi Aoi et a commencé sa prépublication dès 2016 dans le magazine Monthly Gangan Joker de Square Enix. La série compte actuellement 8 tomes et continue tranquillement sa nage.

Voici le synopsis pour vous mettre dans le bain.

Shibuya, quartier ultra branché de Tokyo. 14h50. J’ai toujours espéré qu’un événement bousculerait un jour mon quotidien de lycéen un peu morne. Le genre de rebondissement que le cinéaste amateur que je suis peut voir dans ses films préférés… mais pas ce genre-là.

J’ai vu des passants se faire dévorer par ces… poissons géants, qui sont apparus tout à coup, flottant partout dans le quartier… Ces créatures sont réelles. Ce ne sont ni des effets spéciaux ni des trucages. Et elles ont faim de chair humaine. Moi et d’autres survivants tentons de leur échapper, mais tout porte à croire que nous sommes bel et bien coincés dans cet enfer…

Vous l’aurez compris, après les zombies, plantes carnivores et autres créatures mangeuses d’hommes, place aux poissons rouges géants. Un scénario digne d’une série Z comme on les aime. Mais au-delà de ça, ça vaut le coup alors ?

Shibuya Hell, un survival comme les autres ? Pas vraiment ?

Hiroumi Aoi se lance dans le très dur pari de percer dans le game des survivals. On peut dire qu’on a été gâté par ce type d’œuvres durant la dernière décennie. En passant par l’indétrônable The Walking Dead de Robert Kirkman ou encore L’attaque des Titans d’Hajime Isayama qui a complètement renové le genre (le trailer de la dernière saison ici).

Faire du survival, ça devient limite aussi compliqué que de faire du Shônen Nekketsu, quasi tout a déjà été fait. Toshifumi Sakurai avait lui, fait le choix de faire un survival complètement WTF dans Ladyboy vs Yakuza (pour le coup, ça fonctionnait très bien).

Le mangaka de Shibuya Hell choisit de prendre des poissons rouges géants pour traquer ses survivants. Il est vrai que ce simple élément peut attirer la curiosité…ou pas. Des poissons rouges mangeurs d’hommes…quand même les gars… Surtout que l’auteur en profite pour nous renseigner sur leur mode de vie, encore mieux qu’un cours de SVT. Là où ses poissons sont intrigants, c’est…qu’ils parlent.

Si Shibuya Hell s’arrêtait à simplement survivre face à des poissons, l’œuvre deviendrait bien vite fatiguante. C’était justement ma crainte durant la lecture du premier tome. Nous suivons donc Hajime Tsukiyoda qui assiste au début de la catastrophe et qu’on voit lutter pour sa survie. Comme tout bon survival, il rejoint un groupe de survivants et des dysfonctionnements en interne vont survenir. Trahison, peur, abandon, les ingrédients habituels des œuvres de ce genre.

J’étais déjà résigné jusqu’à atteindre les dernières pages du tome 1 qui m’ont donné la curiosité de découvrir la suite. Et oui, Shibuya Hell commence à se différencier de ses camarades réellement sur son second tome.

Un second volume qui lance enfin l’histoire

Bon, il aura fallu 1 tome, soit 4 gros chapitres pour le manga pique enfin ma curiosité. Ca peut faire long pour certains lecteurs. Kyochuu Rettou (l’île des insectes géants) m’avait bien plus happé dès ses premières pages. Le côté « compétence » des survivants comme dans un RPG était très intéressant comme idée.

Shibuya Hell commence sa distinction avec l’arrivée d’un personnage assez spécial appelé « Le furet de Shibuya ». Celui-ci n’agit pas du tout comme un survivant habituel et s’amuse plutôt de la situation actuelle. Un protagoniste qui met un coup de fraîcheur dans le récit, on passe d’un Hajime banal à un furet anti-héros. D’autant plus que ce dernier en sait bien plus qu’il ne paraît et attise davantage la curiosité du lecteur.

C’est parti pour nager avec les poissons rouges !

Pika a décidé d’éditer un manga assez spécial. Pas vraiment transcendant dans le genre, pas ultra original (en même temps, difficile avec cette catégorie) et avec des créatures banales comme tout.

Les amateurs de gore ne vont pas vraiment pouvoir s’y retrouver vu que le manga ne l’est pas tout à fait. Alors oui, ça reste « violent », mais à aucun moment on a des tripes à l’air, des arrachages de têtes détaillés ou autres morts qui donnent la gerbe. Il y a tout de même des passages qui peuvent être gênants pour les plus sensibles. Mais comparer à un MPD Psycho du duo Sho-U & Eiji ou même Berserk de Kentarô Miura, c’est bon enfant.

Cependant, Hiroumi Aoi est très fort pour faire sentir la peur de ses personnages. Les expressions sont très bien gérées et on y croit à fond. De plus, l’auteur joue très bien du vire voltage des personnages, celui qui peut paraître innocent est finalement la pire crapule du groupe.

Si vous êtes un mordu de survival, je ne sais pas si Shibuya Hell vous satisfera. Si vous êtes simplement à la recherche d’une histoire à la série Z, why not. Le manga est tout de même bien réussi avec son lot de rebondissements et saura vous faire passer un bon moment.

Vous pouvez lire le premier chapitre juste ici pour vous donnez une idée.

SHIBUYA KINGYO © Hiroumi Aoi / SQUARE ENIX CO., LTD.

SHIBUYA KINGYO © Hiroumi Aoi / SQUARE ENIX CO., LTD.