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La Base: A la découverte du manga d’horreur!

  • Balin 
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Le manga d’horreur est un genre un peu à part et peu représenté en France mais pourtant foisonnant ! Partons à la découverte de ce genre!

Genre très populaire actuellement, l’horreur et ses dérivés ont évidemment leurs représentants dans la sphère du manga. Pourtant, on ne peut pas dire que les manga d’horreur ont réellement la côte. Les oeuvres les plus connues sont généralement des titres qui misent tous sur le gore, et les morts en série; en oubliant parfois de proposer quelque chose (Coucou Another).

Au travers de cet article, je vous propose, pour Halloween, de retracer une partie de l’histoire du genre et, pourquoi pas, de découvrir quelques petites pépites qui vous feront frissonner!

Kazuo Umezu: le premier maître du manga d’horreur!

L’histoire du manga d’horreur débute dans les années 50, avec les kashihon. C’est un type de livre qui était loué pour une somme dérisoire dans différentes boutiques et librairies spécialisées (les kashibonya). Ce modèle est par ailleurs à l’origine du développement rapide du manga à l’époque.

Kazuo Umezu, que l’on considère aujourd’hui comme un des pères fondateurs de l’horreur à la japonaise, débuta ses travaux dans les années 50-60.

Avec un style reconnaissable entre milles et inspiré des récits terrifiants que lui contait son père dans son enfance, l’auteur posa tout simplement les bases du manga d’horreur.

Très psychologiques, voire parfois complètement conceptuels, ses manga sont comme une anomalie dans le paysage manga de l’époque. En effet, dans les années 60, la tendance était plutôt aux manga comiques et autres yonkoma.

Les premières oeuvres de l’auteur seront d’ailleurs des comédies romantiques, mais rapidement, il bascula du côté obscure de la force!

Mais ne vous y trompez pas, horreur n’est pas synonyme de violence gratuite et de gore à outrance. L’auteur met un point d’honneur à s’inspirer et à représenter ce qui l’entoure, ce qu’il constate; notamment en ce qui concerne les relations humaines.

Son oeuvre la plus connue est probablement L’Ecole Emportée (qui vous rappellera peut-être Sonny Boy). Pour ceux que cela intéresse, la série est disponible aux éditions Glénat. Elle a par ailleurs fait l’objet d’une réédition récente.

Synopsis de l’Ecole Emportée:

L’école emportée narre la disparition brutale d’une école primaire et de tous ses occupants, mystérieusement projetée dans un monde désertique, dépourvu de vie, où le sable dispute à un ciel aux brumes obscures les limites incertaines de l’horizon noir. Complètement dépassés par la situation, les adultes chargés de la protection des enfants vont se révéler incapables d’assurer leur rôle. Certains laisseront libre cours à leur folie naissante, d’autres préfèreront le suicide. 
C’est dans ce monde que les enfants, désemparés, à court de repères tant familiaux que géographiques, se devront à eux seuls de s’accorder l’espoir d’une survie improbable. 

L’École emportée – Édition originale – Tome 01

Vous retrouverez également Baptism, autre série de l’auteur, chez l’éditeur. Le Lézard Noir propose également La Maison des Insectes ou Je suis Shingo.

En plus d’être un auteur prolifique, Kazuo Umezu est un véritable personnage public. Toujours affublé de son t-shirt à rayures rouges (où est Charlie? me direz vous), l’artiste est également chanteur, compositeur et showman. Aujourd’hui âgé de 84 ans, Kazuo Umezu a pourtant annoncé son retour avec une nouvelle histoire! En préparation depuis 4 ans, elle est parue en janvier 2022 au Japon! (Source)

L’ero-guro de Suehiro Maruo

Si l’horreur est un genre, il possède évidemment des sous-genre. Parmi eux, il y’a l’ero-guro, abréviation d’érotico-grotesque. Et c’est dans le monde du manga que l’on trouve l’un de ses meilleurs représentants: Suehiro Maruo. Auteur au parcours quelque peu chaotique, Suehiro Maruo réalisa des illustrations pour des magazines pornographiques avant de se lancer pleinement dans le manga. Ses écrits eurent pourtant du mal à trouver leur public, même le Shonen Jump pourtant très avant-gardiste pour l’époque (70/80) trouvait cela trop transgressif.

L’auteur est notamment connu pour avoir proposé des adaptations aux oeuvres de Edogawa Ranpo (grand nom de la littérature japonaise, et créateur du genre même), comme La Chenille ou L’île Panorama. Ces mêmes oeuvres, un peu plus « soft », moins explicites lui valurent d’être enfin reconnu dans les années 2000-2010.

En France, on connaît l’auteur depuis les années 90 grâce à une belle mise en lumière de Moebius. Parmi ses oeuvres La jeune filles aux camélias est disponible aux éditions IMHO.
La Chenille, Lunatic Lover’s, Le Monstre au teint de rose, Yume no Q-Saku, Vampyre I et II et DDT sont à retrouver aux éditions Le Lézard Noir. L’île Panorama, L’Enfer en bouteille et le très récent Tomino la maudite sont édités par Casterman dans la collection Sakka.

On notera également que l’auteur est toujours en activité; il prévoit d’ailleurs un nouveau manga, An Gura, pour cette fin d’année! Il sortira le 12 novembre dans le Monthly Comic Beam de Kadokawa. (Source)

« Tomino la maudite » de Suehiro Maruo © Casterman

Synopsis de Tomino la maudite:

Un soir d’hiver, les jumeaux Shoyu et Miso, à peine âgés d’un an, sont abandonnés par leur mère. Maltraités par les adultes, martyrisés par les enfants, c’est lorsqu’ils sont vendus à un cirque que les orphelins trouvent, pour la première fois, un foyer chaleureux dans l’effervescence du Tokyo des années 1930. Si les phénomènes de foire deviennent leur famille, les enfants apprennent à leurs dépens que le monde du spectacle, lui, est gangréné par les appétits les plus vils.

Et petit funfact, si le personnage de Maruo dans 20th Century Boys s’appelle ainsi, c’est en hommage à ce mangaka!

L’héritier de Kazuo Umezu: Junji Ito

Quand on parle de manga d’horreur, les fans de manga quels qu’ils soient s’accordent sur un nom: Junji Ito. Il faut dire que l’auteur à su s’imposer non pas avec une, mais avec plusieurs oeuvres. Tomie d’abord, avec laquelle il remporta une mention spéciale du prix Kazuo Umezu en 1987. Puis Spirale, qui est probablement l’une de ses oeuvres les plus connues aujourd’hui. Gyo suivra. Entre temps, ce sont tout un tas d’histoires plus ou moins longues qui paraîtront.

Pour les intéressés, Spirale et Gyo sont à retrouver chez Delcourt-Tonkam. Tandis que Tomie, ainsi que d’autres oeuvres de l’auteur sont/seront disponibles aux éditions Mangetsu qui dispose d’une collection propre à l’auteur!

Retrouvez mes reviews des oeuvres de Junji Ito juste ici !

La touche féminine par Inuki Kanako

Surnommée par certains la Reine de l’Horreur, Inuki Kanako est l’une des figures majeures du boom des manga d’horreur en 1990. Son trait est caractérisé par sa richesse, son originalité et ses inspirations folkloriques. L’autrice se démarque notamment par sa capacité à écrire des histoires angoissantes racontées par des enfants. Et oui, on est dans le creepy!

Ses titres s’inscrivent dans le genre « kowai », littéralement « j’ai peur » en japonais. Il s’agit d’un terme qui désigne donc les manga d’horreur, plus particulièrement ceux qui s’adressent à un public féminin jeune, les shojo. Eh oui, là où l’horreur s’épanche au Japon, c’est dans les magazines pour jeunes filles!

En France, on la connaît pour deux titres: L’Etrange Petite Tatari et La Femme Défigurée. Tous deux sont parus aux éditions Delcourt mais leur parution est désormais stoppée. En revanche, la bibliographie au Japon est bien plus fournie! Encore une autrice qui mériterait d’être plus connue par chez nous…!

Synopsis de La Femme Défigurée:

Trois nouvelles terrifiantes par la « Reine du manga d’horreur » ! Oserez-vous les lire ? Ce manga est un recueil de trois nouvelles d’horreur. On y découvre une femme à la bouche démesurément grande, prête à tout pour retrouver sa fille; une multitude d’escargots qui ont élu domicile dans le corps d’une famille afin de contrôler leur chair et leur esprit; et une jeune fille qui dissimule son atroce visage sous une couche de maquillage.

La relève de Suehiro Maruo: Shintaro Kago

Les grands noms font forcément des émules, Shintaro Kago est de ceux-là. En se lançant dans l’ero-guro, il suivait indubitablement les pas de Maruo. Cependant, il parvint tout de même à se démarquer et à proposer sa vision du genre: le « fashionable paranoïa ». Rien n’est trop gore et glauque pour lui, et tout peut-être prétexte à l’humour. Une différence avec son aîné qui est bien moins friand de comique. On notera aussi la capacité de l’auteur à tordre les codes de la bande-dessinée, en repoussant toujours plus loins les limites. Briser le 4ème mur? Une routine pour Kago.

Si vous souhaitez vous lancer dans la lecture de ses oeuvres, je me dois de vous avertir… Ayez le coeur bien accroché, très bien même!

Parmi ses oeuvres les plus connues, on peut notamment citer Anamorphosis et Fraction. Les deux titres, ainsi que d’autres, sont par ailleurs disponibles aux éditions IMHO en France!

Plus récemment, ce sont les éditions Huber qui nous ont offert La Princesse et le Château sans fin !

Retrouvez mes critiques sur les oeuvres de Shintaro Kago ici !

Synopsis de Fraction:

Tokyo est frappée par une série de meurtres. Le coupable, Kôtarô Higashino est un aimable garçon de café qui une fois par mois se transforme en véritable assassin psychotique et sectionne en deux le corps des femmes qu’il rencontre sur son passage. Surnommé le Tronçonneur, Kôtarô vit une existence paisible dans l’anonymat le plus total jusqu’à ce que des événements étranges se produisent… Peu à peu les cadavres découpés se multiplient dans les rues de Tokyo sans que Kôtarô y soit pour quelque chose. Y aurait-il un deuxième tronçonneur ? Qui donc imite ses meurtres ?

OCHAZUKENORI: Quand horreur rime avec histoire courte!

OCHAZUKENORI s’est d’abord illustré dans le genre du lolicon (on peut considérer cela comme un autre type d’horreur hein…) mais par la suite, il nous a offert de vrais manga horrifiques. Il est par ailleurs considéré comme un auteur culte par les amateurs du genre. Sa signature? Les histoires courtes. Pour lui, c’est un moyen de donner plus d’efficacité à ses récits. Il est également maître dans l’art d’inscrire ses histoires dans des environnements contemporains tout en proposant des twists cauchemardesques.

Certains le voient comme un précurseur par rapport à la nouvelle vague des oeuvres horrifiques des années 1990. En tant que fan d’horreur, vous connaissez The Ring? La version japonaise de 1998? Et bien sachez que Ochazukenori proposait les mêmes mécaniques… 10 ans avant la sortie de ce dernier; peut-être n’est-il pas étranger au succès du film.

Bienvenue dans le manoir de l’horreur, où son concierge va vous raconter des histoires sanglantes et morbides…
Ce jour là, Sanaé reçoit un appel téléphonique d’Hayashi, un ancien amoureux de ses années lycées. La présence de son mari s’ajoute au malaise de ce coup de fil surprenant. Ce n’est pourtant qu’à la deuxième sollicitation du téléphone que l’angoisse d’être harcelée va commencer à s’immiscer en elle. Mais c’est après la troisième fois… qu’elle découvrira que son mari vient d´être sauvagement assassiné dans la baignoire ! ! Hallucination, délire, angoisse…

On a pu découvrir quelques unes de ses oeuvres en France, comme Réincarnation ou Le Manoir de l’Horreur parus aux éditions Delcourt.

Le manga d’horreur en détails, le trait de Shingo Honda

Shingo Honda n’est pas forcément parmi les mangaka d’horreur les plus connus, et pourtant, ces oeuvres sont de très bonnes représentantes du genre. Souvent très bien ficelée, ce qui caractérise l’auteur à mon sens c’est surtout son dessin. En France, on connaît l’auteur pour ses deux titres Kiriko et Kiriko Kill parus au éditions komikku.

Bien des années après avoir quitté l’école, un certain « K » donne rendez-vous à un groupe de collégiens d’une même classe. La lettre qu’ils reçoivent leur propose de marquer le seizième anniversaire de la mort mystérieuse de leur ex-camarade Setsuko Okumura. Voilà une occasion parfaite pour reparler de cet événement, partager des souvenirs et déterrer la capsule temporelle de l’époque.
Si le début de la rencontre se déroule bien, ils se rendent rapidement compte que quelque chose cloche… Bruits étranges et disparitions laissent présager qu’un tueur s’est introduit avec eux dans l’établissement !

© Shingo Honda 2015

Pour ma part, c’est avec sa série Hakaiju que j’ai découvert l’artiste. L’auteur y met un point d’honneur à détailler un maximum ses planches et nous offre de véritables panoramas des enfers, avec évidemment son lot de monstres gigantesques, purulents et tentaculaires.

La mention spéciale à Hideshi Hino

Il y a un auteur que je souhaitais mentionner dans cet article: Hideshi Hino. Ce dernier n’est pas parmi les plus prolifiques, néanmoins il est peut-être à l’origine d’un des manga d’horreur les plus puissants jamais écrits. Hideshi Hino est l’auteur de Panorama de l’Enfer.

Dans un délire post Hiroshima, un artiste extrémiste utilise son propre sang comme matière première pour peindre ses toiles et revient sur la curieuse généalogie de sa famille. Un voyage en enfer où se mêlent expériences interdites, corps martyrisés et monstres en devenir…

Le manga est d’ailleurs sorti en France aux éditions IMHO!
Dans son oeuvre, Hino allie subtilement les visions traumatiques de son enfance et un humour des plus cyniques. Ce faisant, il est parvenu à donner un nouveau souffle au manga d’horreur dans les années 80.

Evidemment, d’autres auteurs auraient leur place ici. Nokuto Koike par exemple, pour sa maîtrise de la tension et de l’atmosphère horrifique. Ses titres 6000, Mushroom, Scary Town, Les Oubliés et Firefly sont disponibles aux éditions komikku. Mais également Masaaki Nakayama (qui arrive chez Mangetsu) ou encore Koji Matsumoto (là par contre, il faudra s’accrocher pour se procurer ses oeuvres).

Et si vous aimez les ambiances un peu étrange, un ami m’a conseillé Alien 9 de Hitoshi Tomizawa, alors pourquoi pas essayer vous aussi? C’est presque mignon, pas forcément gore ni choquant mais quand même…!

Et vous, quel est le manga d’horreur qui vous a fait frissonner et que vous recommanderiez pour Halloween?