La maison d’édition Mangetsu a récemment ajouté un nouveau manga à son catalogue avec Butterfly Beast. Son auteure, Yuka Nagate, était présente à la Japan Expo et Gaak a eu la chance de discuter avec elle !
Pourriez-vous présenter pour les otakus français qui ne vous connaissent pas ?
Enchanté je m’appelle Yuka Nagate, mangaka. J’ai été invitée à la Japan Expo dans le cadre de la sortie de mon manga Butterfly Beast aux éditions Mangetsu. Je compte sur votre bienveillance.
Vous vous êtes faite remarquée très jeune. Vous avez reçu le prix de jeune artiste de Kodansha en 1995. Comment on gère une carrière qui démarre si bien ?
Avant de faire mes débuts officiels, je voulais vraiment devenir mangaka, je le pensais très fort. J’étais prête à tout et donc j’ai dessiné cette œuvre qui a reçu un prix. Si ce prix m’a donné le lancement d’une série, il ne m’a pas donné un succès immédiat. Et puis je n’étais pas dans un état d’esprit où je me disais « ah c’est génial », « ah je suis satisfaite ». Après avoir eu ce prix, il y a eu plutôt des épreuves assez difficiles. En fait c’est une fois qu’on devient vraiment mangaka que c’est encore plus difficile.
En France vous êtes notamment connue pour votre dessin de Hokuto no Ken : la légende de Toki, Gift et Butterfly Beast. Quelle est la différence entre juste dessiner, et écrire ET dessiner ?
Pour travailler sur un manga déjà scénarisé, en particulier sur Hokuto no Ken qui est déjà très connu, je me suis tenue à ne jamais détruire l’univers pré-existant. C’était vraiment quelque chose auquel j’ai fait attention tout au long de mon dessin donc j’ai un peu tué mon originalité pour faire ce manga. Alors que pour une œuvre originale comme Butterfly Beast, j’avais l’impression d’avoir carte blanche. Je pouvais presque dire que quand je dessinais la légende de Toki, je ne le faisais pas en tant que Yuka Nagate mais en tant que Tetsuo Hara.
Qu’est-ce que ça fait d’avoir les pleins pouvoirs alors ?
Pouvoir avoir carte blanche c’est génial pour une mangaka. Mais une fois que j’ai eu la liberté de faire quelque chose qui me plaît, ça m’a rendu très nerveuse parce que dans le cadre de la légende de Toki il y avait déjà un squelette présent alors que là, du début à la fin, j’étais toute seule dans la création de mon histoire. Et j’avais aussi l’impression de me faire tester, ce qui m’a rendu encore plus nerveuse. Il y aussi une pression de la part de l’éditeur, puisque j’ai carte blanche mais il faut que ça se vende.
Comment on ressent le succès de son manga à l’étranger ?
Au Japon, c’est une série qui n’a même pas été réimprimée. On a pu faire une partie 2, mais je n’ai pas pu terminer la série comme je l’aurais voulu. Je suis contente de savoir que mon manga a été édité en France et qu’il est assez bien reçu.
Comment on fait une bonne héroïne de manga ?
D’abord, sachez que je suis vraiment amoureuse du personnage d’Ocho ! Il y a une vraie admiration pour elle. Je me suis dit qu’il faudrait montrer ses faiblesses même si c’est un personnage fort. Pour la créer, je citerais l’habitant de l’infini et la première œuvre de mes débuts, où il y avait déjà un personnage du nom de Ocho. Je me suis aussi beaucoup inspirée du style d’Hiroaki Samura pour dessiner. Il y a également un romancier qui s’appelle Shōtarō Ikenami, qui avait fait un roman dans lequel apparait une certaine Ocho, donc c’est un peu un hommage de ma part. Pour la dessiner, il y aussi Meiko Kaji et des femmes dessinées par Kazuo Kamimura.
Vous abordez dans votre manga l’ère Edo. Quel est le travail de recherche pour retranscrire cette époque comme vous l’avez fait ?
J’ai passé mon temps à la bibliothèque, dans des livres ! Il y aussi un peintre japonais qui s’appelle Hito Seiu qui a vécu entre Edo et Meiji, donc je me suis beaucoup inspiré de ces illustrations. Mais en même temps, c’est vrai qu’il y assez peu de documentation sur le début de l’ère Edo, période où se passe Butterfly Beast, donc j’ai lu beaucoup de choses mais j’ai aussi du beaucoup imaginer à partir des données que j’avais.
Quel est le personnage que vous aimez le plus dessiner ?
Ce sera Ocho évidemment ! C’est un perso qui a été présent tout au long de ma carrière, de mes débuts à aujourd’hui et c’est un personnage que j’admire énormément, dont j’ai envie de dessiner sa vie jusqu’au bout.
Merci à Mangetsu pour nous avoir permis de réaliser cette interview. Et merci à à Yuka Nagate et son équipe pour avoir pris le temps de répondre à nos questions !
Propos recueillis par Aouiru