L’adaptation animée de Skip and Loafer a fait peu de bruit au cours de sa diffusion. Pourtant, c’est une réussite à tous les niveaux.
Pour le moment, l’année 2023 est un cru exceptionnel au niveau des animes. Que ce soit avec les nouvelles saisons de Demon Slayer, Vinland Saga ou Dr. Stone, l’arrivée de nouveaux animes comme Oshi no Ko, A Journey Beyond Heaven ou encore Hell’s Paradise, il est compliqué pour un consommateur de ne pas trouver un anime à son goût. Mais derrière ces adaptations mainstream, plusieurs pépites sont passées sous les radars. C’est le cas de Skip and Loafer, qui est, indéniablement, la plus belle surprise du printemps 2023.
Dans cet anime, produit par le studio P.A. Works, nous suivons l’histoire de Mitsumi, une jeune adolescente de 15 ans qui quitte sa ville rurale pour rejoindre un lycée de Tokyo et atteindre son objectif : devenir fonctionnaire. Seulement, on parle là d’une jeune Japonaise qui n’a jamais quitté sa campagne et qui se retrouve du jour au lendemain dans l’enfer urbain de Tokyo. Un univers totalement différent de celui qu’elle a toujours connu jusqu’à présent. C’est autour de cela que Skip and Loafer semble s’articuler, en explorant les rencontres de la campagnarde Mitsumi avec les citadins.
La plus grande force de Skip and Loafer, c’est sans doute son casting, qui fait dans la simplicité. Skip and Loafer est un Slice of life, alors il n’est pas nécessaire d’avoir des personnages surhumains. Ici, on a affaire à de simples personnes, avec leurs forces et leurs faiblesses. Shima, le principal ami de Mitsumi, est par exemple difficile à cerner, mais sa (prétendue ?) gentillesse le rend appréciable. La curiosité qu’il éprouve vis-à-vis de Mitsumi permet aussi le développement d’une amitié vraiment saine, qui sera sûrement développée dans une prochaine saison.
Des personnages simples mais attachants
Egashira, un autre personnage, voit d’abord Mitsumi comme une campagnarde stupide, avant de se rapprocher d’elle en comprenant qu’elles peuvent être amies. Impossible de passer à côté de Murashige ou Kurume, qui construisent rapidement une relation forte avec Mitsumi. Mais là où Skip and Loafer fait fort, c’est que même sans son héroïne, les personnages parviennent à évoluer entre eux. Kurume, qui est l’archétype de la lycéenne japonaise ténébreuse et Murashige, qui est son exact opposé (même si cela lui a joué des tours par le passé), ont par exemple du mal à s’entendre au début.
Mais, leur relation va se développer tout au long de la saison, qui se termine sur une amitié évidente entre les deux jeunes filles. L’union de ce quatuor permet d’ailleurs à l’ensemble de se développer individuellement. L’exemple d’Egashira, qui explique au début qu’elle ne mange que des aliments sains pour s’intégrer à un groupe, avant de manger librement des sucreries devant ses amis à la fin de la saison, le montre. L’épisode de leur soirée pyjama reste un moment symbolique de cette alchimie et du développement de ces jeunes lycéennes. Il démontre la capacité de Skip and Loafer à ne pas oublier que c’est un anime qui parle d’adolescents, qui découvrent de nouvelles choses, notamment au niveau relationnel. Et évidemment, tout cela est encore plus vrai pour Mitsumi.
pas facile de déménager
Le personnage, qui transite de la campagne à la ville, doit aussi apprendre à faire évoluer ses relations. Elle est présentée comme un personnage peu au fait des normes sociales. Mais on comprend vite qu’elle est simplement naïve face à sa nouvelle vie, et c’est ce qui fait son charme. Mais il ne faut pas non plus prendre cela comme une critique de sa personnalité. L’anime ne la rabaisse jamais pour sa naïveté. Il ne suggère jamais qu’il s’agit d’une chose à laquelle il faut remédier. Au contraire, elle apprend normalement et tranquillement comment fonctionnent les tokyoïtes. Elle devient même de plus en plus perspicace face à certaines subtilités sociales propres aux citadins. Mais dans l’ensemble, sa capacité à passer au-delà cette opposition rurale/urbaine fait de Mitsumi un personnage capable de n’avoir aucun jugement prédéfini sur qui que ce soit.
C’est d’ailleurs sur cela que sa relation avec Shima s’appuie. Ce personnage, qui pense que la vie est plus facile tant qu’il donne aux gens ce qu’ils veulent voit ses convictions réduites pas à pas. La spontanéité de Mitsumi lui montre en effet qu’on peut être soi-même et être apprécié.
Le tout peaufiné techniquement
Si tout cela est si agréable, on le doit en grande partie au formidable travail réalisé par la réalisatrice de la série, Kotomi Deai. Elle a pu adapter le manga en respectant ce qui fait sa particularité. En utilisant un style artistique doux qui reprend tout ce qui fait le charme des slice of life, le travail de Kotomi Deai est formidable. Les OST composées par Takatsugu Wakabayashi renforcent également ce sentiment. Le plus bel exemple de cette synergie reste l’opening. Il est doux, enjoué et à l’image de Skip and Loafer, qui nous livre une belle histoire sur le passage à l’âge adulte d’une jeune fille et sur l’importance des amitiés nouées au cours de l’adolescence. On espère en tout cas une seconde saison du même acabit.