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Crunchyroll, Netflix…La guerre pour être le n°1 fait rage

  • Will 

Netflix, Crunchyroll ou encore Disney + se livrent une bataille intense pour être le distributeur n°1 d’anime dans le monde. Et si Crunchyroll commence à se démarquer, personne n’entend abandonner.

Il y a quelques semaines, Crunchyroll, la plateforme de streaming spécialisée dans la diffusion d’anime, de film japonais ou de dramas, annonçait sa fusion avec Wakanim et Funimation, deux autres plateformes du même genre. Le but ? Créer une marque unifiée, qui comprendra plus de 2 000 anime de tous genre sous la bannière de Crunchyroll. (et Sony qui a permis l’union des trois marques). Une révolution dans ce secteur, où il fallait jusqu’à présent multiplier les abonnements pour satisfaire (légalement) sa soif d’anime. Mais cette quête ne date pas d’hier.

En 1994, deux Japonais lancent Funimation au Texas, afin de créer une offre de diffusion d’anime pour les Américains. La première licence qu’ils vont obtenir est Dragon Ball, qui à l’époque, connaissait un succès sans précédents en Occident. L’obtention d’une telle licence permet en tout cas à Funimation de prendre beaucoup d’ampleur dans le secteur de la distribution d’anime en dehors du Japon. Mais cette mainmise sur le marché occidental a vite été remise en cause par le développement d’autres plateformes à côté.

Les pionniers

C’est notamment le cas de Wakanim et Crunchyroll, respectivement créés en 2009 et en 2006. La première société était la première à distribuer des anime en Europe. La seconde faisait de plus en plus d’ombre à Funimation en devenant la plateforme de streaming d’anime la plus utilisée au monde. Il faut dire que comparée à Wakanim et Funimation, Crunchyroll s’est rapidement exportée dans le monde entier. Là où ces dernières sont respectivement cantonnées à l’Europe et aux Etats-Unis, Crunchyroll dispose de 5 millions d’abonnés sur les cinq continents. Une force de frappe conséquente, qui incite même Funimation à se rapprocher de Crunchyroll en 2016, sous la forme d’un partenariat.

crunchyroll

Des rachats, des rachats et encore des rachats

Mais un an plus tard, Funimation se fait racheter par le japonais Sony pour 143 millions de dollars. En 2018, c’est Crunchyroll qui se fait racheter par AT&T (gros opérateur mobile aux US), ce qui éloigne les deux plateformes. Un peu plus tôt, Wakanim trouvait en 2015 un accord de rachat avec Aniplex, dont la société-mère n’est autre que Sony. Ce rachat permet alors de placer Wakanim sous l’égide de Funimation mais Sony en veut plus. En 2020, le géant japonais fait une offre de rachat pour Crunchyroll à hauteur de 972 millions d’euros.

Sony, le mastodonte derrière tout ça

L’offre est acceptée en août 2021. Sony dispose alors des 3 plus grosses plateformes de streaming d’anime au monde et permet la création quelques mois plus tard d’une marque unique autour de Crunchyroll.

Netflix, LE concurrent

Forcément, en possédant de tels mastodontes de la diffusion d’anime, on peut se dire que Sony a désormais un monopole total sur le secteur du divertissement asiatique. Et si c’est bien ce qu’elle recherche, on en est encore loin. Sony a encore quelques concurrents et pas des moindres. Le plus important ? Netflix.

Si l’entreprise américaine domine largement le marché de la SVOD depuis des années, elle tente de s’imposer sur le terrain de l’animation japonaise pour conforter sa position. Un pari qui a de grandes chances de lui rapporter gros. D’après les analystes de GrandViewResearch, le marché des anime a été évalué à 23,56 milliards de dollars en 2020. Il devrait chaque année augmenter de 9.5% sur la période 2021-2028. Face à un tel potentiel lucratif, Netflix a donc tout intérêt à investir massivement dans ce secteur, surtout face à l’émergence de Sony. Et ce serait dommage pour Netflix de se faire dépasser, alors que depuis plusieurs années, la plateforme fait tout pour s’imposer.

En France, Netflix a, par exemple, dans son catalogue des séries cultes comme Naruto, Cowboy Bepop, Hunter x Hunter, Neon Genesis Evangelion ou encore Demon Slayer, un anime new-gen bien parti pour devenir un classique.

En parallèle, le service de SVOD multiplie ses propres anime, avec les Netflix Originals. Baki, Beastars, Blame!, Devilman Cry Baby, Dorohedoro, Great Pretender, Kengan Ashura et Violet Evergarden ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres, et la liste ne fait que s’étendre à chaque nouvelle annonce. C’est comme ça, que Netflix entend être indispensable pour les fans d’anime. D’ailleurs, la plateforme a même annoncé récemment qu’un abonné sur deux utilise Netflix pour regarder des animes, preuve d’un potentiel immense.

Disney + et Amazon, deux monstres sous-estimés

A côté, deux autres acteurs importants du marché ont eu aussi envie de prendre leur part. Si Amazon Prime se contente pour l’instant d’obtenir les droits de diffusion d’anime comme Dororo; Disney +, qui ajoute à son catalogue régulièrement des anime a récemment fait part de sa volonté d’en produire elle-même à son tour.

Takuto Yawata, le responsable de l’animation chez Disney déclarait par exemple : “Nous avons de grandes attentes en matière de production de contenu local. Cela inclus des œuvres totalement nouvelles en provenance du Japon. Nous respectons profondément les œuvres des créateurs japonais, et nous les transmettrons à l’étranger telles qu’elles sont.”

Sony trop fort ?

Mais est-ce que cela n’empêchera pas Sony de prendre le pouvoir ? C’est compliqué de dire le contraire. Comme dit plus tôt, l’union des 3 marques de Sony pour regrouper sous une même bannière l’intégralité des séries animées japonaises constitue une révolution dans ce secteur. On parle de séries emblématiques comme Dragon Ball, Demon Slayer, Jujutsu Kaisen, L’Attaque des Titans, Naruto, One Piece, Tokyo Revengers qui pourraient être accessibles via une seule plateforme et un abonnement unique.

Même au Japon, où Netflix possède les droits de diffusion de la plupart des animes cités, Sony pourrait faire en sorte de tous les rapatrier vers Crunchyroll. La plateforme souhaite devenir, n’importe où dans le monde, le distributeur d’anime absolu. Et si Netflix, Amazon ou Disney ont quand même l’argent pour y résister, attention à ne pas en faire trop pour donner lieu à des projets qui déçoivent les fans d’anime comme c’est le cas avec Jojo’s Bizarre Adventure: Stone Ocean.

Sony encore plus loin ?

Surtout que Sony n’entend pas s’arrêter là. Crunchyroll pourrait bien être rattaché à d’autres services de divertissement de Sony, notamment la PlayStation. Anime et jeu vidéo sont deux cultures sensiblement proches et qui visent généralement le même public.

La PS5, au centre du projet cross-culture de Sony

En 2021, Sony avait déjà tenté à plusieurs reprises de lier jeu vidéo et animation japonaise, en offrant 90 jours gratuits sur Wakanim aux joueurs PlayStation lors du Play at Home ou en intégrant Crunchyroll au Xbox Game Pass Ultimate le temps d’un essai de 75 jours.

De nombreux experts y voyaient déjà les prémices d’un projet du nom de Spartacus, qui vise à faire de la PlayStation un périphérique incontournable du divertissement et de la culture, avec des jeux vidéos, des anime, des films, des séries auxquelles on pourrait avoir accès via un seul abonnement.

Reste à Sony à concrétiser cet idéal pour notre plus grand plaisir, ou pas.